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Clémentine Deroudille, documentariste et commissaire d’exposition, partage sa passion pour les grandes figures de la culture française, telles que Brassens, De Funès, Romy Schneider, et Barbara, tout en annonçant une exposition sur Belmondo à la Cinémathèque française. Cette exploration conduit à une question fascinante : et si l’esprit français se manifestait à travers l’accueil de ces artistes venus d’ailleurs ?
L’édito de Charles Pépin
Ce matin, j’aimerais vous raconter l’histoire d’une femme française. Elle incarne ce type de personnalité qui préfère aborder des sujets sérieux avec légèreté, et des sujets légers avec sérieux. Son goût pour la conversation la rend parfois mystérieuse, tant elle rebondit de sourire en sourire. Chaque matin, elle écoute les mélodies de Barbara, une routine qu’elle juge plus bénéfique pour son bien-être que le yoga ou la pensée positive. Étonnamment, ce sont les chansons les plus mélancoliques de Barbara qui lui apportent de la joie. Elle ne manque jamais l’occasion de se lever du bon pied, surtout s’il pleut sur Nantes, un trait que je trouve très français.
Cette légèreté s’accompagne d’une élégance qui n’évite pas les sujets difficiles. Elle sait reconnaître le poids des réalités, mais ne les laisse pas empoisonner son quotidien. Barbara, elle aussi, a affronté la souffrance, mais elle parvenait à vivre pleinement chaque jour. Bien qu’elle aime échanger, elle préfère éviter les extrêmes : elle est d’accord pour défendre des idées, mais pas au prix d’une mort lente. Ses convictions, bien qu’affirmées avec modération, s’articulent autour de la laïcité, qu’elle considère essentielle, tout en rejetant le légalisme et l’obéissance aveugle.
Cette femme est également connue pour son humour impertinent, comme lorsqu’elle laisse tomber son mouchoir sur les trottoirs de Genève, amusée par les réactions des passants. Quand elle est victime d’un cambriolage, elle pense d’abord aux vers de Brassens avant de songer à une plainte. C’est là, à mon sens, que réside l’élégance française, un mélange de liberté et d’impertinence.
Elle ne se plaint pas, malgré les stéréotypes qui entourent les Français. Pour elle, être française, c’est ressentir des affinités avec Romy Schneider dans « César et Rosalie » ou avec Zaho de Sagazan lorsqu’elle chante « O travers ». Cette identité n’est pas rigide : Romy Schneider, qui était à la fois allemande et française, incarne parfaitement cette fluidité qu’elle chérisse. L’esprit tranché, c’est à la fois le reflet de Voltaire, de Sagan, et de Brassens, qui disait qu’à plus de deux, on est rapidement une bande de cons, et même Barbara, qui chante le matin en se brossant les dents.
Clémentine Deroudille et l’esprit français
Pour approfondir cette notion d’esprit français, j’accueille ce matin Clémentine Deroudille, une spécialiste de la culture française. Elle a été commissaire des expositions sur Brassens à la Cité de La Musique, Romy Schneider à la Cinémathèque, ainsi que Barbara à la Philharmonie de Paris. Actuellement, elle travaille sur un documentaire consacré à Doisneau, intitulé « Le révolté du merveilleux ». Ensemble, nous allons tenter de définir ce fameux esprit français, tout en réfléchissant à la manière de faire vivre ces icônes populaires sans tomber dans le populisme.
Programmation musicale
- BARBARA – Du bout des lèvres – 1968
- BAD BUNNY – Nuevayol – 2025