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À quelques jours de la fermeture des dernières stations de ski, la Compagnie des Alpes annonce la relance de son service de train entre Paris et Bourg-Saint-Maurice pour l’hiver 2025-2026. Cette fois, l’offre s’appuiera sur un train de nuit en collaboration avec un nouveau partenaire, Pegasus Trains.
La Compagnie des Alpes relance son service de train entre Paris et Bourg-Saint-Maurice. Une offre qui s’appuiera sur un train de nuit avec des départs prévus entre le 19 décembre 2025 et le 20 mars 2026. (Crédits : DR)
Un train de nuit pour redynamiser la liaison Paris-Bourg-Saint-Maurice
Après deux années d’interruption, la Compagnie des Alpes (CDA) remet en service son train entre Paris et Bourg-Saint-Maurice dès l’hiver 2025-2026. La commercialisation reprendra sous la forme d’un package tout inclus, réunissant transport, hébergement et forfaits, rebaptisé Travel Ski Night Express. Ce projet s’appuie sur le partenariat avec Pegasus Trains, un nouvel acteur du secteur ferroviaire.
La CDA, majoritairement détenue par la Caisse des Dépôts et gestionnaire d’une dizaine de stations de ski, avait déjà expérimenté ce type d’offre lors des saisons 2021-2022 et 2022-2023 avec des départs depuis Paris et Londres. Cette solution de voyage combinée rail et séjour s’inscrivait dans la stratégie de décarbonation de la Compagnie des Alpes, un enjeu majeur puisque le transport des skieurs représenterait entre 50 % et 70 % de l’empreinte carbone des stations, dont 57 % pour celles gérées par la CDA.
Les précédentes tentatives et l’arrivée de Pegasus Trains
Les deux premières opérations menées avec la SNCF et Eurostar n’avaient pas été renouvelées, ce qui avait poussé la CDA à lancer en décembre 2023 un appel à candidatures élargi afin de concevoir un nouveau produit. Cette démarche n’avait cependant pas abouti, et c’est seulement en 2025 qu’un nouveau projet a vu le jour grâce à Pegasus Trains.
Fondée récemment par Guillaume de Marcillac, ancien directeur général de TravelFactory (une agence de voyages détenue par la CDA), Pegasus Trains a proposé de relancer ce service à son ancien employeur. Nicolas Delors, directeur général de TravelFactory, explique : « On a eu l’opportunité de pouvoir recommencer à mettre en place une solution de décarbonation du transport, dans des conditions un peu différentes et nous avons saisi cette occasion. »
Grâce au réseau ferroviaire développé par Guillaume de Marcillac, la collaboration avec Pegasus Trains s’est mise en place en quelques mois.
Une offre complète et adaptée aux besoins des skieurs
Cette nouvelle offre repose toujours sur le triptyque transport, hébergement et forfaits, avec en option le transport du matériel de ski. Alors que la CDA espérait initialement une à deux rotations par semaine entre mi-décembre et mi-avril, la proposition se matérialisera par 14 rotations durant la période du 19 décembre 2025 au 20 mars 2026.
Le départ s’effectuera de Paris le vendredi soir et le retour de Bourg-Saint-Maurice le samedi soir. Le train de nuit sera équipé pour transporter le matériel de ski et desservira les gares d’Aime, Moûtiers et Bourg-Saint-Maurice, d’où les passagers seront acheminés vers les stations environnantes.
Nicolas Delors souligne qu’il s’agit « d’une solution qui offre huit jours complets de ski avec une arrivée tôt en station le samedi matin et un départ le samedi soir ». Selon lui, cette offre ne trouve pas de concurrence directe et « vient combler une demande pour laquelle il n’y avait pas nécessairement d’offre ».
Des résultats encourageants mais une pérennité incertaine
Il y a quatre ans, la CDA avait déjà proposé une offre au départ de Londres avec Eurostar, séduisant 5 000 passagers. Trois ans plus tard, une solution combinée depuis Londres et Paris avait rassemblé 12 000 voyageurs. Malgré ces chiffres prometteurs, le service n’a pas été renouvelé.
Interrogé sur ces arrêts, Nicolas Delors écarte l’argument économique, assurant que la rentabilité était garantie aux partenaires. Le problème principal tenait à la disponibilité du matériel roulant. Selon le Dauphiné Libéré, des contraintes administratives liées au Brexit ont freiné Eurostar, tandis que SNCF faisait face à un faible taux de réservation.
En décembre 2023, un nouvel appel d’offres européen pour un contrat de trois ans visant un positionnement de la SNCF ou d’Eurostar n’avait pas non plus porté ses fruits. David Ponson, directeur des domaines skiables de la CDA, qualifiait ce sujet de « vital » pour les stations, soulignant que le principal frein était « un manque de matériel roulant à l’échelle française et européenne ».
De son côté, Bryce Arnaud-Battandier, directeur distribution et hospitality à la CDA, garantissait un équilibre économique au futur opérateur grâce à la réservation de rames entières, sans risque financier si les volumes n’étaient pas atteints.
Cette nouvelle tentative avec Pegasus Trains s’inscrit dans la dynamique du retour des trains de nuit, une demande soutenue par une partie de la population. TravelFactory annonce la mise en vente prochaine de 9 200 places, sans communiquer pour le moment sur le tarif ni le volume escompté. Le contrat, pour une saison seulement, devra faire ses preuves pour être reconduit.
Le retour des trains de nuit : un enjeu attendu depuis des années
La réintroduction du train de nuit pour relier les stations de ski n’est pas une nouveauté. Ce sujet a récemment été remis à l’ordre du jour par le collectif d’usagers « Oui au train de nuit », qui déplore l’absence de matériel dédié pour les départements de Savoie et Haute-Savoie dans la dernière commande de trains de nuit.
La liaison Paris-Bourg-Saint-Maurice, interrompue en 2016, est particulièrement attendue par les élus locaux et la population. Malgré les promesses présidentielles d’Emmanuel Macron dès 2020, aucun matériel n’a été alloué à la région dans le cadre de l’appel public à concurrence pour les trains d’équilibre du territoire (TET).
Cette question prend d’autant plus d’importance avec l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver des Alpes en 2030, qui se tiendront notamment en Tarentaise, où se situent six des douze sites de compétition. L’accessibilité des vallées alpines constitue un enjeu majeur dans ce contexte.