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Craig Quintero, metteur en scène américain installé à Taïwan depuis plus de 20 ans, révolutionne la scène artistique avec sa série de performances *Just for You*, où une poignée d’artistes se produit exclusivement pour un seul spectateur. Le public montréalais a la chance de découvrir ce concept novateur au PHI, où la trilogie immersive est mise à l’honneur jusqu’au 7 septembre.
Retrouver la connexion entre artistes et spectateurs
Craig Quintero a lancé ce concept en 2011, en réponse à un lien qu’il considère de plus en plus distendu entre les artistes et le public. « En grandissant, notre compagnie a perdu cette connexion directe », déclare-t-il, soulignant le besoin de moments de communion dans un espace théâtral. La trilogie, qui comprend les œuvres *All That Remains* (2022), *Over the Rainbow* (2023), et *A Simple Silence* (2024), propose des performances intimes dans des lieux variés tels que des musées et des chambres d’hôtel, immergeant le spectateur au cœur de l’œuvre.
« L’esthétique artisanale, presque picturale, est essentielle à notre travail. Nous souhaitons que le spectateur se sente plongé dans une peinture ou une sculpture vivantes », ajoute M. Quintero. Malgré l’utilisation de technologies de pointe, il est déterminé à préserver la matérialité de la performance en direct.
Intimité et réalité virtuelle
Conscient des défis financiers liés à des performances pour un seul spectateur, Quintero a cherché à prolonger cette intimité grâce à la réalité virtuelle. « Quarante-cinq minutes concentrées sur une seule personne sont très intenses », explique-t-il. En 2021, il a adapté cette approche à *All That Remains*, où l’espace se déplace autour du spectateur, maintenant une relation directe tout en évitant la distance souvent imposée par le quatrième mur dans le théâtre traditionnel.
Une expérience artistique inédite
Utiliser la réalité virtuelle présente des défis, notamment le maintien d’une connexion émotionnelle forte. « Nous avons expérimenté avec la distance, l’éclairage et les mouvements », souligne Quintero. Dans *Over the Rainbow*, par exemple, les danseurs évoluent dans un couloir étroit, mais leur performance semble dynamique grâce à un cadrage précis de la caméra.
Pour renforcer le contact direct, des techniques novatrices ont été mises en place. « Nous avons utilisé du ruban adhésif sur la caméra pour que les danseurs puissent regarder le spectateur dans les yeux », précise-t-il, ajoutant que cette intensité d’interaction est à la fois exigeante et révélatrice.
Réinventer la scène
Cette volonté de créer une expérience individuelle s’est accentuée durant la pandémie, lorsque les performances en ligne ont permis à tous d’avoir la meilleure place. Quintero affirme que « l’expérience était la même pour chacun, indépendamment de l’argent ou des contacts ». En réalité virtuelle, il ne doit pas envisager les différents points de vue d’une salle, mais se concentrer sur une seule perspective.
Selon lui, cette approche favorise une connexion émotionnelle rare, plongeant le spectateur dans un état liminal entre réalité et fiction. Une performance donnée au Musée national des beaux-arts de Taïwan a touché profondément le public, avec des spectateurs émus par une suite d’images et de sensations.
« Quand l’actrice principale d’*All That Remains* vous fixe, il est impossible de détourner le regard. Nous avons oublié la puissance d’un vrai regard », conclut Quintero, réaffirmant son engagement à créer un espace de rencontre authentique à travers ses œuvres.
Collaboration et projets futurs
Craig Quintero a également collaboré avec la directrice de PHI, Phoebe Greenberg, sur *Blur* (2025), une expérience théâtrale en réalité mixte, qui sera présentée à la Biennale de Venise. Ce projet explore les frontières entre la vie et la mort, le réel et la fiction, plongeant 10 spectateurs dans un univers surréaliste où l’interaction en temps réel avec un environnement numérique est au cœur de l’expérience.