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Une empreinte unique : les mystères du cerveau des aveugles
Une étude menée par des neuroscientifiques de l’Université de Georgetown a révélé que la partie du cerveau qui reçoit et traite les informations visuelles chez les personnes voyantes développe un schéma de connexion unique chez ceux qui naissent aveugles ou déficients visuels. Selon les scientifiques, ce modèle dans le cortex visuel primaire est unique à chaque personne, semblable à une empreinte digitale.
Les résultats, publiés ici le 30 juillet 2024 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences, suggèrent que cette découverte a des implications profondes pour la compréhension du développement cérébral et pourrait aider à concevoir des stratégies de réhabilitation et de restauration de la vue adaptées.
Ce que nous savons et ce que nous ignorons
Les chercheurs savaient déjà que le cortex visuel des personnes nées aveugles réagit à une variété de stimuli, tels que le toucher, l’odorat, la localisation par le son, la mémoire et la réponse au langage. Cependant, l’absence d’un fil conducteur liant les tâches qui activent les zones primaires du cortex visuel avait laissé les chercheurs perplexes. La nouvelle étude, dirigée par Lina Amaral, chercheuse postdoctorale, et Ella Stream-Amit, professeure adjointe en neurosciences à l’Université de Georgetown, propose une explication convaincante : les différences dans l’organisation cérébrale de chaque individu.
Stream-Amit, qui dirige le laboratoire de plasticité sensorielle et motrice à Georgetown selon le site EurekAlert, a déclaré : « Nous ne voyons pas ce niveau de variabilité dans la connexion du cortex visuel entre les individus voyants. La connexion du cortex visuel est généralement très cohérente. Le schéma de connexion chez les personnes nées aveugles est beaucoup plus variable entre les individus, comme une empreinte digitale, et reste constant dans le temps, au point qu’un individu peut être identifié par son schéma de connexion. »
La recherche
L’étude a inclus un petit échantillon de personnes nées aveugles, qui ont subi des IRM fonctionnelles sur une période de deux ans. Les chercheurs ont utilisé une technique d’imagerie neurologique pour analyser la connectivité neuronale à travers le cerveau.
La chercheuse Amaral a expliqué que « le cortex visuel chez les personnes nées aveugles a montré une stabilité remarquable dans ses schémas de connexion au fil du temps. Notre étude a révélé que ces schémas ne changeaient pas de manière significative en fonction de la tâche présentée, que les participants identifiaient des sons, des formes, ou qu’ils se reposaient simplement. Au contraire, les schémas de connexion étaient uniques à chaque individu et sont restés stables pendant la durée de l’étude. »
Plasticité cérébrale
Stream-Amit a ajouté que « ces résultats nous renseignent sur la façon dont le cerveau se développe. Nos résultats indiquent que les expériences après la naissance façonnent les différentes manières dont notre cerveau peut se développer, surtout si nous grandissons sans vision. La plasticité cérébrale dans ces cas permet au cerveau de croître, et peut même conduire à des usages variés du cortex visuel entre différentes personnes nées aveugles. »
Les chercheurs supposent que comprendre la connectivité cérébrale de chaque individu de manière unique pourrait être essentiel pour améliorer les solutions de réhabilitation et de restauration de la vue pour les personnes confrontées à la cécité, en fonction du schéma de connectivité neuronale qui leur est propre.