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Le 12 juin 2025, le tribunal de commerce de Bobigny a annoncé la reprise partielle de l’enseigne française de prêt-à-porter Jennyfer, après sa mise en liquidation judiciaire en avril dernier. Cette décision marque une étape cruciale dans la survie de la marque emblématique créée en 1984, confrontée à une crise économique et à une forte concurrence internationale.
Une reprise stratégique pour préserver une partie des emplois et des magasins
Le groupe breton Beaumanoir, connu pour ses marques Bonobo, Cache Cache, Caroll, et d’autres, ainsi que la chaîne de prêt-à-porter masculine Celio, ont été sélectionnés pour assurer la relance de Jennyfer. Selon la décision de justice, ces deux acteurs ont investi plus de 2 millions d’euros pour sauvegarder plus d’un tiers des effectifs et des boutiques, soit précisément 350 salariés et 26 points de vente. La reprise comprend également sept magasins et une trentaine d’employés par Celio, principalement dans la région bretonne.
Une situation économique critique poussant à la liquidation
Jennyfer avait déjà été placée en redressement judiciaire en juin 2023, après avoir subi une série de difficultés liées à l’augmentation soudaine des coûts, à une inflation galopante, à la baisse du pouvoir d’achat et à une concurrence féroce notamment de sites comme Shein ou Temu. Malgré un investissement initial de 15 millions d’euros et une tentative de repositionnement avec une nouvelle identité de marque, « Don’t Call Me Jennyfer », la marque n’a pas réussi à inverser la tendance.
Selon la direction, ces facteurs ont rendu son modèle économique insoutenable. À mi 2024, Jennyfer comptait encore près de 220 magasins en France et 80 à l’international ainsi que 250 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel. La marque, qui a longtemps ciblé les 10-14 ans, cherchait à élargir son public vers les 15-24 ans, sans succès durable. La liquidation a donc été considérée comme une étape nécessaire face à la persistance de la crise.
Les enjeux et perspectives de la relance
Ce rachat partiel, par des acteurs solides du secteur, vise à préserver l’essentiel de l’ADN de Jennyfer tout en redéfinissant sa stratégie de relance. Le président du groupe Beaumanoir, Roland Beaumanoir, a souligné sa confiance dans la capacité de sa société à remettre sur pied la marque en valorisant son patrimoine et sa notoriété. La priorité sera de relancer progressivement Jennyfer par le biais de ses boutiques sélectionnées ainsi que via le site Sarenza, récemment repris par le groupe, pour attirer une clientèle plus jeune et fidèle à l’univers de la mode féminine à prix abordables.
Dans le même temps, la transformation des magasins Celio en boutiques multimarques ou l’intégration de gammes spécifiques dans le réseau Beaumanoir sont également envisagées pour diversifier l’offre et optimiser le réseau commercial.
Réactions et implications sociales
La décision a été accueillie avec prudence par les syndicats. La CGT a dénoncé une « cette catastrophe sociale » qui concerne principalement des femmes, soulignant que la sauvegarde de 384 postes sur près de 1 000 employées reste insuffisante face à la casse sociale engendrée. La déléguée syndicale évalue que si cette reprise limite la casse, elle ne permet pas pour autant de compenser totalement les destructions d’emplois et de magasins.
Il s’agit d’une étape, mais bien des défis restent à relever pour instaurer un modèle économique durable face à une concurrence accrue et à des mutations rapides dans l’industrie de la mode.