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La région du Konkan, située entre la mer d’Arabie d’un côté et les Ghâts occidentaux de l’autre, est surtout connue pour ses plages et ses temples. Cependant, elle recèle également une biodiversité unique, notamment sur les plateaux appelés sada, qui se distinguent par leurs caractéristiques géologiques et écologiques.
Transition paysagère vers les plateaux Sada
En voyageant à travers les Ghâts occidentaux en direction du district de Ratnagiri, le paysage passe lentement de montagnes culminant à mille mètres à des collines ondulées dotées de sommets plats, désignés localement sous le terme de sada, signifiant une vaste surface plane. Ces formations sont le résultat de siècles d’érosion.
Biodiversité florissante des Sada
Les sada restent généralement arides la majeure partie de l’année, mais se transforment durant la saison des pluies. Ils sont similaires aux plateaux, appelés pathar, dans le district de Satara au Maharashtra, comme en témoigne le célèbre plateau de Kaas. Une étude menée entre 2022 et 2024 dans le sud du district de Ratnagiri a exploré cet habitat, documentant la biodiversité et les services écosystémiques qu’il offre.
Ce recensement de la biodiversité a enregistré 459 espèces de plantes, dont 105 sont endémiques à la région du Konkan. L’équipe a également répertorié 31 espèces de reptiles, 13 espèces d’amphibiens, 169 espèces d’oiseaux, et 41 espèces de mammifères dans cette région.
Pratiques agricoles durables
Durant les monsoons, les habitants utilisent de petites parcelles de sada pour cultiver du riz et des millets (comme le nanchani, *Eleusine coracana*) en utilisant des pratiques traditionnelles ne nécessitant ni pesticides ni engrais chimiques. Cependant, la richesse de la biodiversité et de la culture qu’offre le sada va bien au-delà de ces simples cultures.
Ressources en eau et services écosystémiques
Une analyse des services écosystémiques, réalisée par les hydrologues Renie Thomas et Divyanshu Pawar, a révélé que les villages situés sur les sada bénéficient d’un accès à l’eau douce tout au long de l’année, malgré leur situation entre des terres sèches et rocheuses et des vallées sillonnées de criques salines ornées de mangroves.
Cela est dû à la géologie des sada, où la couche de sol latéritique altéré à la surface agit comme un collecteur d’eau de pluie, rechargeant ainsi les nappes phréatiques. Les communautés locales accèdent à l’eau douce via des puits ouverts ou creusés, des sources et des ruisseaux pérennes, qui sont entretenus dans le cadre de rituels dédiés à des divinités.
Écosystème riche et espèces vulnérables
Ces plans d’eau sont également devenus des habitats pour des tortues d’eau douce, telles que la vulnérable tortue à carapace molle indienne (*Lissemys punctata*), tout en servant de sources d’eau pour des léopards, des chacals, des hyènes, des cerfs aboyeurs, et des oiseaux migrateurs, entre autres.
Menaces à la biodiversité
Les modes d’utilisation des terres dans cette région évoluent. Les terres ouvertes et certaines parcelles agricoles sont de plus en plus converties en vergers ou en zones résidentielles, avec de nombreux projets de développement prévus. L’exploitation des roches latéritiques représente également une menace pour cet écosystème.
De plus, le fait que les sada soient classifiés comme des « terres dégradées » dans l’Atlas des terres dégradées complique encore la situation.
Manali Rane est responsable scientifique au Bombay Environmental Action Group.