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Découvertes il y a près de 50 ans, les sculptures monumentales de Cerdeña intriguent toujours autant. Ces figures de plus de deux mètres, armées et impressionnantes, ont récemment fait l’objet d’une nouvelle interprétation. Loin d’être de simples représentations symboliques de pouvoir, elles pourraient en réalité illustrer des personnes atteintes d’acromégalie il y a plus de 3000 ans.
Un mystère archéologique dans la nécropole de Mont’e Prama
Les géants de Mont’e Prama ont été découverts dans les années 1970 lors de fouilles dans une nécropole proche de Cabras, dans l’ouest de la Sardaigne. Ces sculptures, retrouvées en fragments, ont été recomposées pour révéler des archers, guerriers et boxeurs d’une taille impressionnante.
Bien que leur fonction exacte reste sujette à débats, plusieurs hypothèses sont avancées :
- Gardiennage symbolique des tombes.
- Éléments d’un temple ou d’un lieu de culte.
- Hommage collectif en lien avec un événement majeur de la civilisation nuragique.
Les sépultures associées sont circulaires et couvertes de dalles de pierre. Les squelettes découverts indiquent une élite composée d’hommes jeunes, possiblement des chefs, guerriers ou athlètes bénéficiant d’un statut privilégié. Ces vestiges datent de la fin du IXe au milieu du VIIIe siècle avant notre ère, en plein âge du fer.
Le site aurait pu être détruit à la suite de conflits internes entre communautés nuragiques ou par des invasions phéniciennes ou carthaginoises, mais les causes exactes restent incertaines.
Une hypothèse médicale révolutionnaire sur l’acromégalie
Un article récent publié dans le Journal of Endocrinological Investigation propose une lecture inédite des sculptures. Les chercheurs suggèrent que ces statues pourraient représenter de véritables individus atteints d’acromégalie, une maladie rare provoquant une croissance excessive des os et des tissus mous.
L’analyse des traits physiques des statues révèle plusieurs caractéristiques évocatrices :
- Cuirasse crânienne avec arcs sourciliers très marqués.
- Pommettes saillantes et mandibules proéminentes.
- Nez large et membres épais avec musculature exagérée.
Maria Rosaria Ambrosio, endocrinologue et co-auteure de l’étude, souligne que ce phénomène de représentation de corps déformés ou hypertrophiés est récurrent dans l’histoire de l’art. Elle rappelle que dans l’art grec ancien, des figurines en terre cuite présentent déjà des traits similaires, témoignant d’une conscience ancienne de cette pathologie.
Entre réalisme anatomique et symbolisme du pouvoir
Les auteurs de l’étude ne rejettent pas l’idée que ces sculptures puissent aussi symboliser la puissance physique ou l’autorité des personnes enterrées, courant dans de nombreuses cultures antiques. Cette dualité entre représentation réaliste et signification symbolique est fréquemment observée dans divers styles artistiques historiques.
Pour avancer dans la compréhension de ces énigmatiques géants, les chercheurs insistent sur la nécessité d’une collaboration multidisciplinaire :
- Anthropologues pour étudier les restes humains.
- Archéologues pour contextualiser les découvertes.
- Généticiens pour analyser les éventuelles anomalies génétiques.
Malgré un demi-siècle d’investigations, les géants de Mont’e Prama restent un mystère fascinant, chaque découverte apportant son lot de questions et enrichissant l’histoire complexe de cette civilisation nuragique.