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Pendant les vacances d’été, de nombreux salariés éprouvent des difficultés à se déconnecter de leur travail. Neuf ans après la mise en place du droit à la déconnexion, ce principe peine encore à se faire respecter.
Des vacances souvent interrompues par le travail
Mails surveillés, téléphone professionnel allumé, réunions rapides entre deux randonnées… Près d’un salarié sur deux part en vacances sans jamais vraiment couper, malgré l’obligation légale de déconnexion instaurée en 2016. Selon une étude réalisée par Indeed et l’institut CensusWide, publiée le 26 juin, 86 % des salariés estiment qu’il est essentiel pour leur bien-être de ne pas être contactés pendant leurs congés, mais seuls 52 % réussissent réellement à se déconnecter.
De plus, 28 % des répondants reconnaissent consulter ponctuellement leurs messages professionnels. L’enquête révèle qu’environ 19 % des salariés ne parviennent pas à se déconnecter du tout, même lorsque leur employeur les y incite.
La crainte de la déconnexion
« Certaines personnes ne coupent pas de leur travail par peur de perdre des informations ou de se retrouver en difficulté à leur retour. D’autres ne savent pas comment s’y prendre », analyse Jean-Christophe Villette, psychologue du travail et directeur général du cabinet Ekilibre Conseil.
Préparer la coupure pour mieux décrocher
« Rester connecté, c’est croire qu’on tient, alors qu’on s’épuise lentement », souligne le psychologue. « La déconnexion n’est pas une option, c’est un enjeu de santé publique. C’est vital pour le fonctionnement dans la durée. » D’après un baromètre Ekilibre Conseil avec OpinionWay, 82 % des actifs se disent déjà en situation de fatigue professionnelle.
Pour apprendre à vraiment se déconnecter, Jean-Christophe Villette a élaboré « la méthode des 3D » : déléguer avant de partir (transmettre les dossiers, désigner un référent), débrancher pendant la période de congés (message d’absence, notifications coupées) et diriger son retour (reprendre progressivement, trier ses mails).
Il faut se connecter à autre chose
Anticiper est crucial pour pouvoir s’ennuyer sans culpabilité, choisir librement ses activités, cuisiner, lire, marcher ou méditer. « Une semaine de vacances avec une vraie coupure, de l’activité physique et le temps de ralentir est plus réparatrice que trois semaines perturbées par des mails », affirme Jean-Christophe Villette. « Pour pouvoir se déconnecter, il faut se connecter à autre chose. »
Les effets positifs d’une bonne coupure peuvent se faire sentir jusqu’à six semaines après la reprise, indiquant que mettre le travail entre parenthèses est possible tout au long de l’année.
Un sujet managérial
Jean-Christophe Villette insiste sur l’urgence d’intégrer la déconnexion dans le dialogue social : « Ce n’est pas qu’une responsabilité personnelle. C’est un droit individuel qui doit s’inscrire dans un cadre collectif. »
Il rappelle que ce sujet est également managérial et que les salariés doivent être soutenus pour ne pas se sentir indispensables. « Un manager sur deux dit ne pas parvenir à se déconnecter comme il le souhaiterait, ce qui pourrait avoir un impact sur les équipes. »
Derrière la question de la déconnexion se posent aussi celles de l’hyperconnexion, de la sursollicitation et de la performance. Doit-on rester disponible à tout moment ? L’urgence, pendant les vacances, est de s’accorder du temps pour soi, se reconnecter à ses propres rythmes et redécouvrir la lenteur.