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La consommation détournée de protoxyde d’azote, sous forme de capsules et de bonbonnes, suscite des préoccupations croissantes quant à la santé des jeunes en France. Les autorités publiques et les professionnels de la santé se mobilisent face à cette problématique. Les arrêtés municipaux se multiplient, tandis que des lois sont mises en place pour encadrer cette pratique qui ne fait plus rire.
Un phénomène en expansion
Ce phénomène ne date pas d’hier, mais il prend une ampleur inquiétante. D’après le réseau national d’addictovigilance, le nombre de cas signalés a été multiplié par dix entre 2019 et 2022. L’usage détourné de protoxyde d’azote, notamment à travers des capsules destinées aux siphons de chantilly ou à des fins médicales en anesthésie, continue d’augmenter. Les conséquences sont visibles dans les rues, où des capsules métalliques, ballons et bonbonnes jonchent le sol. Les répercussions sont graves : accidents, décès et effets néfastes sur la santé à long terme. L’âge moyen des utilisateurs est d’environ 22 ans, tandis que 13 % des complications touchent des mineurs. En réponse, plusieurs maires, comme ceux de Bordeaux en 2024, Bayonne en mai et Libourne en juillet, ont pris des arrêtés interdisant l’usage de ce gaz à des fins récréatives sur la voie publique.
Les effets immédiats
Les effets recherchés par les utilisateurs incluent une sensation d’euphorie, d’où le nom de « gaz hilarant », ainsi que des distorsions sensorielles. Ces sensations ne durent que quelques secondes. Bien que cette substance soit peu coûteuse, elle attire particulièrement les jeunes. Cependant, les effets indésirables immédiats peuvent être graves : asphyxie, perte de connaissance temporaire, brûlures dues à la température glaciale du gaz, désorientation, vertiges et céphalées. Ces symptômes, principalement causés par l’asphyxie, modifient notre consommation d’oxygène, ce qui peut entraîner des accidents mortels. En septembre 2020, un jeune de 17 ans a perdu la vie dans un accident de voiture à Bordeaux, après que le conducteur ait consommé du protoxyde d’azote.
Les risques à long terme
Au-delà des dangers immédiats, une consommation sporadique à haute dose ou répétée peut avoir des conséquences sévères sur la santé. Les centres d’addictovigilance rapportent des troubles neurologiques, tels que des difficultés à marcher, des fourmillements, et parfois des symptômes plus graves. Il est également constaté que certains jeunes développent une forme d’addiction, entraînant des troubles neurologiques et psychiatriques. Ce phénomène nécessite des prises en charge médicales variées et souvent une orientation vers des spécialistes en addictologie.
Réglementation et prévention
Face à l’ampleur de ce phénomène, des mesures législatives ont été mises en place. Une première loi en 2021 interdit la vente de cartouches de protoxyde d’azote aux mineurs. Une seconde loi, votée en janvier dernier, vise à interdire la vente de ce gaz aux particuliers tout en renforçant la prévention dans les établissements scolaires. Il reste cependant à encadrer la vente en ligne de cette substance. La question de l’impact environnemental est également soulevée, notamment la pollution visuelle causée par les capsules abandonnées, qui impose un travail supplémentaire aux services de nettoyage municipaux. De plus, ces capsules, issues de l’usage détourné, peuvent provoquer des incidents dans les centres d’incinération des déchets.