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Risques de problèmes métaboliques à 60 ans liés au surpoids dès 20 ans

par charles

Risques de problèmes métaboliques à 60 ans liés au surpoids dès 20 ans

Chacun le sait, le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque importants de problèmes cardiovasculaires. Mais selon une étude parue le 16 juillet dans l’_European Heart Journal_, ce risque pourrait apparaître très tôt dans l’existence. En effet, les chercheurs ont établi des liens entre la prise de poids dans la jeunesse et des faiblesses cardiaques en vieillissant.

« Nous savons que le surpoids est associé à une moins bonne santé cardiaque, mais nous savons peu de choses sur la relation à long terme entre le surpoids au cours de la vie adulte et la santé cardiaque ultérieure. Nous voulions voir si le surpoids aux premiers stades de la vie adulte montrait des associations durables avec une moins bonne santé cardiaque, quel que soit le poids des personnes plus tard dans la vie », explique Alun Hughes, professeur de physiologie cardiovasculaire et de pharmacologie à l’UCL à Londres, au Royaume-Uni.

Une étude de grande ampleur pour évaluer les effets du surpoids

Pour ce faire, ses collègues et lui se sont basés sur une étude de grande ampleur ayant surveillé la santé de tous les bébés nés en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles au cours d’une semaine de 1946. Ils se sont particulièrement intéressés aux données de 1 690 individus et ont mesuré leur indice de masse corporelle (IMC) ainsi que leur tour de taille tout au long de leur vie. Les chercheurs ont également soumis les participants à des échocardiogrammes pour tenter d’évaluer leur masse ventriculaire gauche. Plus élevée que la norme, cette dernière indique une grande quantité de tissu cardiaque, signe de mauvaise santé cardiaque.

Des dommages cardiaques qui s’accumulent et s’aggravent

Les scientifiques ont alors constaté que les individus présentant un IMC élevé dès 20 ans présentaient une masse ventriculaire gauche plus élevée dans la soixantaine. « Cela suggère que la prise de poids, même à un jeune âge, entraîne des lésions cardiaques en plus des effets du surpoids plus tard dans la vie », alerte le Professeur Hughes. Pour rappel, l’IMC se calcule en divisant le poids (en kg) par le carré de la taille (m). Un IMC inférieur à 18,5 correspond à une insuffisance pondérale. De 18,5 à 25, on parle de corpulence normale, de 25 à 30 de surpoids, de 30 à 35 d’obésité modérée, de 35 à 40 d’obésité sévère et à partir de plus de 40, d’obésité morbide ou massive.

Cette étude présente toutefois quelques limites, mettent en garde ses auteurs. En effet, elle a été réalisée en se basant sur les données d’Européens blancs et ne pourrait donc pas s’appliquer automatiquement à la population mondiale.

« Ce type d’étude ne peut pas prouver de manière irréfutable qu’une prise de poids précoce provoque des lésions cardiaques, mais seulement que les deux sont étroitement liés. Il ne nous dit pas non plus comment les deux sont liés, mais si le surpoids a des effets irréversibles ou seulement partiellement réversibles sur le cœur, nous pouvons nous attendre à voir des dommages cardiaques qui s’accumulent et s’aggravent tout au long de la vie », précise Pr Hughes.

Développer des politiques pour réduire l’épidémie d’obésité

Dans un éditorial accompagnant la publication de l’étude, le Pr Leonardo Roever, du Réseau brésilien de santé fondée sur des données probantes (Uberlândia, Brésil), et ses collègues écrivent : « Cette étude résume de manière poignante le continuum temporel et dimensionnel des lésions cardiaques associées à un IMC anormal, et fournit des preuves convaincantes que le surpoids ou l’obésité, même à un plus jeune âge, se traduit par un profil de risque cardiovasculaire défavorable (…) Il est probable que des améliorations de l’IMC sur plusieurs décennies, comme chez un patient qui était obèse dans sa jeunesse mais qui a maintenant réussi à perdre du poids grâce à un régime et à l’exercice, peuvent se traduire par des avantages cliniques significatifs de la prévention ou de l’inversion des lésions ou des dysfonctionnements cardiaques ».

« Le maintien d’un poids santé est susceptible d’être important pour les gens, même au début de l’âge adulte, et si nous voulons améliorer la santé cardiaque à long terme, nous devons prévenir la prise de poids chez les personnes de tous âges. Cela signifie développer des politiques qui réduiront l’épidémie actuelle d’obésité », concluent quant à eux les auteurs de l’étude.

Les chercheurs prévoient maintenant d’étudier le rôle du diabète et de l’hyperglycémie dans l’association entre prise de poids et santé cardiaque. Ils pensent également analyser le rapport entre prise de poids dans l’enfance et l’adolescence et santé cardiaque.

Une augmentation inquiétante de l’obésité chez les jeunes au niveau mondial

En France, malgré une stabilisation depuis 2006, la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les enfants et les adolescents reste trop élevée met en garde l’Assurance maladie. En effet, 20% des 6-17 ans étaient en surpoids en 2017 dont 5,4% en situation d’obésité. Plus inquiétant encore, parmi les enfants en surcharge pondérale ou obèses à 6 ans, près d’un sur deux le reste en grandissant. Concernant les adultes, près d’un Français sur deux serait en surpoids avec 54% d’hommes et 44% de femmes touché(e)s. La prévalence de l’obésité atteint quant à elle plus de 17%, chez les deux sexes.

Dans le monde, d’après l’OMS, la prévalence du surpoids (obésité comprise) chez les enfants et les adolescents de 5 à 19 ans a énormément augmenté, passant de 8 % en 1990 à 20 % en 2022. Dans le détail, en 2022, 19% des filles et 21% des garçons étaient en surpoids.

Outre les risques de maladies cardiovasculaires et d’hypertension artérielle, l’obésité peut favoriser la survenue d’autres troubles chroniques comme le diabète de type 2, des maladies hépatiques ou rénales et des cancers, notamment celui du sein, de l’utérus ou du foie.

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