Pourquoi choisir des fourmis comme animaux de compagnie ? Timothée, 22 ans, étudiant en biologie, pourrait en parler sans fin. Passionné d’insectes depuis l’enfance, il nous a ouvert les portes de sa chambre d’étudiant pour partager cet univers fascinant. Sur une étagère de son kot, plusieurs boîtes en verre contiennent des phasmes — curieux insectes mesurant une dizaine de centimètres, semblables à des scorpions ou à des feuilles — ainsi que des termites. Quant à ses fourmis, elles vivent dans la maison familiale à Namur, où il les observe dans des formicariums, des nids aménagés en galeries sophistiquées.
Un monde fascinant à observer
« Le plus passionnant, c’est de voir leurs interactions quotidiennes », décrit Timothée. « J’adore les observer communiquer, c’est un véritable jeu d’observation et d’apprentissage. Les fourmis utilisent leurs antennes pour capter des odeurs, se transmettre des informations, ou encore lancer des alertes. » Il explique que certaines espèces vivent dans des plantes carnivores, d’autres rivalisent avec le bétail en coupant les feuilles. « Tout cela peut être observé dans un nid. On peut même agrandir le formicarium, créer plusieurs zones de chasse et élaborer de beaux setups. »
Les passionnés qui se renseignent sur Internet savent orienter leur choix vers des espèces adaptées à leurs conditions : besoins en hygrométrie, capacité à hiberner… « Ces insectes ont besoin d’un espace confiné, car ils s’y sentent plus en sécurité. Ils aiment se tasser dans les galeries, cet espace compact leur convient parfaitement. »
Pour nourrir les colonies, Timothée évoque divers aliments : grillons, miel, fruits, ou liquides sucrés, selon les espèces. Certaines ne consomment que des protéines, d’autres récoltent des graines.
Un commerce sous tension et les risques liés au pillage
Pour se procurer ses fourmis, Timothée fréquente des bourses aux insectes organisées régulièrement en Wallonie, où particuliers et passionnés échangent leurs spécimens. « J’ai surtout des espèces françaises, rien de très exotique », précise-t-il. Toutefois, certains éleveurs vendent aussi via leurs sites personnels. Les reines de fourmis communes en Belgique ou en France s’échangent autour de 10 euros, tandis que des espèces plus rares ou exotiques peuvent atteindre 200, 500 euros, voire davantage.
Cette flambée des prix entraîne des risques de prélèvements excessifs dans les habitats naturels, en particulier lors des essaimages, lorsque les fourmis quittent leur colonie pour en fonder une nouvelle. « Cela nuit à l’écosystème local, surtout quand plusieurs milliers d’individus sont prélevés », alerte Timothée.
Il déplore également le manque de contrôle réglementaire autour du commerce des fourmis en Belgique. « Contrairement à l’achat d’un animal domestique qui nécessite un permis communal, le commerce de fourmis s’effectue souvent de particulier à particulier, via des colis postaux sans contrôle. » Il reste toutefois optimiste, estimant que la majorité des éleveurs sont des passionnés honnêtes pratiquant leur hobby par plaisir.