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Un médicament pourrait rendre notre sang mortel pour les moustiques
Au-delà des désagréments qu’ils provoquent chaque été, les moustiques représentent surtout un danger sanitaire majeur. En se nourrissant de notre sang, ils transmettent de nombreuses maladies virales, dont la plus connue est le paludisme, également appelé malaria. Si des traitements existent pour prévenir cette infection, il n’existe à ce jour aucun remède pour la guérir. Une récente étude publiée dans la revue Science Translational Medicine évoque une molécule, la nitisinone, capable de rendre notre sang toxique pour ces insectes nuisibles. Explications.
La nitisinone : un poison pour les moustiques
La nitisinone est un médicament utilisé depuis plusieurs années pour traiter deux maladies rares : la tyrosinémie de type 1 et l’alcaptonurie. Depuis 2016, les chercheurs ont découvert que cette molécule est également fatale pour les insectes hématophages, c’est-à-dire ceux qui se nourrissent de sang, tels que les puces, les moustiques ou certaines mouches. Lorsqu’ils ingèrent du sang contenant de la nitisinone, ils meurent.
Un avantage supplémentaire est que le médicament persiste longtemps dans le sang, jusqu’à 16 jours d’après les scientifiques. Cette caractéristique pourrait permettre d’utiliser de faibles doses pour affaiblir durablement les populations de moustiques.
Les chercheurs proposent ainsi d’employer la nitisinone non pas pour soigner la malaria, mais pour éradiquer les colonies de moustiques qui la transmettent. Par ailleurs, ce médicament est déjà autorisé sur le marché, ce qui facilite son éventuelle mise en œuvre, souligne Álvaro Acosta Serrano, parasitologue et biologiste co-auteur de l’étude.
Différentes stratégies pour diffuser la nitisinone dans l’environnement
Cependant, la nitisinone ne constitue pas une solution miracle. George Dimopoulos, biologiste moléculaire spécialiste des maladies transmises par les moustiques à l’université Johns Hopkins, rappelle que la malaria est profondément liée à la pauvreté. Pour être réellement efficace, ce traitement devrait être appliqué à l’échelle de toute une population, ce qui engendrerait un coût important. Par ailleurs, comme tout médicament destiné à des maladies rares, la nitisinone reste onéreuse.
Pour pallier ces difficultés, les chercheurs envisagent d’autres modes d’administration :
- via les animaux également piqués par les moustiques,
- via les plantes, en l’incorporant dans des insecticides mélangés à du pollen.
Selon George Dimopoulos, il est crucial d’adapter la méthode de diffusion en fonction des contextes locaux. Dans certaines régions, la combinaison du médicament avec des vaccins pourrait être la plus efficace. Dans d’autres zones, il serait préférable d’utiliser des insecticides ou des technologies innovantes, comme les moustiques génétiquement modifiés, pour contrôler la propagation du paludisme.