La canicule handicap est une source d’inquiétude majeure pour certaines personnes en France : les personnes paraplégiques, qui ne peuvent pas transpirer, et celles atteintes de sclérose en plaques redoutent particulièrement les périodes de fortes chaleurs.
Canicule handicap : témoignages et mécanismes physiologiques
Muriel Epailly, habitante de Lyon, relate l’angoisse des épisodes caniculaires : « J’ai cru plusieurs fois mourir pendant la canicule de 2019. Depuis, j’ai installé la climatisation. » Tétraparésique à la suite d’un accident de la route, elle a perdu la capacité à transpirer et, avec elle, la faculté de réguler sa température corporelle — une conséquence directe des lésions de la moelle épinière.
Pendant les vagues de chaleur, Muriel explique avoir passé des journées entières allongée, avec des pains de glace, branchée à sa machine contre les apnées du sommeil pour l’aider à respirer. Son témoignage illustre la vulnérabilité de personnes dont le système de thermorégulation est compromis : elles ne transpirent pas ou très peu, et ne ressentent pas toujours la montée de la température corporelle avant l’apparition de signes alarmants.
« Le système nerveux autonome permet de réguler les glandes sudoripares. Chez les personnes dont la blessure médullaire est située au-dessus de Th6 [la 6e vertèbre thoracique], ce mécanisme est bien souvent perturbé. Les personnes touchées par une paralysie médullaire ayant une fonction de transpiration très limitée, elles se rendent souvent compte trop tard qu’elles ont trop chaud, notamment lorsqu’elles sont prises de maux de tête, de nausées ou de somnolence. Il se peut alors que leur température corporelle ait d’ores et déjà grimpé, ce qui peut être dangereux. »
détaille Inge Eriks Hoogland, médecin-cheffe adjointe au Centre suisse des paraplégiques.
Ces explications médicales précisent pourquoi la canicule handicap crée des situations à haut risque pour certaines personnes. Les signes visibles d’un coup de chaleur peuvent survenir après que la température interne a déjà augmenté, ce qui complique la détection précoce chez des personnes ayant une transpiration réduite.
Vivre la canicule quand la régulation thermique est altérée
Pour Muriel et d’autres personnes concernées, la gestion de la chaleur passe par des dispositifs concrets : poses de packs de glace, installations de climatiseurs, maintien de dispositifs médicaux comme les appareils d’assistance respiratoire. Muriel dit avoir « installé la climatisation » depuis 2019, signe que l’adaptation du logement devient parfois indispensable pour sécuriser le quotidien lors d’épisodes caniculaires.
Le phénomène est d’autant plus présent dans certaines zones : Muriel vit à Lyon, « ville française la plus souvent touchée par les canicules depuis 2004 », ce qui pèse sur la fréquence des épisodes ressentis par les personnes vulnérables et sur la nécessité d’aménagements adaptés.
Au-delà des personnes paraplégiques, d’autres pathologies comme la sclérose en plaques rendent la chaleur particulièrement redoutable. Le simple fait de voir sa tolérance au chaud réduite peut limiter les activités quotidiennes et imposer des précautions supplémentaires lors des vagues de chaleur.
Face à ces enjeux, la problématique de la canicule handicap met en lumière la nécessité pour les personnes concernées de connaître leurs signes d’alerte personnels et d’adapter leurs conditions de vie — par exemple en climatisant ou en recherchant des solutions de rafraîchissement — afin de réduire le risque d’épuisement, de crampes ou de complications liées à une température corporelle trop élevée.