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François Mitterrand, figure politique majeure du XXᵉ siècle, demeure un personnage au passé complexe et souvent ambivalent, notamment en ce qui concerne ses relations avec l’Afrique et la Françafrique. Un nouvel ouvrage dirigé par les historiens Pascal Blanchard et Nicolas Bancel apporte un éclairage approfondi sur cet héritage, en explorant ses positions de ministre sous la IVᵉ République jusqu’à sa présidence, où il a défendu le pré carré africain de la France.
Un portrait contrasté de François Mitterrand
L’ouvrage François Mitterrand, le dernier empereur. De la colonisation à la Françafrique (éditions Philippe Rey, 928 pages, 29,50 euros) propose un regard inédit sur le rapport de l’ancien président (1981-1995) à l’Afrique tout au long de sa vie. Ce travail biographique met en lumière une trajectoire marquée par des engagements contradictoires, allant de son soutien à la conquête fasciste de l’Éthiopie en 1935 à son rôle dans la politique française durant la guerre d’Algérie et les années qui ont précédé le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994.
Les auteurs insistent particulièrement sur le caractère ambivalent de cet héritage, qui reflète à la fois les tensions internes de l’homme politique et les évolutions historiques de la France dans ses anciennes colonies.
Des engagements de jeunesse à la IVᵉ République
Le parcours de François Mitterrand est ici retracé depuis ses premières années, où il soutenait la politique d’expansion coloniale, notamment celle de l’Italie fasciste en Afrique de l’Est. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est au régime de Vichy, une période qui continue d’alimenter débats et controverses. Plus tard, sous la IVᵉ République, il occupe onze fois des postes ministériels entre 1947 et 1958, notamment aux affaires d’outre-mer, à l’intérieur et à la justice.
Cette période est cruciale car elle voit Mitterrand défendre avec force la politique coloniale française, y compris la guerre d’Algérie, qu’il considère comme un combat nécessaire pour maintenir l’intégrité de l’empire français. Ces éléments viennent contredire l’image d’un homme de gauche forcément anticolonialiste, une idée déjà remise en question dans un précédent essai de Thomas Deltombe, L’Afrique d’abord ! (éd. La Découverte, 2024).
La politique africaine sous la présidence Mitterrand
Durant sa présidence, François Mitterrand poursuit une stratégie visant à préserver l’influence française sur le continent africain, incarnant ainsi la continuité de la Françafrique. Convaincu qu’il fallait abandonner l’Indochine pour concentrer les efforts sur l’Afrique, il dirige les réformes de l’architecture coloniale afin de sauvegarder les intérêts français dans la région.
L’ouvrage collectif Le dernier empereur, rédigé par une quarantaine de spécialistes, s’appuie sur des archives inédites pour analyser cette politique. Il explore notamment les liens étroits entre la France et plusieurs régimes africains, ainsi que les ambiguïtés qui ont marqué cette période, y compris les responsabilités françaises dans des événements tragiques comme le génocide rwandais.