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Définition : qu’est-ce que la trichoscopie ?
Adoptée largement depuis les années 2000, la trichoscopie est devenue un outil fondamental dans l’exploration et le suivi des pathologies capillaires. Cette technique dermatologique permet d’observer le cuir chevelu en détail grâce à un dermatoscope offrant un grossissement de 10 à 70 fois des zones ciblées.
Le Dr Philippe Assouly, dermatologue au centre de Santé Sabouraud de l’hôpital Saint-Louis à Paris, précise : « On utilise un dermatoscope à main ou un dermatoscope numérique, un appareil grossissant équipé d’une lumière polarisée permettant d’observer à travers l’épiderme sans reflet, avec la possibilité de prendre des photos très nettes ». L’examen est non invasif, rapide et totalement indolore, pouvant même éviter une biopsie. Il offre un diagnostic précis ainsi qu’une meilleure vision pronostique, tout en assurant un grand confort pour les patients.
Bien que principalement utilisé pour le cuir chevelu, la trichoscopie peut également être appliquée aux sourcils, à la moustache ou à la barbe.
Que permet-elle d’analyser ?
La trichoscopie évalue à la fois l’état des tiges capillaires et celui du cuir chevelu. Elle aide à identifier :
- Des anomalies de la tige pilaire telles que la miniaturisation des cheveux ou des cheveux dystrophiques, comme les cheveux en « point d’exclamation ».
- Des altérations du cuir chevelu, notamment des signes inflammatoires comme rougeurs, pustules, squames, croûtes ou modifications vasculaires et pigmentaires.
Quelles pathologies capillaires la trichoscopie aide-t-elle à diagnostiquer ?
Les alopécies non cicatricielles (réversibles)
- Alopécie androgénétique : caractérisée par une miniaturisation progressive des cheveux sur des zones spécifiques, une baisse de la densité folliculaire et la présence de follicules ne contenant qu’un seul cheveu.
- Effluvium télogène : chute diffuse et temporaire de cheveux sans inflammation, sans autres signes d’alopécie androgénétique.
- Pelade (alopecia areata) : présence de points noirs (cheveux cadavérisés), de points jaunes (accumulation de sébum et kératine) et de cheveux dystrophiques en « point d’exclamation ».
- Alopécie de traction : cheveux affinés, parfois cassés en périphérie, avec inflammation des orifices folliculaires due à une tension excessive (coiffures serrées, extensions).
Alopécies cicatricielles (irréversibles)
- Lichen plan pilaire : absence de follicules et présence d’un érythème péri-folliculaire rouge autour des follicules.
- Alopécie frontale fibrosante : forme de lichen plan pilaire localisée sur la bordure antérieure de l’implantation des cheveux.
- Lupus érythémateux discoïde : hyperkératose folliculaire, vaisseaux dilatés et pigmentation modifiée.
Maladies inflammatoires et infectieuses
Dans le cas de la teigne du cuir chevelu, la dermatoscopie apporte des arguments diagnostiques importants, notamment pour identifier le type de champignon responsable, grâce à des signes spécifiques.
Un outil diagnostique, de suivi et de pronostic
La trichoscopie ne se limite pas au diagnostic initial. Elle permet également un suivi précis de l’évolution des pathologies et de l’efficacité des traitements. En comparant les images obtenues à différents moments, le dermatologue peut évaluer :
- L’évolution d’une inflammation : persistance, aggravation ou amélioration.
- La densité et la qualité des cheveux, repérant les signes de repousse ou de détérioration.
- L’impact des traitements prescrits sur le cuir chevelu.
Elle joue aussi un rôle pronostique important : l’analyse de la structure et de l’état des follicules permet d’estimer les chances de repousse et d’anticiper l’évolution d’une alopécie.
En pratique : comment se déroule cet examen capillaire ? Est-ce douloureux ?
L’interrogatoire médical
Chaque consultation débute par un échange avec le patient afin de comprendre son historique capillaire et général. Ce dialogue est essentiel pour identifier les antécédents familiaux, les problèmes de santé, les habitudes de soins capillaires ainsi que les traitements en cours ou passés.
L’observation globale du cuir chevelu
Le dermatologue effectue d’abord une observation à distance pour analyser la répartition des cheveux, les zones moins denses et la bordure du cuir chevelu. Il réalise ensuite une inspection plus précise à la recherche de signes pathologiques : aspects des cheveux, lésions, rougeurs, desquamations, croûtes ou miniaturisation.
L’examen au dermatoscope
Le cuir chevelu est examiné à l’aide d’un dermatoscope numérique ou manuel. L’appareil peut être appliqué directement sur la peau ou tenu à faible distance selon son modèle. Le médecin observe à travers le dermatoscope, prend des photos qui peuvent être projetées sur écran dans le cas d’un vidéodermatoscope et enregistrées pour un suivi ultérieur. Ces images aident aussi les patients à mieux comprendre leur situation.
Examens complémentaires éventuels
- Biopsie du cuir chevelu : parfois nécessaire pour obtenir un diagnostic histologique précis.
- Analyses biologiques : détection de carences, déséquilibres hormonaux, ou identification de champignons et bactéries par prélèvement local.
Est-ce un examen douloureux ?
La trichoscopie est un examen totalement indolore et non invasif. Le patient ressent seulement un léger contact sur son cuir chevelu lors de l’examen.
Faut-il se couper les cheveux avant l’examen ?
Il n’est pas nécessaire de couper ou raser les cheveux avant l’examen. Grâce à cette technique, l’examen est adapté à tous types de cheveux. En cas de forte densité capillaire, les cheveux sont simplement écartés pour observer le cuir chevelu.
Durée et coût de la trichoscopie
La trichoscopie fait partie intégrante de la consultation médicale, avec une durée de quelques minutes. Parfois, elle est demandée par un confrère dans un contexte spécifique et peut être facturée avec un compte rendu détaillé.
Quelles sont les limites de la trichoscopie ?
Si la trichoscopie est une technique avancée et non invasive d’analyse du cuir chevelu, elle présente néanmoins certaines limites qui nécessitent l’expertise du dermatologue :
- Elle ne permet pas d’analyser les tissus en profondeur contrairement à une biopsie, indispensable en cas de doute sur une alopécie cicatricielle, une maladie inflammatoire rare ou certaines tumeurs.
- Certains types d’alopécies cicatricielles présentent des signes visuels proches, rendant l’interprétation délicate et fondée sur l’expérience du dermatologue.
- Les soins capillaires comme les colorations, huiles ou traitements à la kératine peuvent temporairement modifier l’apparence des cheveux sous dermatoscope, tout comme certains traitements médicamenteux (corticoïdes, minoxidil) peuvent masquer l’évolution de la pathologie.
L’importance de l’expérience du dermatologue
Un dermatologue expérimenté saura distinguer des signes apparemment similaires, comme une chute diffuse versus une alopécie en plaques. Il pourra prescrire des examens complémentaires (biopsie, analyses sanguines, hormonales) et ajuster le traitement selon les observations et le contexte clinique du patient.