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Négociations de Genève : Washington va-t-elle frapper le Soudan ?
Burtoudan – Des analystes s’attendent à ce que les États-Unis, qui se sont imposés comme intermédiaire pour résoudre la crise soudanaise, envisagent d’imposer des sanctions à la gouvernement en raison de son manque de réponse à l’appel qu’elle a lancé au président du Conseil de souveraineté et au commandant de l’armée soudanaise, Abdelfattah al-Burhan, pour négocier à Genève.
Appel à négociations
À la fin du mois de juillet, l’administration américaine a appelé les parties au conflit au Soudan à participer à une nouvelle série de négociations à Genève afin de mettre fin à la guerre qui dure depuis le 15 avril 2023.
Le ministre des Affaires étrangères soudanais, Hussein Awad, a affirmé que le gouvernement reste attaché à l’accord de Jeddah (source : presse soudanaise).
Réactions gouvernementales
Hussein Awad a déclaré lors d’une interview que « nous n’avons évidemment pas rejeté de manière absolue l’invitation de Washington à discuter d’un cessez-le-feu et de la protection des civils ». Il a souligné qu’ils ont accueilli, dans leur réponse à cette invitation, tout effort visant cet objectif, sous réserve que cela soit en conformité avec l’accord de Jeddah et qu’ils ne reviennent pas sur ce qui a été convenu ou « le remplacent par la création d’une nouvelle plateforme ».
Awad a ajouté qu’ils restent ainsi fermement attachés à la mise en œuvre de ce qui a été convenu à Jeddah, qui traite des mêmes questions actuellement en cours. Il a également noté que les communications entre les deux pays n’ont pas cessé, avec plusieurs réunions en Arabie saoudite et des appels téléphoniques réguliers.
Contexte et attentes
Il a également été annoncé que Le Caire accueillera des réunions entre le gouvernement soudanais et les deux intermédiaires. Ainsi, « il n’y a pas de raison de parler de sanctions de la part de Washington ou d’autres pays ». Le gouvernement est le plus soucieux des intérêts de son peuple et de sa protection et ne se laissera pas influencer par les pressions ou les incitations contraires aux souhaits de son peuple.
Dimanche dernier, le Conseil de souveraineté soudanais a annoncé l’envoi d’une délégation à la capitale égyptienne pour discuter de la vision du gouvernement concernant l’application de l’accord de Jeddah, qui oblige les Forces de soutien rapide à quitter les habitations civiles.
Attitude de Washington
Bien que la réponse « diplomatique » à l’invitation américaine ait été un refus, les cercles politiques et médiatiques au Soudan n’excluent pas la possibilité d’une réaction de Washington, à savoir l’imposition de sanctions à l’encontre du gouvernement soudanais.
De l’avis de certains, Washington a largement utilisé « le bâton plutôt que la carotte » dans ses précédentes interventions pour résoudre les crises au Sud-Soudan, dans la région de Darfour et dans les monts Nuba, en recourant à de nombreuses sanctions unilatérales, directes ou imposées via le Conseil de sécurité.
Réactions et préoccupations
Les inquiétudes concernant de potentielles sanctions de Washington sur le gouvernement se sont accrues suite aux déclarations de Mohammed Bashir Abou Namo, chef de la délégation soudanaise chargée des pourparlers de Jeddah, précédant les négociations de Genève. Abou Namo a affirmé que la délégation américaine semblait utiliser des menaces et qu’elle était venue à Jeddah avec un agenda préparé sans consultation préalable.
Analyse diplomatique
Le diplomate Ali Youssef a confirmé que les États-Unis ne se tourneraient pas vers le Conseil de sécurité, sachant que « le veto » de la Russie et de la Chine pourrait s’opposer à leurs actions. Il a estimé que le refus de la direction soudanaise d’aller à Genève constitue une position correcte, montrant que Washington tente d’imposer un nouvel état de fait dépassant les résultats de Jeddah, pour dérouler un dialogue politique avec des forces soudanaises en quête de pouvoir.
Selon Youssef, la seule chose susceptible d’influencer la position américaine serait la force de l’alliance avec la Russie et une orientation vers l’Chine, Malaisie et Vietnam, ainsi que l’Iran.
Contexte humanitaire
Les statistiques officielles indiquent que les pertes de la guerre au Soudan, au cours des 16 derniers mois, ont dépassé 150 milliards de dollars. Les estimations de l’ONU évoquent environ 18 800 morts et plus de 10 millions de déplacés et réfugiés, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du Soudan.