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Tout n’est pas toujours une question de gaz. Selon la docteure et journaliste américaine Trisha Pasricha, le ballonnement après les repas ne serait pas uniquement lié à l’alimentation. Dans de nombreux cas, il s’agirait en réalité d’un dysfonctionnement musculaire encore peu connu du grand public : la dyssynergie abdomino-phrénique.
« La plupart des patients souffrant de ballonnements qui viennent me consulter à ma clinique de gastro-entérologie pensent que c’est dû à un facteur interne, comme une augmentation des gaz, qui pousse leur ventre vers l’extérieur. Cela les incite à essayer de modifier leur alimentation », explique le docteur Pasricha, « pour de nombreuses personnes, les ballonnements fréquents n’ont rien à voir avec les gaz ou les selles, mais relèvent d’une réaction musculaire anormale ».
La mécanique musculaire déréglée
La cavité abdominale peut être comparée à une boîte en carton contenant les organes digestifs. Lors d’un épisode de ballonnement, c’est comme si le couvercle (le diaphragme) se mettait à pousser vers le bas, tandis que les parois (les muscles abdominaux) se relâchaient. Résultat : le contenu est contraint de se déplacer, en particulier vers l’avant. C’est précisément ce phénomène que les médecins appellent dyssynergie abdomino-phrénique.
Si l’alimentation reste un facteur à ne pas négliger, notamment en cas de sensibilité au lactose, aux crucifères ou aux légumineuses, elle n’est pas seule en cause. Parfois, une mauvaise coordination entre les muscles du diaphragme et de la paroi abdominale peut faire gonfler l’abdomen.
Écarter toute pathologie plus grave, comme le cancer de l’ovaire
Comment soulager ces symptômes ? La première étape essentielle est de consulter un médecin. Il s’agit d’écarter toute pathologie plus grave, comme la maladie cœliaque ou, plus grave encore, un cancer de l’ovaire. « Lorsqu’une femme ménopausée me parle de ballonnements récents et persistants, y compris au réveil, je reste très vigilante », insiste le docteur Pasricha, rappelant que ces signes peuvent parfois être les premiers symptômes de ce cancer difficile à diagnostiquer à un stade précoce.
Une rééducation à explorer
Une fois les causes organiques exclues, un travail sur les habitudes alimentaires peut être entrepris. Mais plutôt que d’exclure à l’aveugle des groupes entiers d’aliments, la spécialiste recommande de se faire accompagner par un professionnel.
En cas de suspicion de dyssynergie musculaire, des exercices de biofeedback peuvent être proposés. Cette rééducation, validée par plusieurs études cliniques, consiste à apprendre à mieux mobiliser son diaphragme et à renforcer la coordination avec les muscles abdominaux. Pratiqués avant et après les repas, ces exercices ont permis une amélioration des symptômes chez deux tiers des patients après seulement quatre semaines.
Si ce type de prise en charge n’est pas encore disponible partout, des exercices de respiration diaphragmatique, plus accessibles, pourraient représenter une alternative prometteuse. Des recherches sont encore nécessaires pour valider leur efficacité, mais ils constituent une piste intéressante pour les personnes qui vivent avec des ballonnements chroniques.