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Définition : qu’est-ce que l’anhédonie ?
Le terme anhédonie a été inventé par Théodule Ribot en 1896, combinant le préfixe privatif « an » et le mot grec « hédonie » signifiant « plaisir ». Il désigne la perte ou la diminution de la capacité à ressentir du plaisir dans des activités qui auparavant en procuraient.
Faire du sport, sortir entre amis, écouter de la musique, manger, ou même faire l’amour… toutes ces activités plaisantes deviennent insipides. La personne perd le goût à tout et n’a plus envie d’essayer, comme l’explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne.
L’anhédonie est un symptôme fréquent dans plusieurs troubles mentaux, notamment la dépression, et peut être totale, affectant toutes les sphères de la vie, ou partielle, où le plaisir subsiste dans certains domaines seulement.
Symptômes : perte de plaisir, vide émotionnel et isolement
« L’anhédonie est un symptôme très courant en santé mentale, surtout dans le cadre de la dépression », précise Johanna Rozenblum. Elle se manifeste par :
- Une perte d’intérêt pour les activités agréables (lecture, loisirs, sexualité, sport)
- Une extinction de l’affection pour la famille et les amis
- Un désintérêt pour toute interaction sociale
- Un sentiment profond de vide émotionnel
- Un manque, voire une perte, de motivation
- Un isolement social et un repli sur soi
Les patients anhédoniques présentent une faible réactivité émotionnelle, comme si leur humeur était « émoussée » et qu’ils étaient déconnectés de ce qui les entoure.
Cette perte de plaisir peut aussi affecter l’appétit, la libido et le sommeil, conduisant à une perte de poids, une baisse du désir sexuel et des troubles du sommeil.
Causes : qu’est-ce qui provoque l’anhédonie ?
Les neurosciences ont permis de mieux comprendre l’anhédonie, qui serait liée à une perturbation du système de récompense dopaminergique. Ce système, central dans la motivation et le plaisir, implique la dopamine et le cortex préfrontal, dont l’activité est réduite chez les personnes touchées.
L’anhédonie est un symptôme essentiel des épisodes dépressifs majeurs, au même titre que la tristesse persistante et la fatigue. Elle est même un critère obligatoire pour le diagnostic de la dépression majeure.
Elle peut aussi survenir dans l’anxiété sévère, la schizophrénie, les troubles de la personnalité, le burn-out ou le stress post-traumatique. Par ailleurs, elle peut être réactionnelle à un choc émotionnel, une rupture ou la perte d’un proche, ou temporaire lors du sevrage de certains médicaments, drogues ou substances addictives.
Anhédonie, aboulie ou apathie : quelles différences ?
Ces trois notions sont souvent confondues car elles touchent toutes à la motivation et à l’engagement émotionnel, mais elles ne désignent pas la même chose :
- Anhédonie : incapacité à ressentir du plaisir, altération du ressenti émotionnel positif.
- Apathie : indifférence affective, absence d’émotion positive ou négative, désengagement émotionnel et comportemental.
- Aboulie : trouble de la volonté, paralysie dans la prise de décision et l’action, même pour des tâches simples.
Ces symptômes coexistent souvent, formant un triptyque clinique dans certains troubles psychiques ou neurologiques.
Traitements : comment lutter contre l’anhédonie ?
La prise en charge de l’anhédonie dépend de sa cause, mais elle mêle généralement plusieurs approches visant à rétablir l’équilibre émotionnel :
- Psychothérapie, notamment les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), qui combinent réflexion et stratégies comportementales pour réintroduire des activités.
- Thérapies de pleine conscience et méditation, qui favorisent la reconnexion aux ressentis et l’acceptation de l’instant présent.
En cas d’anhédonie sévère liée à une dépression, un psychiatre peut prescrire des antidépresseurs inhibiteurs de recapture de la sérotonine. Dans certains cas spécifiques, sous contrôle médical strict, des psychostimulants ou agents dopaminergiques sont envisagés.
Qu’est-ce que l’anhédonie sexuelle ?
L’anhédonie peut être limitée à la sphère sexuelle, se traduisant par une incapacité à ressentir du plaisir ou de la satisfaction lors des relations sexuelles, même si le désir, l’excitation ou l’orgasme physiologique sont présents.
Elle peut avoir des origines variées :
- Psychologique ou émotionnelle (expériences sexuelles négatives, anxiété de performance, conflits internes liés à l’éducation ou aux croyances)
- Hormonale (déséquilibres hormonaux comme la baisse de testostérone)
- Médicamenteuse (antidépresseurs, neuroleptiques)
- Consommation de substances (alcool, cannabis, drogues)