Home SantéProcès Péchier à Besançon : Témoignages poignants de la famille Ziegler

Procès Péchier à Besançon : Témoignages poignants de la famille Ziegler

by Sara
France

La famille Ziegler a témoigné ce jeudi au procès Péchier à Besançon, racontant la perte de Suzanne, décédée le 14 octobre 2008, et exprimant la douleur accumulée depuis que la mort de leur mère est désormais considérée comme un empoisonnement.

Témoignages de la famille Ziegler au procès Péchier à Besançon

Discrets jusqu’alors, les proches de Suzanne Ziegler sont montés à la barre cet après‑midi devant la cour d’assises du Doubs. Beaucoup de larmes ont coulé dans la salle lors des témoignages : public, jurés et même certains magistrats ont été émus en entendant la famille. Suzanne est décédée le 14 octobre 2008 alors qu’elle était en bonne santé et devait être opérée de la hanche ; la famille a d’abord accepté ce décès sans autopsie : « on l’avait accepté, on ne voulait pas d’autopsie, on est une famille de médecins, on n’a pas le réflexe de mettre en cause d’autres médecins. » Ce n’est que neuf ans plus tard qu’ils ont compris que la mort n’était probablement pas un accident.

Le procès, qui vise Frédéric Péchier, ancien anesthésiste, porte sur des suspicions d’empoisonnements : 30 cas, dont 12 mortels entre 2008 et 2017. Le dossier a profondément marqué la région et les familles des victimes.

Les prises de parole : François, Olivier, Delphine et Claire

François Ziegler, l’aîné des sept enfants, est médecin neurologue. Ancien chef de service à l’hôpital de Belfort, Vesoul et Lure et aujourd’hui en activité en cabinet libéral à Belfort, il a livré un témoignage précis, quasi médical, devant la cour. Il a décrit sa mère comme « une femme de 74 ans, en bon état physique et mental », et a rappelé que la famille n’avait d’abord pas cherché à remettre en cause l’intervention médicale. Lorsqu’il a appris, en 2017, que la mort de sa mère était sans doute un empoisonnement et que le docteur Péchier était soupçonné, il a d’abord éprouvé de l’incrédulité puis la nécessité de rencontrer Colette Arbez, l’anesthésiste intervenue lors de l’opération. François raconte : « J’étais étonné de trouver une femme dévastée détruite qui avait vécu sept décès de patients alors que c’était une femme remarquable. » Il dit être « converti » après avoir consulté le dossier et rend hommage à cette anesthésiste, empêchée de témoigner pour des raisons de santé.

Olivier, deuxième fils et lui aussi médecin, a structuré son témoignage en plusieurs phases : le choc initial de la mort maternelle, la découverte neuf ans plus tard d’un arrêt cardiaque inexpliqué survenu quatre jours avant le décès, puis le refus de voir trahi le serment médical — « je ne provoquerai jamais la mort délibérément dit le serment » — et enfin l’étude du dossier clinique et judiciaire qui l’a convaincu de la culpabilité présumée de Frédéric Péchier. Sur la confraternité médicale, il a lancé aux jurés : « Le devoir de confraternité, ce n’est pas couvrir une faute. »

Delphine, « la numéro cinq » des enfants, a projeté une photo de famille montrant Suzanne entourée de ses enfants. Elle a relaté le moment où, à la clinique Saint‑Vincent, elle a tenu la main de sa mère alors que son cœur s’est arrêté : « Je la sentais s’éloigner, je lui ai tenu la main, je lui ai parlé de tout ce qu’elle aimait, ses enfants, ses 21 petits‑enfants, son arrière‑petit‑fils qui venait de naître, je lui disais de s’accrocher, je sentais sa main qui se refroidissait. J’étais très seule, l’infirmier est venu arrêter la machine, c’était un silence assourdissant. »

Neuf ans après, Delphine a découvert en lisant la presse que le décès de sa mère pouvait être lié à l’affaire Péchier. S’adressant à la salle, elle a déclaré : « Cette affaire Péchier c’est l’affaire de tous, mesdames messieurs les jurés, n’importe qui aurait pu être sur la table. C’est toute la population de la région qui est concernée. » Elle a résumé sa douleur et sa colère par ces mots : « Nous sommes tous dans la perpétuité des larmes. » Elle s’est également adressée à l’accusé : « Vous allez devoir réaliser. »

Claire, au nom des 21 petits‑enfants, a évoqué les étés passés chez sa « mamou » d’Auxelles‑Haut et la transmission des goûts pour la musique, la cuisine et les arts. Elle a dit son ressentiment face aux changements de versions allégués de l’accusé depuis l’ouverture du procès.

L’émotion a été palpable : l’avocate générale Thérèse Brunisso a essuyé ses yeux, des jurés ont eu du mal à contenir leurs larmes et une partie du public a fondu en larmes. À l’inverse, Frédéric Péchier est resté impassible, sans réaction apparente, au fond de sa chaise.

Le procès se tient devant la cour d’assises du Doubs. Frédéric Péchier, ancien anesthésiste de la clinique Saint‑Vincent à Besançon, clame son innocence. Parmi les 155 parties civiles figurent des familles d’autres patients décédés ou affectés pendant la période ciblée par l’enquête.

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