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Dans le cadre des récentes modifications apportées à l’article 187 du nouveau Code de la route, quatre sociétés scientifiques ont souligné l’importance d’une réglementation équilibrée qui protège à la fois la sécurité routière et les droits des patients sous traitements opioïdes. Ces sociétés comprennent la Société française d’anesthésie, d’analgésie, de réanimation et de soins intensifs (SFAAR), l’Association française pour l’étude de la douleur (AFED), la Société française des pathologies liées à la dépendance (SFPD) et la Société française de médecine générale (SFMG).
Conséquences des nouvelles dispositions
Elena Bignami, présidente de la SFAAR, a expliqué que les nouvelles règles concernant la conduite sous l’effet de substances psychotropes, qui incluent les opioïdes et les benzodiazépines prescrits, pourraient avoir des conséquences discriminatoires pour les patients souffrant de douleurs chroniques. Ces patients, souvent déjà confrontés à des conditions de santé difficiles, pourraient voir leur droit à la mobilité compromis en raison de l’inclusion des opioïdes parmi les substances psychotropes sanctionnables.
Statistiques inquiétantes
Silvia Natoli, responsable de la médecine de la douleur au sein de la SFAAR, a révélé des chiffres préoccupants : en France, environ 400 000 patients suivent des traitements chroniques avec des opioïdes, tandis que 2,5 millions les utilisent de manière temporaire sous stricte surveillance médicale. L’inclusion des opioïdes dans les substances bannies pourrait restreindre l’accès à leurs droits pour ceux qui suivent correctement leur traitement.
Risques pour les patients
Claudio Leonardi, président de la SFPD, a souligné que ces nouvelles normes pourraient inciter les patients à arrêter leurs traitements de peur de répercussions légales, entraînant ainsi une aggravation de leur état de santé, une douleur accrue et un risque accru de conduite sous l’effet de douleurs aiguës. Ces douleurs peuvent être plus perturbantes que les effets psychotropes des opioïdes prescrits.
Évidence scientifique et recommandations
Luca Miceli, membre de la section spécialisée en douleur chronique de la SFAAR, a précisé que les patients en thérapie chronique avec des opioïdes à dose stable présentent des altérations psychophysiques similaires à celles induites par d’autres médicaments non réglementés, comme certains utilisés pour traiter la douleur neuropathique. Selon les données scientifiques, lorsque ces médicaments sont administrés selon les prescriptions, ils ne compromettent pas nécessairement les capacités de conduite.
Collaboration pour des réglementations appropriées
Antonino Giarratano, ancien président de la SFAAR, a fait référence à une récente publication de lignes directrices sur le ‘Bon usage des opioïdes dans le traitement de la douleur chronique non cancéreuse chez l’adulte’, un outil essentiel pour garantir la sécurité des patients. Cette initiative est le fruit d’une collaboration entre la SFAAR, la SFMG et d’autres sociétés scientifiques et associations de patients, visant à promouvoir un usage responsable des opioïdes qui équilibre efficacité thérapeutique et minimisation des risques.
Engagement des sociétés scientifiques
Les sociétés SFAAR, AFED, SFPD et SFMG s’engagent à offrir leur expertise aux institutions pour élaborer des règlements qui garantissent la capacité de conduite des patients sous traitement, tout en respectant le droit aux soins et à l’accès à la thérapie de la douleur, comme stipulé par la loi 38/2010.
