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Après un premier accouchement éprouvant durant 56 heures, India Crotty souhaitait à tout prix éviter une nouvelle expérience traumatisante pour la naissance de son deuxième enfant. Mais malgré ses craintes et sa demande explicite d’une césarienne, elle a été contrainte d’accoucher naturellement d’un bébé particulièrement gros, dans des conditions dramatiques.
Un accouchement naturel imposé malgré une demande de césarienne
Vers la fin de sa grossesse, les contrôles ont révélé que le deuxième enfant d’India, un garçon, serait encore plus volumineux que sa fille, née avec un poids de 4 kg 15 g. Les échographies ont estimé un poids avoisinant les 5 kg, soit environ un tiers de plus que la moyenne des nouveau-nés. India, mesurant 1,70 m et de silhouette fine, redoutait donc cet accouchement naturel.
« Même ma sage-femme de secteur s’inquiétait que je mette au monde mon bébé naturellement », confie India, âgée de 35 ans et consultante en affaires. Sa sage-femme a soutenu sa demande de césarienne auprès du consultant responsable à l’hôpital, qui a toutefois refusé, estimant qu’une césarienne n’était pas justifiée simplement par la peur.
Quand India est entrée en travail quelques jours plus tard, la sage-femme l’a rassurée en lui disant qu’elle pourrait toujours demander une césarienne à son arrivée à l’hôpital. Mais une fois sur place, India est restée seule dans la salle d’accouchement pendant deux heures, hurlant de douleur. Quand les sages-femmes sont finalement intervenues, elles lui ont conseillé de continuer l’accouchement, le bloc opératoire étant indisponible.
« Mon compagnon était désespéré de ne pas pouvoir obtenir de l’aide, mais il n’y avait pas assez de personnel », se souvient-elle. « C’était terrifiant, une expérience horrible du début à la fin ».
Un accouchement traumatisant avec des conséquences graves
India a accouché naturellement d’un bébé de 4,9 kg après un travail de 11 heures qualifié de « véritablement horrible ». Elle a subi de graves lésions internes, une hémorragie importante et une perte d’environ 1,4 litre de sang. De plus, une tentative ratée de pose de péridurale l’a laissée sans aucune anesthésie durant l’accouchement.
« Je ne peux pas décrire la douleur que j’ai ressentie », confie India. « Je hurlais, pleurais et à plusieurs moments, j’ai dit à mon compagnon que je voulais mourir. Lui aussi était profondément bouleversé ». Après l’accouchement, elle a dû recevoir des injections quotidiennes de fer pendant plusieurs semaines pour compenser sa perte de sang.
Le traumatisme a eu un impact durable : India a reçu un diagnostic de trouble de stress post-traumatique (TSPT) et suit actuellement un traitement médicamenteux accompagné d’une thérapie psychologique.
« On pensait aller à l’hôpital pour une césarienne, mais je me suis retrouvée seule, sans aide, sans que personne ne m’écoute, dans une douleur inimaginable. J’avais envie de mourir », confie-t-elle.
Des conséquences psychologiques et sociales lourdes
Depuis cet accouchement, India souffre d’anxiété sévère, au point de ne plus réussir à sortir de chez elle avec ses enfants âgés de deux ans et huit mois. Elle explique : « Avant la naissance de mon fils, beaucoup me rassuraient en me disant que tout irait bien, mais c’était pire que ce que je craignais ». Elle a dû renoncer à ses projets d’agrandir sa famille.
« J’ai toujours voulu une grande famille, mais je ne peux pas risquer de revivre ça », ajoute-t-elle avec amertume.
Un problème systémique : quand le refus de césarienne mène au drame
La situation d’India n’est malheureusement pas isolée. Un récent rapport d’enquête a révélé qu’un bébé, Emmy Russo, est décédé après un délai de près de 11 heures avant la réalisation d’une césarienne pourtant demandée dès son admission à l’hôpital. Malgré des signes de souffrance fœtale, la demande de césarienne de la mère avait été ignorée.
Cette affaire souligne la nécessité d’un processus clair et structuré pour les demandes de césariennes, notamment en fin de grossesse, un point actuellement à l’étude dans plusieurs établissements.
Le débat sur la césarienne en France : entre choix des femmes et contraintes hospitalières
Jusqu’à récemment, les hôpitaux favorisait les accouchements dits « naturels », avec même des objectifs de limitation du nombre de césariennes. Ce modèle a été remis en cause après plusieurs scandales et rapports dénonçant des refus de césariennes au détriment de la santé des femmes et des bébés.
Les chiffres en Angleterre montrent que près de la moitié des naissances se font désormais par césarienne, mais plus de la moitié sont des interventions en urgence. Un déséquilibre qui amène certains spécialistes à pointer du doigt les difficultés logistiques et le manque d’équipements, comme l’absence de blocs obstétricaux dédiés partout et en permanence.
Le Dr Ian Scudamore, vice-président pour l’éducation du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists, souligne que les femmes doivent être pleinement soutenues dans leurs choix, mais que le sous-investissement dans les services de maternité freine cet accompagnement.
Les droits des femmes à une césarienne : un enjeu majeur de santé publique
Les recommandations de l’Institut National pour la Santé et l’Excellence des Soins (NICE) indiquent que les professionnels doivent soutenir les femmes demandant une césarienne, à condition qu’elles aient fait un choix éclairé. Cela implique une discussion approfondie sur les risques et bénéfices.
Si l’accouchement vaginal reste sûr, la césarienne comporte des risques accrus, notamment d’hémorragies, infections, et de complications futures liées au placenta. Néanmoins, les accouchements par voie basse, surtout instrumentaux, présentent aussi des risques importants de lésions périnéales et de dysfonctionnements du plancher pelvien.
En cas d’anxiété liée à l’accouchement, un accompagnement en santé mentale périnatale est recommandé. Pourtant, certaines femmes ressentent encore une pression pour renoncer à la césarienne, comme le rapporte l’histoire de Nikki Melless Botha, qui a dû se battre auprès de plusieurs sages-femmes pour obtenir une césarienne programmée.
Des coûts économiques et humains importants
Si la césarienne programmée coûte presque deux fois plus cher qu’un accouchement vaginal non assisté, des études ont montré qu’elle permet de réaliser une économie moyenne de 470 euros par naissance en prenant en compte les indemnisations liées aux blessures et décès survenus lors d’accouchements par voie basse.
Le système de santé britannique verse chaque année 1,15 milliard d’euros en compensations pour des incidents liés à la maternité, soit près de 1 700 euros par enfant né. Mais le coût humain, en termes de trauma et de santé mentale, demeure inestimable.
India témoigne de ce poids psychologique : « Je me sentais coupable de ne pas pouvoir être la mère que je voulais être ». Son anxiété postnatale l’empêche de confier ses enfants en crèche ou de faire de longs déplacements, de peur qu’il ne leur arrive quelque chose.
Vers un meilleur respect du droit à la césarienne ?
India regrette que sa demande de césarienne, formulée dès septembre dernier, ait été ignorée. Elle insiste : « Ce choix n’a pas été pris à la légère, je savais que la récupération serait difficile avec un jeune enfant, mais c’était la meilleure option ». Elle déplore que pour beaucoup de femmes, la naissance perde sa dimension magique et devienne un traumatisme.
Un porte-parole du NHS a souligné que chaque naissance est différente et qu’il est primordial que chaque femme puisse discuter de la méthode d’accouchement avec son équipe soignante dans le cadre d’un plan personnalisé. Il a aussi assuré que des efforts continus sont déployés pour améliorer les standards de prise en charge.