Home ActualitéScienceGeologie Formation rocheuse irlando-écossaise : un enregistrement de la Terre congelée

Formation rocheuse irlando-écossaise : un enregistrement de la Terre congelée

by Sara
Formation rocheuse irlando-écossaise : un enregistrement de la Terre congelée

Une formation rocheuse irlando-écossaise témoigne d’une transition climatologique vers une Terre congelée

Une formation rocheuse qui s’étend entre l’Irlande et l’Écosse pourrait constituer un enregistrement rare de ce que l’on appelle “la Terre gelée”, un moment crucial de l’histoire de notre planète où la Terre était entièrement recouverte de glace.

La formation Port Askaig et son importance

La formation Port Askaig, composée de couches de roche atteignant jusqu’à 1,1 km d’épaisseur, aurait été formée entre 662 et 720 millions d’années durant la glaciation Sturtienne, selon les recherches. Cet événement représente la première des deux périodes de gel global, considérées comme des déclencheurs du développement de la vie complexe.

Un enregistrement unique de la période de la Terre gelée

Une section de roche exposée, située sur les îles Garvellachs en Écosse, se révèle exceptionnelle car elle illustre la transition vers la Terre gelée à partir d’un environnement chaud et tropical. D’autres formations rocheuses datant de la même époque, présentes en Amérique du Nord et en Namibie, n’affichent pas cette transition.

Les chercheurs estiment donc que leurs découvertes pourraient représenter le registre le plus complet de la Terre gelée. Cette théorie postule que les océans et les surfaces terrestres de la Terre étaient recouverts de glace, des pôles à l’équateur, durant au moins deux événements de refroidissement extrêmes, entre 2,4 milliards et 580 millions d’années.

Les révélations des chercheurs

Le professeur Graham Shields, auteur principal de l’étude et membre des Sciences de la Terre de l’University College London (UCL), a déclaré : “Ces roches témoignent d’une époque où la Terre était gelée. Toute vie complexe, multicellulaire, comme les animaux, est née de ce profond gel, avec les premières preuves dans les archives fossiles apparaissant peu après la fonte des glaces.”

Elias Rugen, premier auteur de l’étude et doctorant à UCL Earth Sciences, a ajouté : “Notre étude fournit les premières contraintes d’âge concluantes pour ces roches écossaises et irlandaises, confirmant leur signification mondiale.” Il a souligné que la plupart des régions du monde n’affichent pas les couches de roches qui enregistrent un environnement tropical et marquent cette transition, car les glaciers anciens avaient gratté et érodé les roches en dessous. “Mais en Écosse, par miracle, la transition est visible,” a-t-il ajouté.

La glaciation Sturtienne : un tournant dans l’histoire de la vie

Durant environ 60 millions d’années, la glaciation Sturtienne fut l’une des deux grandes périodes de gel qui se sont produites au cours de la période cryogénienne, entre 635 et 720 millions d’années. Pendant des milliards d’années avant cela, la vie se limitait à des organismes unicellulaires et à des algues. Suite à cette période, la vie complexe a rapidement émergé, la plupart des animaux d’aujourd’hui étant similaires, sur des aspects fondamentaux, aux formes de vie qui ont évolué il y a plus de 500 millions d’années.

Une théorie suggère que les conditions hostiles dues au froid extrême auraient incité les organismes unicellulaires à coopérer, menant à la formation de la vie multicellulaire.

Les dynamiques des glaciers et l’effet d’albédo

On considère que l’avancée et le retrait de la glace à travers la planète se sont produites relativement rapidement, en quelques milliers d’années, en raison de l’effet d’albédo : plus il y a de glace, plus la lumière du soleil est renvoyée dans l’espace, et vice versa.

Shields a précisé : “Le retrait de la glace aurait été catastrophique. La vie avait été habituée à des dizaines de millions d’années de gel. Dès que le monde s’est réchauffé, toute forme de vie aurait dû entrer en compétition dans une course aux armements pour s’adapter. Ceux qui ont survécu sont les ancêtres de tous les animaux.”

Une étude innovante sur la formation Port Askaig

Pour cette recherche, l’équipe a analysé des échantillons de grès de la formation Port Askaig ainsi que ceux de la formation Garbh Eileach, plus ancienne, de 70 mètres d’épaisseur qui se trouve en dessous. Les chercheurs ont indiqué que ces nouvelles contraintes d’âge pour les roches pourraient fournir les preuves nécessaires pour que le site soit déclaré comme un marqueur du début de la période cryogénienne. Ce marqueur, connu sous le nom de section stratotypique de limite globale (GSSP), est parfois désigné comme un « pic d’or » – une conduite en or enfoncée dans la roche pour marquer la limite. Ces sites attirent des visiteurs du monde entier.

L’étude, dirigée par des chercheurs de l’UCL, a été publiée dans le Journal of the Geological Society of London.

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés