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Comment fonctionne la Stimulation Magnétique Transcrânienne répétitive (rTMS) ?
La rTMS est une technique non invasive qui utilise des impulsions magnétiques pour stimuler certaines régions cérébrales. Elle repose sur un appareil générant un champ magnétique focalisé que l’on applique sur le cuir chevelu via une bobine posée à la surface du crâne. « Concrètement, on applique un champ magnétique de faible intensité à l’extérieur de la boîte crânienne pour induire une dépolarisation neuronale très localisée au niveau du cortex cérébral », explique le Dr Thierry Brenot, psychiatre.
Ce courant électrique modulé permet d’inhiber ou de stimuler des zones spécifiques du cerveau, rééquilibrant ainsi les circuits neuronaux dysfonctionnels, ce qui peut avoir un effet thérapeutique sur certains troubles neuropsychiatriques.
rTMS : quelles différences avec la sismothérapie ?
La rTMS est plus douce et ciblée que la sismothérapie, aussi appelée électroconvulsivothérapie, qui nécessite une anesthésie générale et provoque des convulsions contrôlées. L’objectif principal de la rTMS est de moduler l’activité neuronale dans des régions cérébrales spécifiques, notamment celles impliquées dans la régulation de l’humeur et des fonctions cognitives, sans effets invasifs majeurs.
Origines et développement de la rTMS
Développée dans les années 1980, la stimulation magnétique transcrânienne répétitive fut décrite pour la première fois en 1985 par le chercheur britannique Anthony Barker et son équipe. Son usage clinique en psychiatrie et neurologie a débuté dès les années 1990, surtout pour la prise en charge de la dépression majeure résistante aux traitements médicamenteux. La Food and Drug Administration (FDA) a approuvé la rTMS en 2008 pour cette indication, et depuis, son potentiel thérapeutique continue d’être exploré.
Indications principales de la rTMS
En psychiatrie
- Dépression résistante aux traitements : La rTMS est recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS) et la FDA pour les patients dont la dépression ne répond pas aux antidépresseurs classiques.
- Symptômes négatifs de la schizophrénie : Elle peut aider à atténuer l’alogie, l’aboulie, l’anhédonie et l’émoussement affectif.
- Hallucinations auditives persistantes : Utilisée en cas d’hallucinations résistantes, en ciblant le cortex temporo-pariétal gauche.
En neurologie
- Migraines chroniques : Prévention des migraines résistantes aux traitements médicamenteux.
- Douleurs neuropathiques : Stimulation du cortex moteur pour soulager des douleurs centrales ou périphériques notamment liées à la fibromyalgie, douleurs post-AVC, neuropathie diabétique ou douleurs fantômes.
Autres indications en cours d’évaluation
- Maladie de Parkinson : Amélioration possible des symptômes moteurs et de la dépression associée.
- Troubles cognitifs légers et maladie d’Alzheimer : Effets préliminaires positifs sur mémoire et cognition.
- Troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sévères : Ciblage du cortex orbitofrontal et préfrontal dorsolatéral à l’étude.
- Addictions : Exploration pour réduire les envies compulsives chez les dépendants à la nicotine, alcool ou drogues.
- Troubles anxieux et syndrome de stress post-traumatique (SSPT) : Stimulation des régions frontales et temporales pour améliorer ces troubles.
Déroulement d’une séance de rTMS
Avant la séance : évaluation et préparation
Un examen médical approfondi est réalisé par un spécialiste (psychiatre, neurologue ou spécialiste de la douleur) pour s’assurer de l’adéquation de la rTMS. Ce bilan comprend :
- Analyse de l’historique médical et des symptômes.
- Recherche des contre-indications (implants métalliques, risque épileptique, etc.).
- Explication du protocole, du nombre de séances, des objectifs et des effets secondaires potentiels.
Le patient doit retirer tout objet métallique et s’installer confortablement, sans nécessité de jeûne ou préparation spécifique.
Pendant la séance
- Repérage de la zone à stimuler : Par méthode manuelle ou neuronavigation (IRM, EEG), la zone cible est localisée précisément.
- Détermination du seuil moteur : Mesure de la contraction musculaire induite par une impulsion magnétique pour régler la stimulation.
- Application des impulsions magnétiques : La bobine magnétique émet des impulsions répétées, provoquant des tapotements sur le cuir chevelu sans douleur, parfois accompagnés d’un bruit de claquement.
- Fin de séance : Le patient peut reprendre immédiatement ses activités quotidiennes, même la conduite.
Suivi et protocole thérapeutique
La rTMS est un traitement progressif. Chaque séance dure en général entre 20 et 40 minutes, avec un protocole complet comportant 20 à 30 séances réparties sur plusieurs semaines, souvent 5 jours par semaine. Les premiers effets positifs peuvent apparaître entre la 5e et la 10e séance, mais certains patients nécessitent la totalité du traitement.
Des séances d’entretien mensuelles ou trimestrielles sont parfois proposées pour les maladies chroniques comme la dépression sévère ou les douleurs neuropathiques.
Effets secondaires et contre-indications
Effets secondaires fréquents et bénins
- Maux de tête légers à modérés, transitoires.
- Fatigue et somnolence passagères.
- Inconfort temporaire au niveau du cuir chevelu.
- Picotements ou contractions musculaires souvent diminuant avec l’adaptation.
Effets secondaires rares
- Crise d’épilepsie, très rare, surtout chez les patients épileptiques ou présentant des lésions cérébrales.
- Vertiges ou nausées transitoires.
- Changements temporaires d’humeur, irritabilité ou troubles du sommeil.
Aucun effet secondaire à long terme n’a été démontré à ce jour.
Contre-indications absolues
- Présence d’implants métalliques ou électroniques intracrâniens (pace-makers, défibrillateurs, implants cochléaires, neurostimulateurs, clips vasculaires).
- Antécédents d’épilepsie non contrôlée.
Contre-indications relatives
- Antécédents de troubles neurologiques ou psychiatriques graves (traumatisme crânien sévère, AVC récent, tumeur cérébrale, schizophrénie, psychose).
- Traitements médicamenteux abaissant le seuil épileptogène (antidépresseurs tricycliques, neuroleptiques).
- Grossesse (rarement proposée par précaution).
- Troubles anxieux sévères ou TOC – adaptation nécessaire en cas de mal tolérance à la stimulation.
Perspectives et évolution de la rTMS
La rTMS connaît un développement important avec plusieurs axes d’amélioration :
- Optimisation des protocoles : Réduction de la durée et du coût du traitement pour en améliorer l’accessibilité.
- Extension des indications : Recherche pour traiter la schizophrénie, les acouphènes chroniques, le stress post-traumatique et la maladie d’Alzheimer.
- Personnalisation des traitements : Utilisation d’imagerie cérébrale fonctionnelle et intelligence artificielle pour cibler précisément la stimulation.
- Combinaison avec d’autres thérapies : Association possible avec psychothérapie, méditation, thérapie cognitive et comportementale (TCC) ou EMDR pour renforcer l’efficacité.
Cette technologie non invasive, bien tolérée, promet de révolutionner la prise en charge de la dépression et de nombreuses pathologies neurologiques.