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Poètes arabes à Rabat explorent le haïku japonais
Lors du Salon international de l’édition et du livre à Rabat, des poètes et chercheurs ont discuté du « haïku », une forme poétique d’origine japonaise, et de son attrait pour les poètes du monde entier, y compris en langue arabe, ainsi que de ses intersections avec le poème en prose.
Les premières tentatives de haïku arabe
Les années 1960 ont marqué les premières tentatives de haïku arabe, à commencer par les œuvres du poète palestinien Izz al-Din al-Manasira, les télégrammes poétiques du poète syrien Nizar Qabbani, et les réflexions du poète et sociologue marocain Abdelkebir Khatibi. Ces expérimentations se sont poursuivies avec des poètes tels qu’Adnan Baghjati, Chakir Moultak, Ashur Fani, Izz al-Din al-Wafi, Azzab Al-Rakabi, et d’autres.
Le haïku dans le monde arabe
Le poète syrien résident au Japon, Muhammad ‘Udhaima, a évoqué ce « nouvel art dans le monde arabe », expliquant que le mot japonais « haïku » signifie « phrase joyeuse », où « hai » signifie joyeux et « ku » signifie phrase.
Lors de son intervention dans une conférence intitulée « Le haïku arabe », lundi dernier au salon, il a déclaré que « ce style poétique convient à l’esprit de l’époque et aux nouvelles sensibilités en quête de concision expressive ».
Il a ajouté : « Il n’est pas concevable que le monde traverse tous ces bouleversements sans que la rhétorique ancienne ne s’effondre aussi. Il existe une nouvelle manière de ressentir qui nécessite une expression élégante, c’est pourquoi nous ne laissons pas la scène à des formes de narration vulgaires. Le haïku est une entrée poétique raffinée. »
Débat sur la nature du haïku
Le poète, écrivain et diplomate marocain, Abdelkader Jamoussi, s’est interrogé : « Le haïku est-il de la poésie ? » avant de préciser que « cette question, soulevée par beaucoup de critiques, reflète une vision unilatérale de la poésie, comme si la poésie était uniquement ce que nous écrivons et connaissons en langue arabe ».
Il a ajouté que « le haïku nous montre qu’il existe de nombreux styles d’écriture poétique, ce qui nous pousse à sortir de notre schéma traditionnel. » Il a souligné que les premières conférences sur ce sujet au Maroc ont eu lieu en 2015.
Il a noté que « la brièveté de ce poème ne permet pas les lamentations ni les tensions dramatiques, c’est un moment fugace et beau que peut écrire un enfant, une femme ou une personne âgée, signifiant que le haïku est la poésie la plus démocratique, une porte d’entrée à la poésie pour quiconque le souhaite ».
Ouverture culturelle et innovation
La poétesse marocaine, Dami Omar, qui a animé la conférence, a déclaré que « toute culture qui ne s’ouvre pas sur les autres est vouée à la mort et au néant ».
Elle a ajouté : « Ce qui est le plus beau dans le haïku, c’est qu’il témoigne de cette ouverture arabe à la culture japonaise, qui elle-même s’ouvre à d’autres cultures pour renouveler le haïku. Depuis le XVIIe siècle, date de son apparition au Japon, ce genre poétique s’est grandement renouvelé, et nous aussi l’avons réinventé, car la poésie est l’âme du monde et n’appartient à personne ».
Le haïku vu par d’autres poètes
La poétesse émiratie, Najoum Al-Ghanem, également artiste plasticienne et cinéaste, a parlé de sa relation avec ce genre poétique, expliquant qu’elle a « commencé tôt ».
Elle a raconté : « Je ne savais pas que ce que j’écrivais avait un lien avec ce qu’on appelle le haïku dans mon expérience commencée dans les années 1980. J’écrivais des poèmes très courts et intenses ».
Elle a ajouté : « Les poèmes de haïku sont une façon de se libérer. Je suis tombée amoureuse de ces poètes, et la passion pour ce type de poésie est restée, une poésie basée sur la contemplation et l’observation de la nature, ainsi que sur la saisonnalité ».
Le Salon du livre de Rabat
Le 29e Salon international de l’édition et du livre de Rabat a débuté le 10 mai et se poursuivra jusqu’au 19 du même mois.