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Dans les Hautes-Pyrénées, au cœur du parc national des Pyrénées, la Réserve naturelle nationale du Néouvielle plonge le randonneur dans un décor granitique fabuleux. S’étageant entre 1 800 m et 3 091 m d’altitude sur 2 313 hectares, elle abrite quelque 70 lacs, soit la plus forte concentration du massif pyrénéen, ainsi que les pins à crochets les plus hauts d’Europe !
Le Néouvielle : un impressionnant massif granitique aux 70 lacs
Le granite du Néouvielle est né il y a 300 millions d’années, d’une intrusion de magma dans les entrailles de la Terre. Il s’en est dégagé au fil de phases successives d’érosion et de soulèvements, les fractures engendrant cols et brèches.
Les paysages actuels ont cependant été sculptés par les glaciers du Quaternaire, il y a quelques dizaines de milliers d’années. Ils ont donné naissance à des cirques à fond plat, séparés par des arêtes, et à une multitude de lacs.
« _L’été, avec la chaleur, l’eau de fonte s’infiltrait dans les failles du granite,_ explique Daniel Guilly, accompagnateur en montagne. _L’hiver, elle gelait et craquait. C’est ainsi qu’un massif granitique comme celui-ci, à la roche pourtant très dure, s’est petit à petit érodé à la base, se retrouvant avec des sommets très étroits et des arêtes ressemblant à des dos de dinosaures, filant vers les sommets…_ »
Ce type d’érosion glaciaire, propre au granite, donne des formes différentes de celles des autres massifs calcaires, comme à Gavarnie. On l’appelle « érosion en fauteuil ». Daniel raconte aux enfants que des géants seraient venus les tailler, pour s’y installer les deux pieds au frais, dans un lac.
Et ils avaient le choix : la réserve abrite environ 70 lacs. Une concentration exceptionnelle due, là encore, à cette composition granitique. Les plus grands (Orédon, Oule…) ont été équipés de barrages à partir de la fin du XIXe siècle, pour l’hydroélectricité.
La faune et la flore exceptionnelles du Néouvielle
Agrippés au granite, amoureux du vide, les pins à crochets, qui n’ont peur de rien, sont ici omniprésents. Le Néouvielle, qui jouit d’un microclimat, abrite d’ailleurs les plus hauts d’Europe ! « _Un peu plus de 2 600 m, au pic de Madamète : un record pour cette essence_ », explique Daniel.
Le Néouvielle jouit d’une impressionnante biodiversité. La flore ne compte pas moins de 1 250 plantes vasculaires et 571 sortes d’algues, en raison des nombreux lacs : un paradis pour les botanistes ! Côté faune, quelque 180 espèces d’animaux sont recensées, dont le desman des Pyrénées, le grand tétras, l’isard, et, dans le ciel, les vautours fauves, les aigles royaux et les gypaètes barbus…
Couplée aux sept mois d’hiver, la rareté de l’eau, de l’oxygène et de la terre demande cependant à la flore — mais aussi à la faune — d’évoluer dans des conditions difficiles. « _Leur croissance est ici au ralenti_, rappelle l’accompagnateur, pointant du doigt un pin haut comme trois pommes. _Celui-là, il a déjà une bonne quarantaine d’années !_ »
Orédon, porte d’entrée du Néouvielle, et le lac d’Aumar : une symphonie de couleurs
La route des Lacs de haute montagne, la plus haute des Pyrénées, mène à Orédon (1 849 m), porte d’entrée du Néouvielle, à 20 km de Saint-Lary-Soulan. Au sens figuré comme au sens propre, son lac annonce la couleur : des nuances de bleu magnifiques, surplombées par l’emblématique pic du Néouvielle (3 091 m).
La Ronde des lacs, balade facile de 8,6 km (3 h 15), est un excellent moyen de les découvrir. Elle mène au lac d’Aumar, l’un des plus grands de la réserve. En l’absence de vent, il offre un reflet parfait du pic du Néouvielle.
« _Aumar, le lac qui ressemble à la mer_, conte Daniel. _Autrefois, nombreux étaient les bergers à n’avoir jamais vu la mer ou l’océan. Ils l’ont donc appelé ainsi._ »
Randonnée du petit Tour du Néouvielle : jour 1
Le petit Tour du Néouvielle est une magnifique randonnée. Pour pleinement profiter des paysages et des refuges de cette boucle de 31,4 km, il faut compter au moins 3 jours et 2 nuits.
Un joli sentier forestier mène d’abord aux lacs d’Aubert et d’Aumar, en passant par les Laquettes. Ces lacs de poche aux eaux cristallines sont alimentés par la fonte des neiges et les eaux de pluie. À partir de là, on évoluera quasiment toujours à 2 000 mètres et plus.
Petit tour du Néouvielle : jour 2
Aujourd’hui, deux petits cols raides, appelés « hourquettes », nous attendent. Celle de Nère, à 2 465 mètres, offre un magnifique panorama sur le grand lac de Port Bielh (2 285 m). Une fois en bas, nous voilà au paradis du pique-nique, à l’ombre d’un pin à crochets.
Petit tour du Néouvielle : jour 3
Quitter Campana est un crève-cœur, mais, passé le col de Bastanet (2 509 m), les lacs du Bastan nous font tout oublier. De vastes pelouses d’altitude, constellées d’étendues d’eau turquoise, où s’épanouissent les pins à crochets.