Évolution de la contraception masculine : nouvelles méthodes en 2023

Maîtriser sa fertilité

Maxime, 28 ans, fait partie de ces hommes qui ont décidé de prendre en main leur contraception. « Si, avec ma compagne, on avait eu un enfant non désiré, il y aurait peut-être eu un ressentiment ; là, je ne peux m’en prendre qu’à moi. » Même son de cloche pour Léo, 31 ans : « Comme je ne veux pas d’enfant, il n’y avait pas de raison que je ne fasse rien pour ne pas en avoir », justifie-t-il. C’est la souffrance de sa compagne, qui pâtissait de son stérilet, qui l’a poussé à agir.

Les testicules des écureuils

La vasectomie, son côté irréversible et la chirurgie qu’elle implique ne convainquent pas certains hommes ; pour eux, l’anneau contraceptif apparaît comme une bonne alternative. Le principe : glisser, à l’intérieur d’un anneau, la verge et le scrotum, ce qui fait mécaniquement remonter les testicules. Cette technique permet de les réchauffer de deux degrés et stoppe la production de spermatozoïdes.

« Depuis longtemps, on sait que les fortes chaleurs affectent la fertilité chez les hommes », indique Antoine Kolodziej. En effet, en hiver, les écureuils remontent leurs testicules pour hiberner et les redescendent au printemps.

En 2021, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a cependant suspendu la mise sur le marché du modèle commercialisé par Androswitch, « en l’absence de tout marquage CE ». C’est là qu’Entrelac entre en jeu : « Nous allons essayer de l’amener sur le marché. Un essai clinique devrait être validé et nous espérons une mise sur le marché pour 2028 ».

Un dispositif peu contraignant

Maxime a acquis l’anneau avant son interdiction par l’ANSM. « C’est la mère de ma compagne qui m’en avait parlé ! » se souvient-il. C’était il y a trois ans. « C’est comme ta montre, tu vas la porter tous les jours, à force tu ne la sens plus. Et je ne me sens pas émasculé, tout est toujours là ! », rigole-t-il. Léo a souffert d’irritations et de rougeurs, « mais cela s’est réglé en rajoutant un bout de tissu ». Pour lui, c’est une satisfaction totale : « L’anneau est devenu la contraception de notre couple. Je trouve cela incroyable d’avoir un moyen de contraception pour 40 euros qui ne soit pas plus pénible que de porter des chaussettes ».

Sortir de la surmédicalisation

La méthode thermique, qui peut parfois être réalisée de manière artisanale (des ateliers de conception de slips ou d’anneaux se développent), permet également de reprendre le contrôle sur son anatomie. « Cette méthode permet de sortir de la surmédicalisation », reprend Antoine Kolodziej.

Le manque d’alternatives contraceptives pour les hommes est dû à une lente évolution des mentalités. « Les femmes étant celles qui risquent d’être enceintes, il est logique que l’on développe une offre pour elles », rappelle Kolodziej. Certains hommes considèrent que c’est le choix des femmes de garder l’enfant, mais gérer le risque de grossesse en amont pourrait être bénéfique pour tous.

Où en est-on de la recherche sur la contraception masculine ?

Actuellement, plusieurs méthodes sont à différents stades de développement :

• Injection hebdomadaire hormonale : À réaliser une fois par semaine, en intramusculaire. L’augmentation de testostérone trompe le cerveau et arrête la production de spermatozoïdes. Ce protocole est validé par l’OMS.
• Vasalgel ou Risug : Injection à travers la peau du scrotum, obstruant le canal déférent. Des essais ont été menés avec succès sur les lapins et les singes.
• Nestorone gel : À appliquer quotidiennement sur les épaules, en phase finale des essais cliniques. Ce gel hormonal passe à travers la peau et interrompt la production de spermatozoïdes.
• Pilule masculine : Des tests sont en cours, mais les effets secondaires sont jugés trop importants.

Il existe aussi des méthodes plus exotiques en développement, telles que le bain testiculaire à ultrasons et la valve testiculaire. Ces méthodes sont encore à des stades expérimentaux.