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La guerre à Gaza : Un témoignage poignant sur les traumatismes psychologiques
Nour Z. Jarada, psychologue pour Médecins du Monde France, partage son expérience de vie à Gaza, un territoire marqué par la guerre. Dans ce quatrième épisode, elle aborde les traumatismes psychologiques liés aux déplacements fréquents infligés par le conflit.
Un quotidien empreint de questions sans réponses
Tous les soirs, une question résonne dans l’esprit de Nour : «Jusqu’à quand ?» Cette interrogation, déchirante et sans réponse, souligne un sentiment de perte insupportable. La psychologue évoque la douleur de perdre des proches, la terre natale devenue inaccessibles, ainsi que les nombreux déplacements subis. Elle se souvient avoir compté jusqu’à neuf évacuations, tandis que certains amis ont été déplacés plus de vingt fois. Pourquoi ce cycle incessant de pertes ? Qu’ont-ils fait pour mériter ce chagrin ?
Les espoirs éphémères et la brutalité du réel
Nour rappelle des souvenirs précis des derniers jours à Rafah, notamment la nuit du 6 mai, marquée par des annonces d’un cessez-le-feu. Les cris de joie ont rapidement laissé place à l’horreur lorsque la réalité des bombardements s’est imposée. Ce faux espoir a eu des conséquences tragiques ; elle a perdu des amis, et chaque nouvelle victime est une nouvelle douleur. « Nous ne sommes pas de simples numéros », déclare-t-elle, soulignant l’humanité derrière chaque perte.
Le poids du chagrin et la nécessité de continuer
Suite à une nouvelle évacuation ordonnée, Nour et sa famille se retrouvent à Deir el-Balah, toujours assaillis par le chagrin. Malgré cela, ils tentent de se soutenir mutuellement. La psychologue tente de trouver de l’espoir, essentiel pour avancer. « Nous avons enterré notre chagrin pour reprendre le travail », dit-elle. Elle et ses collègues de Médecins du Monde ont établi des cliniques pour répondre aux besoins pressants des personnes déplacées, témoignant de la résilience face à l’adversité.
Conditions de vie dégradées et santé mentale en crise
Les cliniques accueillent des milliers de personnes ayant tout perdu, cherchant abri et nourriture. Nour évoque les défis auxquels ces établissements font face, tels que la pénurie de personnel qualifié en santé mentale. Les maladies infectieuses prolifèrent tandis que les troubles psychologiques, comme la dépression et le trouble de stress post-traumatique, deviennent omniprésents. « Le poids de ces expériences prend différentes formes », note-t-elle.
Briser le tabou de la santé mentale
Dans cette société, la stigmatisation autour de la santé mentale empêche souvent les gens de chercher de l’aide. Nour insiste sur l’importance de l’intégration des services de santé mentale dans les interventions actuelles. « Notre but est d’atténuer le poids du fardeau », explique-t-elle, en fournissant des services essentiels tels que des consultations psychologiques et de la gestion du stress.
Des moments d’espoir au milieu de la souffrance
Malgré ces épreuves, la gratitude des patients constitue une véritable source de motivation pour Nour. Un enfant lui a posé une question déconcertante, illustrant l’innocence perdue au milieu des bombardements. C’est cette humanité qui rappelle à Nour l’importance de son travail. Les sourires d’enfants et les remerciements des parents lui rappellent qu’il reste encore de la bonté dans ce monde en guerre.
L’espoir de retrouver un jour sa ville natale continue d’animer ses pensées. Gagner ce combat contre l’injustice et la douleur semble être le seul moyen de faire vivre la mémoire de ceux qui ont été perdus.