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Dans un grand hangar du Secours populaire de Lomme, l’odeur des vieux meubles attire des clients de tous âges : la tendance des meubles d’occasion s’affirme en France, portée par des motifs économiques, éthiques et esthétiques.
En 2023, un meuble sur cinq acheté était des meubles d’occasion
Comme Bilal, étudiant de 26 ans qui rentre en master marketing et e‑commerce en 2025 à Skema, de plus en plus de Français se tournent vers la récupération pour meubler leur logement. « Je trouve qu’il y a pas mal de choses », dit Bilal. « Avec ma copine, on a découvert le lieu sur les réseaux sociaux », précise‑t‑il.
Dans son grand cabas, il a déjà six cadres de tailles différentes. « J’avais une idée précise de ce dont j’avais besoin, à la fois pour ma rentrée et pour ma déco. La priorité, c’est de trouver pour pas cher. Ces cadres‑là, dans le commerce neuf, je les aurais payés 60 € environ », explique‑t‑il. Ici, il n’aura besoin de débourser que 4 €. Sa petite amie regarde la vaisselle tandis qu’il chine des cadres et des petits meubles.
Le phénomène s’explique en grande partie par la question du budget : meubles pas chers et bonnes affaires attirent d’abord les étudiants et jeunes ménages. Mais le marché de l’occasion s’étend aussi aux ménages sensibles aux enjeux environnementaux et au désir d’un intérieur plus personnalisé.
À Lomme et en ligne, motivations économiques et écologiques des jeunes acheteurs
Pour Mado, 21 ans, la seconde main est un mode de vie. « J’ai eu une éducation comme ça ! J’évite vraiment d’acheter du neuf, ça m’embête. Si je peux trouver en occasion, je le fais au maximum. Mes potes, c’est pareil : la plupart préfèrent la récup. » Étudiante en danse qui déménage à Bruxelles, elle explique : « J’ai besoin d’une table basse parce que la mienne commence déjà à rendre l’âme… »
Elle vante aussi la longévité des objets trouvés en ressourcerie : « L’intérêt des ressourceries, c’est aussi de trouver des meubles qui durent dans le temps », glisse la jeune femme. Passée experte dans l’art de la débrouille, elle détaille ses achats : « J’ai un lit mezzanine que j’ai payé 70 € au lieu de 250 €, un canapé que j’ai eu à 50 € », détaille‑t‑elle. « Et mon armoire, on l’a trouvée dans la rue et retapée, donc 0 € ! »
Outre l’aspect économique, la motivation est aussi éthique et écologique. Mado confie : « Je viens ici pour des raisons éthiques », précisant qu’elle a apporté un cabas de vêtements à donner. « Ça me fait plaisir de me dire que moi, je me régale pour quelques euros… et qu’avec un don, je régale d’autres gens. »
Le recours aux plateformes en ligne complète le circuit physique des ressourceries : « Mes incontournables pour des bons plans : Marketplace, Vinted et surtout Leboncoin », explique Mado. Depuis sa création en 2006, Leboncoin est devenu une référence : il compte plus de 400 000 nouvelles annonces postées chaque jour, selon le magazine LSA Conso.
Objets uniques, vaisselle de famille et personnalisation de l’espace
Au‑delà du prix, l’attrait pour la seconde main tient aussi à la singularité des pièces. Dans les allées, on trouve une table en bois massif, des suspensions en verre à motifs floraux ou un petit bureau aux dimensions parfaites pour un studio. « Toute ma vaisselle vient de mon arrière‑grand‑mère. Elle est super belle : trop à la mode, en porcelaine avec plein de fleurs bleu marine », raconte Alice, 22 ans.
Elle préfère acheter neuf pour certains gros postes comme le matelas ou le canapé, mais récupère beaucoup dans la famille et sur Internet : « J’achète d’occasion sur Internet et je récupère beaucoup chez mes grands‑mères, mes parents… »
Alice souligne aussi les découvertes inattendues en ressourcerie : « Je savais que la marque Sweeek donnait pas mal de trucs à cette association, mais je n’avais pas le réflexe de venir. » En cherchant du mobilier pour sa terrasse, elle est repartie avec « une table avec deux chaises ! Je ne m’y attendais pas du tout », pour une trentaine d’euros, au lieu de 150 € sur le site Internet.
Vers une économie circulaire locale et pratique
Le recours aux ressourceries et aux plateformes d’annonces favorise la réutilisation des biens et alimente une économie circulaire locale : dons, remises en état et revente offrent une seconde vie aux meubles et objets. Pour de nombreux acheteurs, le duo économies + singularité suffit à faire basculer l’achat vers l’occasion.
Sur le terrain, les ressourceries restent des lieux d’échange où se côtoient solidarités et trouvailles, tandis que les sites en ligne élargissent l’offre et la visibilité des objets. Les pratiques se multiplient : chine en boutique, collecte familiale, petites annonces et dons, formant un paysage diversifié pour meubler son logement de façon économique, écologique et stylée.