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Le système de santé français vacille. Aujourd’hui, en fonction de son lieu de vie, urbain ou rural, les Françaises et les Français n’ont désormais plus tout à fait les mêmes chances d’accéder à des soins d’égale qualité. Ce qui est vrai pour tout un chacun est encore plus vrai pour les personnes en situation de handicap : elles vivent un véritable « *parcours du combattant* » pour la préservation de leur santé.
Discriminations et déserts médicaux
Les personnes en situation de handicap font face aux déserts médicaux ou paramédicaux, mais pour elles, c’est la double peine. Elles vivent des situations de plus en plus récurrentes de discriminations dans les soins. Le Défenseur des droits a initié un appel à témoignages pour objectiver ces discriminations, qui sont nombreuses, parfois conscientes et souvent inconscientes. Ces discriminations complexifient ou rendent impossible la prévention ou l’accès aux soins.
Les défis d’accessibilité
Ce « parcours du combattant » commence par les enjeux d’accessibilité des cabinets médicaux ou paramédicaux en médecine de « ville ». Cela inclut la prise de rendez-vous, souvent compliquée à cause de plateformes incomplètes et de secrétariats peu formés. Il s’agit également de la prise en charge des transports pour certains handicaps et de la praticabilité des maisons de santé et des équipements d’examen.
Il se poursuit par la réticence de certains praticiens à traiter les spécificités des patients en situation de handicap : temps de déshabillage et de rhabillage, consultations plus longues, absence de savoir-faire pour comprendre les troubles associés au handicap, et communication avec les aidants.
Des récits édifiants
Un patient vit ainsi depuis plus d’un an avec une infection dentaire, enchaînant les traitements antibiotiques faute de trouver un dentiste acceptant d’entreprendre les soins adéquats. Les femmes en situation de handicap rencontrent des difficultés à accéder à la contraception ou à être correctement soignées pour certaines pathologies gynécologiques courantes. Statistiquement, les personnes en situation de handicap avec des troubles sévères ont quatre fois moins de chances de prévenir un cancer.
Ce parcours se prolonge à l’hôpital, où l’accueil aux urgences, les interventions chirurgicales et les traitements à long terme révèlent des situations ahurissantes. Par exemple, un patient avec des troubles du spectre de l’autisme est resté plus de quinze heures aux urgences sans prise en charge de son agitation, empêchant ainsi les examens nécessaires.
Conséquences économiques et sociales
Le parcours se termine par des considérations économiques et sociales, notamment l’augmentation des dépassements d’honoraires dans certaines spécialités et le reste à charge élevé des consultations paramédicales essentielles dans l’accompagnement des handicaps.
Il est également préoccupant de constater que le handicap est souvent perçu comme une présomption de déficience de compréhension, accompagnée de jugements de valeur et d’un manque de tact.
Vers des solutions concrètes
Plusieurs leviers peuvent être actionnés pour améliorer la situation : accélérer les exigences d’accessibilité en médecine de ville, généraliser les dispositifs handiconsult, développer la formation des soignants, et appliquer strictement les chartes d’éthique existantes. Des sanctions doivent être instaurées contre les professionnels de santé coupables de discrimination et les temps de consultation adaptés pour prodiguer des soins appropriés.
Il est inacceptable que des citoyens en situation de handicap soient contraints de renoncer à leurs soins à cause d’un système de santé dysfonctionnel. La devise républicaine ne doit pas être qu’un ensemble de mots creux; il est temps d’agir.