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Pourquoi les femmes ressentent-elles davantage le froid que les hommes ?

by charles

Brrr ! Vous frissonnez en travaillant ? Sobriété énergétique oblige, en France, la température maximale autorisée pour le chauffage des bureaux est fixée à 19 °C en moyenne durant les périodes d’occupation, selon le Code de l’énergie. Une limite qui ne convient pas forcément à tout le monde : la sensation de froid peut varier selon les individus — et selon les sexes.

Thermorégulation : comment le corps régule notre température ?

À l’instar d’un thermostat biologique, la thermorégulation permet de maintenir notre température corporelle autour de 37 °C. Ce système est contrôlé par une région du cerveau nommée l’hypothalamus, qui reçoit des informations via les thermorécepteurs situés dans la peau, au niveau des viscères et de la moelle épinière. À la moindre différence, l’hypothalamus envoie des signaux pour activer divers mécanismes : les poils se hérissent pour renforcer notre couche isolante, le métabolisme s’accélère, les muscles se contractent pour produire davantage de chaleur et les vaisseaux sanguins périphériques se resserrent afin de limiter les pertes de chaleur.

Pourquoi les femmes sont-elles plus sensibles au froid que les hommes ?

Bien que les recherches soient encore limitées, plusieurs facteurs pourraient expliquer ces différences de ressenti : l’âge, la fatigue, les hormones, le métabolisme, mais aussi la morphologie.

« La question de la sensibilité au froid est délicate », prévient d’emblée Benoît Dugué, directeur adjoint du laboratoire Mobilité, Vieillissement, Exercice à l’université de Poitiers. « En cryothérapie, nous avons observé la vitesse à laquelle la température de la peau chutait chez des personnes jeunes et âgées, tous sexes confondus. Il apparaît que les femmes, qui rapportent avoir plus froid, présentent également une peau plus froide que les hommes durant la séance. Les thermorécepteurs cutanés sont donc davantage sollicités, car situés sur des zones plus sensibles. »

L’aspect physiologique

Les femmes ont en moyenne un rapport surface / masse plus élevé, ce qui signifie qu’elles perdent plus de chaleur par unité de poids corporel que les hommes. « Une surface de peau proportionnellement plus grande par rapport à la masse corporelle, c’est autant de portes de sortie pour la chaleur, ce qui accentue la sensation de froid », illustre le chercheur.

L’aspect hormonal

Au-delà des différences physiologiques, certaines études suggèrent que les hormones influencent également la perception du froid. « Le récepteur au froid appelé TRPM8 est inhibé par la testostérone. Autrement dit, plus il y a de testostérone, moins ce récepteur est sensible aux variations de température. » Chez la femme, ce récepteur serait plus actif, ce qui accroît la sensibilité au froid. Des travaux évoquent que des variations hormonales peuvent moduler la thermosensation, et ce mécanisme pourrait expliquer pourquoi les hommes âgés, chez qui le taux de testostérone diminue, ressentent plus intensément le froid que les plus jeunes.

L’aspect métabolique

Enfin, le métabolisme de base joue aussi un rôle. Les hommes ont généralement une masse musculaire et un poids plus élevés, ce qui augmente leur production de chaleur. « Le muscle est un important consommateur d’énergie et agit comme un véritable radiateur interne. Plus un homme a une musculature développée, moins il a froid. En vieillissant, la perte de masse musculaire rend les hommes plus vulnérables aux basses températures. » Les femmes, quant à elles, possèdent souvent moins de muscles et davantage de tissu adipeux blanc. Bien que la graisse isole, elle n’est pas thermogénique comme le muscle.

Pourquoi les femmes ont-elles les extrémités plus froides ?

Votre moitié se plaint de pieds glacés sous la couette ? Là encore, les hormones jouent un rôle. Les œstrogènes épaississent sensiblement le sang qui circule moins facilement jusqu’aux extrémités. Une étude publiée dans The Lancet en 1998 montre que la température des mains est en moyenne inférieure d’environ 1,6 °C chez les femmes par rapport aux hommes.

La frilosité des femmes n’est pas qu’une question biologique. La réglementation relative au climat intérieur s’appuie sur des modèles historiques de confort thermique, souvent basés sur des valeurs propres à un homme moyen. Les chercheurs soulignent que ces standards peuvent surestimer le métabolisme féminin jusqu’à 35 %, contribuant à un inconfort thermique féminin dans certaines conditions.

« La réglementation relative au climat intérieur repose sur un modèle empirique de confort thermique développé dans les années 1960 », explique Boris Kingma, chercheur au Centre médical universitaire de Maastricht. « Les valeurs standard pour des variables comme le métabolisme sont basées sur un homme moyen et peuvent surestimer le métabolisme féminin jusqu’à 35 %. »

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