Home Industrie et technologie VivaTech : Sursaut Européen dans le Cloud face aux USA

VivaTech : Sursaut Européen dans le Cloud face aux USA

by Sara
VivaTech : Sursaut Européen dans le Cloud face aux USA
France, États-Unis

À l’heure de VivaTech (11 au 14 juin), un bilan de la French Tech en 2025 met en lumière un tournant crucial. Après des années d’hypercroissance, notamment en 2021 et 2022, ponctuées par des levées de fonds spectaculaires et l’émergence de nombreuses licornes, le moment est venu de faire preuve de maturité dans un contexte géopolitique tendu, marqué par la guerre en Ukraine et l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Ce recentrage est essentiel pour prouver la viabilité des modèles économiques, en se concentrant sur des domaines souvent synonymes de souveraineté : intelligence artificielle, cloud, ordinateur quantique, automobile, commerce hybride, etc. La France peut ainsi jouer un rôle prépondérant face aux géants américains et chinois.

Réactions de l’industrie

« Quand je dois faire des choix de cloud et que j’ai le choix entre Amazon, Microsoft ou Google, je ne suis pas très à l’aise. » Ces mots de Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, lors d’un événement sur la cybersécurité à Lille en avril dernier, traduisent un malaise croissant. La problématique réside dans l’hébergement des données sensibles sur des serveurs d’entreprises américaines. Les hyperscalers tels qu’Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud dominent le marché public en Europe, détenant plus de trois quarts de ce dernier, au détriment des acteurs français comme OVHcloud, Outscale ou Scaleway.

Dépendance et réponses françaises

Face à cette dépendance, la France a commencé à réagir rapidement. En 2021, la doctrine « cloud de confiance » a été mise en place pour promouvoir des solutions qui se prémunissent contre les lois extraterritoriales, comme le Cloud Act américain, permettant l’accès aux données hébergées par les GAFAM. Cette initiative a donné naissance à la certification « SecNumCloud », attribuée par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.

Actuellement, plus d’une dizaine de nouvelles offres sont en cours de qualification, dont Numspot, un consortium créé en 2023 par la Banque des territoires, Docaposte, Dassault Systèmes et Bouygues Télécom. « On ambitionne de devenir un acteur disposant d’une réelle carrure européenne », déclare son président exécutif Eric Haddad, ancien dirigeant français de Microsoft, Google et IBM.

Avance technologique et collaborations

Thales, à travers sa filiale S3NS, s’engage également dans ce processus en collaboration avec Google Cloud, qui détient une part minoritaire et fournit sa technologie. « C’est le meilleur des deux mondes entre un grand acteur européen de la cybersécurité et un hyperscaler capable de traiter un grand volume de données », affirme Blaise Vignon, directeur produit et marketing de Thales.

Le groupe français se défend de servir de cheval de Troie à Google, en plaidant pour une montée progressive de la chaîne de valeur. Orange et Capgemini suivent également cette stratégie avec leur coentreprise Bleu, qui s’appuie sur l’expertise de Microsoft. La dépendance aux géants américains reste cependant un défi, car ils offrent une couverture mondiale et des infrastructures robustes. « Nous ne proposons que 20 % de leurs outils, mais cela couvre 90 % des usages des clients », nuance Damien Lucas, directeur général de Scaleway.

Vers un avenir européen

La clé de cette bataille réside dans les commandes. « Si on veut des alternatives européennes, il faut acheter leurs solutions afin qu’elles puissent se développer », déclare Stanislas de Rémur, membre du comité exécutif du syndicat Numeum. Ce constat est d’autant plus crucial à l’heure où l’intelligence artificielle se développe, représentant une part significative des dépenses orientées vers les acteurs du cloud. L’heure est donc à la prise de conscience et au choix pour l’Europe.

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés