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Les nuits de noces maladroites ne sont pas l’apanage des simples mortels : lorsqu’il s’agit de royaumes entiers, elles peuvent aussi entraîner de lourdes conséquences pour la royauté. L’union entre le prince d’Orange, futur roi Guillaume III d’Angleterre, et la princesse Mary, dernière représentante des Stuart, illustre parfaitement comment un mariage royal peut précipiter la chute d’une dynastie.
Un mariage stratégique entre l’Angleterre et la Hollande
En 1677, le prince Guillaume d’Orange épouse sa cousine, la princesse Mary, dans le but de renforcer les liens entre les cours royales d’Angleterre et des Pays-Bas. Mary est la fille aînée de Jacques II, dernier souverain catholique d’Angleterre, et petite-fille du roi Charles Ier, exécuté à l’issue de la guerre civile. Cette alliance est cruciale pour la stabilité du royaume car Mary représente la dernière héritière de la maison royale des Stuart, tandis que Guillaume est le premier roi néerlandais invité à régner après les troubles causés par le Commonwealth britannique sous Oliver Cromwell.
La naissance d’un héritier issu de cette union est impérative car le pouvoir et la légitimité de la monarchie anglaise sont alors à leur point le plus fragile depuis un siècle.
Une nuit de noces catastrophique
Le mariage de Guillaume et Mary s’avère rapidement problématique. L’historienne Kate Williams raconte : « Mary, âgée de 15 ans, est contrainte d’épouser son cousin de 26 ans. Elle pleure abondamment et la relation ne sera pas heureuse. » Guillaume apparaît distant, sans aucun intérêt pour le rituel de la nuit de noces.
Ce rituel, une tradition médiévale bizarre, consistait à faire entrer des membres de la cour dans la chambre des nouveaux époux pour s’assurer que le mariage était consommé. Guillaume, lui, quitte sa jeune épouse et le roi d’Angleterre jusqu’à minuit, sous prétexte d’aller chercher un équivalent d’un « kebab » du XVIIe siècle en ville. Lorsqu’il revient, il refuse même d’enlever ses chaussettes en laine au lit, expliquant à Charles II qu’il est habitué à les porter pendant son sommeil.
Le roi Charles II, inquiet pour sa nièce, sombre dans la panique et se saoule.
Les conséquences pour la dynastie Stuart
L’attitude désinvolte de Guillaume vis-à-vis du rituel alarme la cour : à cette époque, un mariage non consommé n’avait pas de valeur légale. Le mariage de Guillaume et Mary se révèle stérile, et l’absence d’héritier direct marque le début de la fin pour la dynastie Stuart.
Le biographe royal Robert Hardman explique : « Il n’y a pas d’enfant issu de cette union – s’il y en avait eu, les Stuart n’auraient pas disparu. La reine Anne, malheureuse, aura des enfants qui ne survivront pas à l’enfance. Ensuite, la couronne passera aux Hanovre, la dynastie allemande. »
Il ajoute avec ironie : « Si seulement Guillaume avait ôté ses chaussettes en laine et évité sa promenade nocturne, nous n’aurions peut-être jamais perdu les Stuart. Peut-être qu’il n’y aurait jamais eu la reine Victoria, c’est une hypothèse fascinante. »