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À l’approche de son assemblée générale prévue mi-juillet, Soitec, leader mondial dans la fourniture de substrats semi-conducteurs, est confronté à une contestation syndicale. La revalorisation salariale de son directeur général, Pierre Barnabé, suscite la colère des syndicats, entraînant un rassemblement ce mercredi à son siège de Bernin, en Isère.
Une augmentation contestée
Les récentes annonces concernant l’augmentation de la rémunération de Pierre Barnabé interviennent dans un contexte difficile pour le marché des semi-conducteurs. À peine trois semaines après une chute de 30% de son action en Bourse, Soitec a publié des résultats pour 2024-2025 en deçà des attentes, alimentant les tensions au sein de l’entreprise.
Les quatre syndicats présents chez Soitec (CGT, CFE-CGC, FO et CFDT) ont décidé d’organiser un rassemblement unitaire ce mercredi 18 juin, à l’approche de l’assemblée générale des actionnaires prévue le 22 juillet. Ils dénoncent l’augmentation de la rémunération de leur directeur général, qu’ils jugent « scandaleuse et totalement injustifiée » et appellent les actionnaires de référence, représentant l’État français, à voter contre ces décisions.
Des chiffres alarmants
Le rapport annuel de Soitec a mis en lumière plusieurs mesures visant à améliorer le traitement de Pierre Barnabé. Ce dernier pourrait voir sa rémunération de base augmenter de 10%, atteignant ainsi 583.000 euros annuels, après une première hausse similaire l’an dernier. Les syndicats affirment que cela constituerait la rémunération fixe la plus élevée jamais accordée à un directeur général dans l’histoire de Soitec.
En plus de cette augmentation, le directeur général pourrait recevoir des actions gratuites de performance, ainsi qu’un bonus annuel de 318.000 euros, représentant une hausse de 30% par rapport à l’année précédente. Une prime exceptionnelle à hauteur de 583.000 euros pourrait également lui être attribuée, à la discrétion du conseil d’administration.
La continuité du leadership en question
Les syndicats soulignent que ces augmentations pourraient être des gestes pour inciter Pierre Barnabé à renouveler son mandat, qui prend fin en 2026. La nomination de Barnabé en 2022 avait déjà provoqué une crise de gouvernance, avec des tensions entre le conseil d’administration et le comité exécutif, entraînant le départ de nombreux membres clés.
« Dans un environnement incertain et un marché instable, la continuité du leadership est un facteur de stabilité et un levier de performance à long terme », a déclaré Emmanuelle Bely, secrétaire générale de Soitec.
Elle a expliqué que ces propositions découlaient d’un alignement de la politique de rémunération avec les pratiques du marché, visant à établir une rémunération plus compétitive par rapport à d’autres entreprises du secteur.
Un marché en difficulté
Le contexte actuel du marché des semi-conducteurs est marqué par une crise de demande, exacerbée par la faiblesse du secteur automobile et une chute des ventes dans l’industrie des smartphones. Soitec avait déjà exprimé sa prudence en mai dernier, indiquant qu’il ne communiquerait pas de prévisions financières en raison de la visibilité réduite sur le marché.
Les syndicats craignent que ces augmentations de salaire, jugées injustifiées, interviennent alors que des efforts de rationalisation des coûts sont demandés aux employés. « Il y a un mismatch », a résumé Vivien Renauld, délégué syndical CFE-CGC, soulignant l’incohérence entre les augmentations proposées et le niveau des négociations salariales annuelles.

