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Malgré la frénésie boursière et les promesses de bouleversements technologiques, l’intelligence artificielle (IA) reste limitée par des contraintes matérielles, énergétiques et cognitives insurmontables.
Une bulle à surveiller
Nos lecteurs savent au moins deux choses à propos de l’intelligence artificielle (IA). D’abord, la frénésie autour de l’IA a fait grimper les marchés boursiers ces trois dernières années, malgré quelques corrections en cours de route. Ensuite, l’IA est une technologie révolutionnaire, appelée à transformer le monde et à supprimer potentiellement de nombreux emplois – y compris certains qui exigent un haut niveau de formation et des compétences techniques.
Certaines de ces affirmations sont vraies, mais elles méritent des nuances. Certes, l’IA a propulsé les marchés boursiers vers de nouveaux sommets, mais cette envolée prend déjà l’allure d’une super-bulle. Un krach peut survenir à tout moment et faire plonger les marchés de 50 % ou davantage.
Pour autant, ce n’est pas une raison pour vendre à découvert les grands indices boursiers dès maintenant. Une bulle peut durer plus longtemps que prévu, et celui qui parie trop tôt contre le marché risque de lourdes pertes. En revanche, il est prudent de réduire son exposition aux actions et d’augmenter sa part de liquidités pour limiter les dégâts lorsque le krach surviendra.
Transformations sur le marché de l’emploi
Sur le plan de l’emploi, l’IA rendra certains postes obsolètes ou facilement remplaçables. Toutefois, comme toute nouvelle technologie, elle créera aussi de nouveaux métiers nécessitant d’autres compétences. Les enseignants, par exemple, ne disparaîtront pas : ils passeront de l’enseignement de savoirs de base (mathématiques, lecture) – que l’IA maîtrise déjà bien – à celui de la pensée critique et du raisonnement, que les ordinateurs peinent à reproduire. Les transformations seront profondes, mais elles resteront des évolutions, pas un chaos.
Des limites bien réelles
L’intelligence artificielle est une force puissante, mais ses limites sont bien réelles. L’IA pourrait bientôt se heurter à des contraintes matérielles : puissance de calcul, ensembles d’entraînement et production d’électricité. Les puces à semi-conducteurs deviennent plus rapides, et de nouvelles sont en cours de développement, mais elles consomment d’énormes quantités d’énergie, surtout lorsqu’elles sont installées en immenses réseaux dans les nouveaux centres de données.
Les partisans de l’IA se tournent vers l’énergie nucléaire, y compris les petits réacteurs modulaires, pour couvrir les besoins énergétiques. Cette demande n’est pas linéaire : pour de petits progrès en puissance de calcul, il faut des quantités d’énergie exponentiellement plus importantes. L’IA s’approche donc rapidement des limites pratiques de sa capacité à améliorer ses performances.
Cette demande presque insatiable en énergie fait de la course à l’IA une véritable course à l’énergie, plaçant des pays comme les États-Unis et la Russie comme deux acteurs dominants. La dépendance énergétique de la Chine à la Russie et celle de l’Europe aux États-Unis et à la Russie soulèvent des enjeux géopolitiques significatifs.
L’IA et le bon sens
Une autre limite de l’IA, moins connue, est la loi de conservation de l’information dans la recherche. Cette loi stipule que l’IA ne peut pas découvrir de nouvelles informations. Bien qu’elle puisse trouver des choses plus rapidement et établir des liens que les humains auraient du mal à faire, elle ne peut pas créer d’informations nouvelles. Les nouvelles connaissances proviennent des humains : créativité, art, écriture et production originale. Les ordinateurs sont incapables de tâches véritablement créatives.
Un autre problème réside dans la dilution et la dégradation des ensembles d’entraînement, à mesure qu’une part croissante du contenu est produite par d’autres IA. L’IA est sujette aux erreurs et aux hallucinations, et la qualité des nouveaux ensembles d’entraînement pourrait donc se dégrader. Une curation humaine minutieuse est nécessaire, mais cela réduit l’intérêt économique de l’IA.
Sam Altman : visionnaire ou rêveur ?
Le personnage le plus connu dans le monde de l’IA est Sam Altman, dirigeant d’OpenAI, qui a lancé ChatGPT il y a quelques années. Depuis son apparition, ChatGPT est devenue l’application la plus téléchargée de l’histoire, comptant désormais des centaines de millions d’utilisateurs. Cependant, les ambitions d’Altman pour faire d’OpenAI une société lucrative ont suscité des controverses.
Altman promet une « superintelligence », un système qui penserait comme un humain, mais en mieux. Pourtant, ces promesses sont remises en question par les limites déjà évoquées. La superintelligence, telle que décrite, semble donc peu probable à atteindre.