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Genève — Plus de 2,1 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable gérée en toute sécurité, selon un rapport conjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Unicef publié mardi, qui alerte sur le retard pris dans la réalisation d’un accès universel et sur les conséquences pour la santé et les droits humains.
Chiffres clés : accès à l’eau potable et services WASH en 2024
Les agences onusiennes estiment qu’une personne sur quatre dans le monde n’avait pas accès à une eau potable gérée de manière sûre l’an passé. Parmi les 2,1 milliards de personnes sans service d’eau potable géré en toute sécurité, plus de 100 millions dépendaient encore de l’eau de surface — par exemple rivières, étangs et canaux — pour boire.
Le rapport rappelle que le programme d’amélioration des services d’eau, d’assainissement et d’hygiène (WASH) a permis des progrès, mais juge ces avancées insuffisantes pour atteindre une couverture universelle d’ici 2030, ambition qui devient « de plus en plus hors de portée », selon les agences.
Niveaux de service et définitions
Les auteurs ont défini cinq niveaux de services d’approvisionnement en eau potable. Le niveau le plus élevé, qualifié de « gestion sécurisée », correspond à un accès sur place à une eau exempte de contamination fécale ou chimique. Les quatre niveaux suivants sont : « basique » (eau améliorée à moins de 30 minutes), « limité » (eau améliorée mais attente plus longue), « non amélioré » (puits ou source non protégés) et « eau de surface ».
Progrès quantitatifs depuis 2015
Depuis 2015, 961 millions de personnes ont obtenu l’accès à un service d’eau potable géré de manière sûre, la couverture mondiale passant de 68 % à 74 %. Malgré cela, 2,1 milliards restent sans ces services, et 106 millions utilisaient encore des eaux de surface en 2024, soit une baisse de 61 millions en dix ans.
Le rapport note également une progression du nombre de pays ayant éliminé l’utilisation des eaux de surface à des fins de consommation : ils sont passés de 142 à 154. En 2024, seuls 89 pays disposaient d’un service de base d’alimentation en eau potable, parmi lesquels 31 bénéficiaient d’un accès universel à des services gérés de manière sûre.
Assainissement, hygiène et inégalités régionales
Les inégalités restent marquées, notamment en Afrique : les 28 pays où une personne sur quatre n’avait toujours pas accès aux services de base sont principalement concentrés sur ce continent. Ces disparités expliquent en grande partie pourquoi l’objectif 2030 semble s’éloigner.
Le rapport met en garde contre le retard global et appelle à accélérer les actions, en ciblant « en particulier les communautés les plus marginalisées ». « L’eau, l’assainissement et l’hygiène ne sont pas des privilèges: ce sont des droits humains fondamentaux », déclare Rüdiger Krech, responsable de l’environnement et du changement climatique à l’OMS.
En matière d’assainissement, 1,2 milliard de personnes ont désormais accès à des services gérés de manière sûre depuis 2015, la couverture passant de 48 % à 58 %. Ces services désignent des installations améliorées non partagées, avec élimination ou traitement sécurisé des excréments.
Le nombre de personnes pratiquant la défécation en plein air a diminué, passant de 429 millions à 354 millions, soit 4 % de la population mondiale. Par ailleurs, 1,6 milliard de personnes ont obtenu un accès à des services d’hygiène de base (lavage des mains avec eau et savon) depuis 2015 ; la couverture mondiale est maintenant de 80 %, contre 66 % il y a dix ans.
Les agences alertent sur les conséquences pour les enfants et les inégalités de genre. « Lorsque les enfants n’ont pas accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène, leur santé, leur éducation et leur avenir sont menacés », rappelle Cecilia Scharp, directrice du programme WASH de l’Unicef. Elle ajoute : « ces inégalités sont particulièrement flagrantes pour les filles, qui assument souvent la charge de la collecte de l’eau et sont confrontées à des problèmes supplémentaires pendant leurs règles ».
« Au rythme actuel, la promesse d’un accès à l’eau potable et à l’assainissement pour chaque enfant s’éloigne de plus en plus », conclut Cecilia Scharp, soulignant l’urgence d’intensifier les efforts ciblés et inclusifs.