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Déserts médicaux en France : carte des zones prioritaires

by Sara
Déserts médicaux en France : carte des zones prioritaires
France

La Creuse, l’Indre, ou encore l’Yonne. Autant de taches rouges qui apparaissent sur la carte de la France, dévoilée par le ministère de la santé vendredi 27 juin, pour indiquer de nouvelles zones de « mission de solidarité obligatoire ». Sur l’hexagone, 151 intercommunalités prioritaires doivent bénéficier, dès septembre 2025, de la visite de médecins généralistes jusqu’à deux jours par mois pour lutter contre les déserts médicaux.

Une initiative gouvernementale pour adresser un problème ancien

Cette carte, qui « ne règle pas les déserts médicaux » qui recouvrent « 87 % du pays », reconnaît le ministre de la santé Yannick Neuder. Cependant, il s’agit « d’une première étape » qui va bénéficier à environ 2 millions de patients, estime le ministre.

Cette « première étape » vise à apporter une solution à un problème identifié il y a maintenant 20 ans. L’expression « désert médical » est apparue au milieu des années 2000 pour désigner la baisse de l’offre de soins dans certains territoires, alors que les besoins de la population augmentent. Depuis, différents indicateurs ont été mis en place pour évaluer cette difficulté d’accès aux soins.

Densité des médecins et fréquentation des urgences

Un désert médical peut d’abord se mesurer en termes de densité de médecins par habitant. En 2025, la densité médicale moyenne en France sera de 339 médecins pour 100 000 habitants. Cependant, pour la même population dans l’Indre, l’Eure ou l’Ain, reconnus comme des déserts médicaux, on compte environ 150 médecins, soit moitié moins que la moyenne. À l’inverse, certains départements comme Paris, les Hautes-Alpes ou le Rhône, peuvent avoir un taux jusqu’à cinq fois supérieur à la moyenne.

La situation de désert médical peut également se manifester par l’augmentation de la fréquentation des urgences : sans médecins généralistes à proximité, les patients se tournent plus rapidement vers les urgences, aggravant ainsi des situations médicales nécessitant un passage par ces services. Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc) montre en outre que le taux de prise en charge aux urgences a doublé entre 1996 et 2021.

Enfin, le ressenti des habitants, qui rencontrent des difficultés pour obtenir un rendez-vous auprès d’un médecin, permet aussi de définir les contours d’un désert médical. En 2025, un sondage du Crédoc révèle que 44 % des personnes interrogées ont le sentiment de vivre dans un désert médical.

Accessibilité potentielle localisée à un médecin

Pour combiner ces symptômes et affiner ses observations dans les déserts médicaux, l’ARS utilise depuis 2012 un indicateur : l’accessibilité potentielle localisée à un médecin (APL). Intégré dans le code de la santé, cet indicateur est mis à jour tous les deux ans par le directeur général de l’ARS, permettant d’établir des cartes de « zones rouges » des déserts médicaux par des arrêtés régionaux.

L’APL s’exprime en nombre de consultations accessibles par an et par habitant. Cet indicateur prend en compte le nombre de médecins, le nombre de consultations réalisées par un praticien, l’âge de ce dernier (pour anticiper sa retraite) et le temps d’accès à son cabinet. De plus, le recours aux soins des habitants est défini selon la classe d’âge de la population, pour tenir compte de ses besoins différenciés.

Selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) réalisée en 2021, l’indicateur APL s’est globalement amélioré de 2016 à 2019 pour l’accès à certains services de soins de type infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes ou sages-femmes. En revanche, il s’est dégradé pour l’accès à un généraliste dans les territoires ruraux.

Zones de mission solidarité obligatoire

Qu’en est-il alors des « zones de mission solidarité obligatoire » annoncées par Yannick Neuder ? Le ministre a assuré que ce nouveau découpage, « réalisé avec les préfets, les agences régionales de santé, les élus locaux, et également les professionnels de santé », doit permettre d’« identifier et de provoquer sur ces territoires-là une solidarité collective, un engagement collectif au 1er septembre ».

Après concertation, 151 intercommunalités ont donc été retenues, selon un calcul de « cumul des fragilités ». Parmi elles, on retrouve la densité médicale, le temps de route jusqu’au service d’urgence le plus proche, ainsi que la part des personnes en affection de longue durée et le niveau de vie des ménages.

Selon cet indicateur, 2,5 millions d’habitants sont concernés en France par les déserts médicaux, soit 4 % de la population.

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