Ecrire au Féminin – Le Salon du Livre de Rabat explore le critique féministe
Dans le cadre de l’exposition des principales questions controversées sur la scène culturelle, le Salon International de l’Édition et du Livre de Rabat a discuté hier dimanche les enjeux et les évolutions liés à l’écriture féministe lors d’un panel intitulé « Écrire au féminin… Expériences dans la critique féministe », avec la participation de chercheurs et de critiques du Maroc, d’Égypte et d’Arabie saoudite.
L’académicienne et critique saoudienne Asmaa Al-Ahmedi a entamé son intervention en parlant de l’expérience des femmes saoudiennes en matière d’écriture et de leur parcours depuis les années soixante du siècle dernier.
Elle a déclaré que lorsque les femmes ont commencé à écrire, « leurs écrits étaient qualifiés de journaux intimes, de mémoires ou de confessions, sans être reconnus comme des textes littéraires ou des œuvres d’écriture ».
Elle a ajouté que « au début du nouveau millénaire, de nombreux écrits romanesques féminins ont émergé, abordant principalement les problématiques des femmes ou des questions qui les concernent ».
Elle a expliqué que les femmes « rencontrent des problèmes au niveau du corps, tels que la grossesse, les avortements et l’allaitement, des expériences que les hommes ne peuvent pas ressentir ou comprendre, et qu’ils pourraient peut-être inverser dans les textes sur lesquels ils travaillent. Cependant, même s’ils s’y efforcent, tout cela reste occulté et ignoré ».
Elle a conclu en disant que « la critique féministe aborde la question des femmes, qu’elle soit sociale, culturelle, politique ou économique… mais avec sa propre voix, car les femmes sont plus sensibles et plus proches de leurs problèmes ».
De son côté, la romancière et critique égyptienne Chirine Abou El-Naga s’est concentrée sur le terme « critique féministe » (gynocritique), affirmant qu’il est apparu en 1979 et visait à aborder « ce qui est tu dans les écrits féminins, ces écrits négligés, délibérément ou non ».
Expériences et Tendances
Elle a également fait le lien entre l’émergence de la critique féministe dans le monde arabe et les premières manifestations de la culture de la critique de l’image, et ainsi « a évolué vers l’image de la femme ».
Elle a présenté quelques expériences, dont celle de la romancière et critique égyptienne Latifa El-Zayat qui a écrit sur les images de la femme dans les contes et romans arabes.
En ce qui concerne la tendance critique, l’intervenante égyptienne l’a divisée en 3 : « la première est en faveur de l’écriture féminine dans son sens réel, ce qui s’est clairement manifesté dans l’approche de la critique marocaine Rachida Ben Massoud, la deuxième est en faveur de la critique féministe et de l’écriture féminine mais avec conditions, stipulant qu’il existe une spécificité à l’écriture féminine mais elle disparaît une fois que la condition historique disparaît, et enfin la troisième affirme qu’il n’y a pas de littérature masculine ou féminine, mais seulement de la littérature ».
Elle a parlé de quelques moments historiques de la critique féministe dans le monde arabe, tels que la chute de Bagdad en 2003 et le printemps arabe en 2011, ainsi que l’apparition du terme « l’impact de la guerre sur les femmes ».
Elle a souligné le roman de la Marocaine Aicha Al-Bassri (« La vie sans moi ») qui a remporté le prix de la Foire du Livre de Sharjah et qui traitait des expériences de femmes violées en temps de guerre.
Elle a conclu en soulignant la nécessité de « documenter l’évolution de la critique féministe depuis son apparition jusqu’à maintenant, car c’est une documentation du développement de nos sociétés et des évolutions de la condition des femmes ».
Quant au critique et académicien marocain Hassan El-Yamlahi, il a mentionné l’expérience de la critique marocaine, affirmant qu’elle « a connu une accumulation importante, permettant au lecteur marocain et arabe de découvrir de près un ensemble d’œuvres, de romans, d’histoires et de biographies ».
Il a ajouté que « cette dynamique n’aurait pas pu évoluer sans l’ouverture aux approches occidentales et aux projets de traduction individuelle », citant les expériences de critiques tels que Mohammed Berrada, Ibrahim Hajri, Rachid Benhaddou, et d’autres.
Il a déclaré que « cette diversité éditoriale n’aurait pas pu se répandre sans l’intégration d’écrivaines marocaines dans ce type d’écriture, comme Rachida Ben Massoud, Fatima Kaddou, Zahra Karam et Saad Nasser ».
La 29ème édition du Salon International de l’Édition et du Livre de Rabat a débuté vendredi avec la participation de 743 maisons d’édition de 48 pays.