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Le rétro-running, ou courir en arrière, est une pratique encore peu répandue dans les espaces publics comme les parcs urbains. Toutefois, elle trouve sa place dans certains domaines sportifs, notamment lors des échauffements ou dans le cadre de la rééducation fonctionnelle. Rares sont les joggers qui s’aventurent à foncer à reculons en pleine nature, et cela s’explique aisément.
En dehors de ces contextes spécifiques, médecins, coachs sportifs et kinésithérapeutes émettent souvent des réserves quant à cette discipline. Courir à reculons apparaît comme un mouvement contre-nature, associé à des risques accrus de blessures, tandis que ses bienfaits pour la santé restent controversés.
Le rétro-running peut présenter certains avantages, à condition de l’intégrer de manière intermittente et adaptée dans vos séances d’entraînement. La course à reculons sur plusieurs kilomètres en milieu urbain est déconseillée. Découvrez tout ce qu’il faut savoir sur cette activité originale et controversée.
“Sans intérêt”, “contre-nature” et “dangereux”
Des mouvements non naturels
La course en arrière sollicite les articulations des genoux, des hanches et des chevilles de manière inhabituelle, ce qui peut accroître les risques de blessures. Le dos, notamment la région cervicale, est également soumis à une pression inhabituelle. En effet, pour éviter les obstacles, il est nécessaire de tourner constamment la tête, ce qui peut entraîner des douleurs cervicales ou dorsales.
Maladies de la voûte plantaire
Le docteur Simon Pierre Malong, médecin du sport, explique que courir à reculons mobilise des muscles peu sollicités en course classique. Cependant, une pratique excessive peut poser problème. Il souligne :
« Les pathologies de la voûte plantaire sont, par exemple, un risque en course à reculons, souvent liées à une pression excessive sur l’avant du pied. »
Pas d’intérêt sur le plan sportif ?
Sur le plan cardiovasculaire, les avis sont partagés. Le kinésithérapeute Grégoire Gibault estime qu’il est souvent plus efficace de courir rapidement vers l’avant que lentement à reculons. De même, la dépense calorique et les performances seraient moindres en rétro-running.
Néanmoins, certains professionnels reconnaissent que cette pratique sollicite davantage la proprioception et le système neurosensoriel. Le coach sportif Mathieu Mazan précise :
« Courir à reculons exige un effort proprioceptif et neurosensoriel plus important que la course en avant, ce qui peut améliorer certaines compétences physiques. »
Selon le docteur Malong, la fréquence cardiaque et la consommation calorique pourraient même être supérieures en course arrière.
Une pratique à risque de collisions
Le principal danger du rétro-running est lié à la difficulté à voir ce qui se trouve derrière soi. On peut facilement heurter un arbre, un piéton, une voiture ou trébucher sur un obstacle, augmentant ainsi les risques d’accidents.
Absence de preuves scientifiques solides
Le manque d’études approfondies limite la reconnaissance du rétro-running comme méthode efficace pour améliorer la condition physique générale. Cette discipline ne peut donc pas être recommandée en intensité sans réserve. Elle est plutôt intéressante comme outil complémentaire lors d’entraînements ou en rééducation fonctionnelle.
Courir en arrière : pourquoi ? Est-ce que ça sculpte le corps ?
Malgré les critiques, certains professionnels du sport et de la santé intègrent le rétro-running ou même la marche arrière, appelée rétro-walking, dans des contextes précis.
Des figures historiques comme Christian Grollé et le kinésithérapeute Alain Chassaignon ont défendu cette discipline dans les années 80-90, vantant ses effets positifs sur la qualité de la course et la santé corporelle. Ils recommandaient son usage pour les échauffements ou la rééducation, bien que depuis ils préfèrent rester discrets.
Un outil pour un entraînement dynamique
Le rétro-running peut être un excellent moyen de dynamiser un échauffement. Le coach Mathieu Mazan recommande :
« Par exemple, alterner un tour de terrain en course avant avec un tour en marche ou course arrière améliore la coordination, l’équilibre et renforce certains muscles stabilisateurs. »
Cette pratique cible particulièrement les muscles situés à l’avant des cuisses et les mollets, offrant ainsi un travail musculaire plus exigeant.
Un soutien en rééducation fonctionnelle
Le kinésithérapeute Grégoire Gibault souligne que, intégré à un programme de rééducation, le rétro-running permet de renforcer les muscles moins sollicités habituellement, comme les ischio-jambiers et les fessiers. Il peut être utile après une blessure, notamment des claquages musculaires.
De plus, l’ostéopathe Hemrick Verwaerde explique que cette activité, pratiquée sur la pointe des pieds, réduit l’impact sur les articulations par rapport à la course classique. Elle est donc adaptée aux échauffements et à certains programmes de rééducation.
Dans tous les cas, il est conseillé de pratiquer cette discipline avec modération, sous la supervision d’un professionnel, afin d’assurer la sécurité et l’efficacité.
Retro-runners : une communauté fun et passionnée !
Le rétro-running séduit progressivement un public de plus en plus large à travers le monde. Des compétitions régulières se tiennent notamment au Royaume-Uni, mêlant esprit ludique et défi physique.
Malgré l’absence d’une fédération officielle et de critères stricts, certains athlètes comme Garrett Doherty réalisent des performances remarquables, bien que non encore reconnues officiellement.
Cette discipline attire une communauté enthousiaste, séduite par son originalité et les bienfaits physiques qu’elle propose. Si la compétition reste marginale, elle contribue à faire connaître et progresser la pratique.
Comment s’échauffer avec le rétro-running ?
Le rétro-running est une façon ludique et efficace d’ajouter de la variété à un échauffement tout en sollicitant des muscles souvent négligés. Toutefois, il est essentiel de ne pas s’y risquer seul, surtout en débutant.
Se faire accompagner par un coach ou un professionnel du sport permet d’apprendre la bonne posture et d’éviter les risques de blessures. Il est conseillé de débuter par des sessions courtes et progressives sur un terrain sécurisé, sans obstacles ni passants.
Le coach Mathieu Mazan recommande également la pratique en salle, sur tapis de course, sous supervision :
« Alternez 1 à 2 minutes de course avant avec 10 à 20 secondes de rétro-running pour préparer efficacement jambes, hanches et articulations. »
On peut commencer par une marche rapide, puis introduire progressivement le rétro-running, tout en restant attentif à la posture. Cet échauffement dynamique stimule la circulation sanguine, améliore la coordination et renforce des muscles clés comme les ischio-jambiers et les fessiers, pour un entraînement optimisé et bénéfique.