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Réunion historique à Amman pour lutter contre l’État islamique
Les représentants des cinq pays participant à la réunion à Amman se sont présentés devant les caméras, alors que les troubles internes en Syrie s’intensifient.
Dans ce contexte de crise, la réunion des ministres des affaires étrangères, des ministres de la défense et des chefs des services de renseignement de ces pays pour discuter de la question syrienne suscite un large intérêt.
Une collaboration inédite
Interrogé sur l’importance de cette réunion, un haut responsable turc a déclaré à Al Jazeera : « Pour la première fois, cinq pays musulmans se réunissent pour lutter contre l’État islamique en Syrie. Les États-Unis ou les pays occidentaux ont souvent pris cette responsabilité, mais leur véritable objectif n’était pas de combattre l’organisation. »
Il a ajouté : « Lors de cette réunion, notre seul agenda est de lutter contre l’État islamique et de soutenir le gouvernement syrien dans ce contexte. Nous espérons que cette réunion sera le début d’une collaboration importante sur d’autres questions également. »
Les autres pays participants, à savoir l’Irak, le Liban et la Jordanie, sont particulièrement touchés par les conséquences de l’instabilité en Syrie en raison de leur proximité géographique. Ainsi, comme l’indique le communiqué final, la coopération ne se limite pas à la lutte contre l’État islamique, mais comprend également la lutte contre le trafic de drogues et d’armes, la traite des êtres humains, la protection des frontières et la lutte contre la criminalité organisée.
Une nouvelle dynamique face aux États-Unis
Les États-Unis ont longtemps justifié leur présence en Syrie et l’armement des unités de protection du peuple (YPG), liées à des groupes terroristes, par leur lutte contre l’État islamique.
Malgré le souhait du président américain Donald Trump de se retirer de Syrie après la révolte, le Pentagone a insisté pour rester, arguant que des combattants de l’État islamique sont détenus avec leurs familles dans des camps sous la garde des YPG, rendant ainsi nécessaire le soutien à ces milices.
Pour l’année budgétaire 2024, les États-Unis ont alloué 398 millions de dollars pour lutter contre l’État islamique en Irak et en Syrie, dont 156 millions ont été attribués aux YPG pour gérer les prisons et camps où sont retenus les combattants de l’organisation et leurs familles.
La Turquie a proposé d’envoyer deux bataillons de ses troupes pour garantir la sécurité des camps et des prisons contenant des familles de combattants de l’État islamique, mais les États-Unis n’ont pas répondu à cette offre.
Actuellement, toutes les parties s’accordent à dire que le prétexte sur lequel s’appuie les États-Unis pour rester en Syrie a en réalité pris fin, et qu’il n’y a plus de raison de maintenir leur présence sur le sol syrien. Pour faire tomber cette justification, les cinq pays ont mis en place un mécanisme commun pour assumer la responsabilité de la lutte contre l’État islamique.
Les points clés du communiqué final
Le point le plus controversé du communiqué final, émis le 9 mars, était l’article 5, qui stipule : « Condamnation de toutes les formes de terrorisme, et coopération dans la lutte contre le terrorisme aux niveaux militaire, sécuritaire et intellectuel. »
Les participants ont réaffirmé leur engagement à éliminer la menace de l’État islamique pour la sécurité en Syrie, dans la région et dans le monde, ainsi qu’à soutenir les efforts internationaux en cours pour y parvenir. Ils ont également convenu de créer un centre d’opérations conjoint pour la coordination et la coopération, et pour traiter les questions relatives aux prisons de l’État islamique.
Cependant, cette création de « centre d’opérations » signifie-t-elle le déploiement de forces militaires ou l’exécution d’opérations militaires ? Les responsables présents à la réunion le nient, mais la question demeure quant à la nature de cette aide pour la Syrie face aux attaques de l’organisation.
Une réaction face à l’occupation israélienne
La réunion à Amman a également vu une condamnation de l’occupation israélienne des territoires syriens, avec un appel à y mettre fin immédiatement.
Le communiqué final stipule : « Condamnation et rejet de l’agression israélienne sur les territoires syriens, considérée comme une violation flagrante du droit international et du droit humanitaire international, une atteinte à la souveraineté de la Syrie et à son intégrité territoriale, et une escalade qui pourrait mener à davantage de conflits. »
Les participants ont également appelé la communauté internationale et le Conseil de sécurité à veiller à l’application du droit international, à mettre fin aux violations israéliennes et à contraindre Israël à se retirer de tous les territoires syriens occupés.
Sécurité des frontières et lutte contre la criminalité organisée
Les frontières jordaniennes et libanaises ont été les plus affectées par l’instabilité en Syrie, avec une aggravation des opérations de contrebande de drogues et d’armes, que le régime d’Assad n’a pas réussi à contrôler, surtout après la révélation de l’implication de membres de sa famille dans la fabrication de drogues.
C’était l’une des questions principales soulevées lors de la réunion d’Amman.
Le communiqué final a également ajouté d’autres questions, telles que la reconstruction de la Syrie, le commerce et la coopération économique.
Cette réunion revêt une importance particulière car elle marque la première fois que des pays musulmans collaborent entre eux pour lutter contre l’État islamique, soulevant des questions sur l’éventuelle extension de cette coopération à d’autres sujets à l’avenir.
La Turquie insiste pour accélérer la création et la mise en œuvre du nouveau mécanisme sur le terrain. Un deuxième rassemblement des ministres des affaires étrangères, des ministres de la défense et des chefs des services de renseignement est prévu en Turquie en avril prochain.