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L’art comme vecteur de liberté : hommage à Barbara Hepworth

by Sara
France, Royaume-Uni

Dans une tribune au Monde, la romancière Maryline Desbiolles célèbre l’art et liberté en rendant hommage à la sculptrice britannique Barbara Hepworth, dont la pratique et les écrits ont inscrit la création abstraite dans une visée politique et humaine.

À la Fondation Maeght cet été : art et liberté selon Barbara Hepworth (1903–1975)

En visitant cet été l’exposition « Art & Life » à la Fondation Marguerite et Aimé Maeght, à Saint‑Paul‑de‑Vence, Maryline Desbiolles découvre « une femme engagée » : Barbara Hepworth (1903–1975). L’auteure souligne que, comme d’autres artistes rassemblés autour du collectif Abstraction‑Création, Hepworth estimait que la création — et l’abstraction en particulier — pouvait « participer à la transformation sociale et à la lutte contre le fascisme ». Ces mots placent la sculpture et la peinture au cœur d’un projet civique et collectif.

Desbiolles cite un passage daté de 1937 où Hepworth affirme : « Le langage de la couleur et de la forme est universel et non réservé à une classe particulière… C’est une pensée qui donne la même vie, la même expansion, la même liberté individuelle à chacun. » Cette phrase, précise l’auteure, témoigne d’une conviction selon laquelle les arts plastiques portent un message d’émancipation accessible à tous.

L’auteur confie son étonnement personnel à l’écoute de cette pensée : elle se surprend à considérer ces idées comme appartenant au XXe siècle et se dit « sidérée » par l’ampleur intime de ce jugement. Plutôt que de garder ce constat pour elle, elle choisit de le proférer et de l’écrire dans sa tribune, avouant que ces mots la mettent « honte » tout en lui donnant l’audace de croire qu’ils « ne sont pas miens ». Cette réflexion montre combien la rencontre avec une œuvre ou une démarche artistique peut questionner autant l’histoire collective que l’intime.

La visite à la Fondation Maeght est décrite comme une expérience sensorielle et formatrice : l’architecture du lieu, l’exposition et les œuvres elles‑mêmes ont servi de révélateur à des références visuelles longtemps lues mais peu connues en direct. Desbiolles évoque des artistes qui l’ont frappée lors de cette découverte : Braque, Staël, Tàpies et Giacometti. Ces noms conjuguent modernité et diversité des formes, confirmant que la confrontation aux œuvres physiques transforme la compréhension de l’art.

Souvenir d’adolescence : un trajet en stop vers la fondation

Maryline Desbiolles relate un souvenir marquant de son adolescence dans les années 1970. Alors qu’elle s’ennuyait au lycée de Cannes, elle est venue seule en stop visiter la Fondation Maeght. Elle avoue ignorer l’origine de ce désir ; rien, dit‑elle, ne la prédisposait à s’intéresser à la peinture, qu’elle connaissait jusqu’alors « que dans les livres ». Cette démarche personnelle raconte la force d’attraction que peuvent exercer les musées et festivals d’art, même sur des publics qui ne se reconnaissent pas immédiatement dans la pratique artistique.

Elle rend hommage au professeur d’histoire‑géographie qui, sans explication, lui offrit quatre volumes d’une Histoire générale de la peinture, comprenant Les Grands Maîtres de la peinture moderne. Ces ouvrages, reçus « avant les grandes vacances, à la fin du collège », ont préparé sa rencontre avec les œuvres en vrai, au sein d’une « architecture exaltante » à la Fondation Maeght. Cette transmission, discrète mais déterminante, est présentée comme un acte fondateur dans son rapport à l’art.

La visite à la fondation a ainsi permis à l’auteure de voir de près des artistes qu’elle avait jusque‑là approchés par l’image : Braque, Staël, Tàpies, Giacometti. Elle confie avoir été « éblouie », une émotion qui atteste de la capacité des expositions à provoquer des renversements d’intérêt et des apprentissages esthétiques durables.

Insistence sur la portée collective et intime de la création

Tout au long de sa tribune, Desbiolles met l’accent sur la double dimension de l’art : collective — comme instrument de lutte et de transformation sociale, selon Hepworth et le collectif Abstraction‑Création — et intime, capable de modifier le regard et l’histoire personnelle d’un visiteur. Le rappel de la phrase de 1937, selon laquelle le langage plastique « est universel et non réservé à une classe particulière », sert de fil conducteur pour relier engagement politique et expérience esthétique.

Sans chercher à théoriser au‑delà du texte cité, l’auteure montre comment l’exposition et la mémoire personnelle intersectent : une œuvre ou un ensemble d’œuvres peut réactiver des convictions, provoquer de l’embarras ou de la fierté, et créer un espace de réflexion sur ce que signifie la liberté individuelle au sein d’un horizon partagé. Ces éléments font écho à l’idée que l’art n’est pas seulement représentation, mais aussi vecteur d’utopies et de sens.

Tribune et récit de visite se répondent pour souligner qu’une rencontre avec l’art peut rester un acte politique et formateur, à la fois pour l’individu et pour la collectivité, comme l’illustrent les positions de Barbara Hepworth sur la couleur, la forme et la liberté individuelle.

source:https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/08/17/est-ce-qu-on-a-fini-par-avaler-ce-qu-on-veut-nous-faire-croire-qu-il-y-aurait-une-culture-populaire-et-une-autre-qui-ne-serait-pas-pour-nous-tous_6631116_3232.html

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