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Alors que les ONG Bloom et Foodwatch alertent depuis plusieurs mois les grandes enseignes de supermarché sur les « atteintes environnementales et humaines de l’industrie du thon » en conserve, elles ont franchi une nouvelle étape lundi 17 mars. Ces deux organisations non gouvernementales ont décidé d’attaquer Carrefour en justice. Après près de deux ans de tentative de dialogue, et suite à deux mises en demeure envoyées en novembre 2023 puis en avril 2024, elles assignent désormais la multinationale devant le tribunal judiciaire de Paris.
Les reproches adressés à Carrefour
Cette action judiciaire intervient alors que l’ONG Bloom publie un rapport intitulé « Carrefour : le cynisme ». Ce document met en lumière un « écart criant entre les grands discours de Carrefour et la réalité » de ses engagements concernant le thon.
Les deux ONG dénoncent notamment que Carrefour, malgré son obligation juridique de vigilance, n’interdit pas les méthodes de pêche destructrices. De plus, le groupe n’a pas instauré de seuil maximal de mercure protecteur pour la santé des consommateurs. Elles soulignent également l’incapacité de l’entreprise à prouver que les conserves qu’elle commercialise sont exemptes de violations des droits humains.
En octobre 2024, Bloom et Foodwatch avaient déjà révélé une contamination généralisée du thon au mercure, un phénomène représentant un risque sanitaire majeur pour les consommateurs.
Les sept stratégies d’évitement de Carrefour
Le rapport des ONG analyse plus de trente publications du groupe et révèle un décalage entre les déclarations publiques de Carrefour et la réalité de ses pratiques.
Selon Bloom et Foodwatch, Carrefour utilise sept principales stratégies pour se dérober à ses responsabilités tout en cultivant une image d’enseigne responsable :
- Être imprécis : adopter un discours vague tout en se positionnant comme un leader de la transition sans engagements concrets.
- Prendre des mesures superficielles : initiatives apparentes mais inefficaces pour résoudre les problèmes.
- Ériger un rempart d’opacité : limiter la transparence sur ses pratiques.
- Établir des exigences au rabais : appliquer des critères faibles aux marques nationales, qui représentent 70 % des ventes.
- Faire bloc avec les industriels : s’allier au sein d’organisations pseudo-indépendantes pour masquer les responsabilités.
- Se comparer au moins-disant : se positionner comme meilleur que les pires acteurs sans viser l’excellence.
- Se dédouaner : rejeter la responsabilité sur d’autres maillons de la filière.
Les risques pour la santé des consommateurs
Le thon est devenu un aliment de consommation courante, notamment en conserve, qui constitue un pilier des repas et apéritifs dans de nombreux foyers. En France, c’est le poisson préféré, avec une consommation annuelle moyenne de 3 à 5 kilos par personne, principalement sous forme de conserves (97 % du thon consommé à domicile).
Pourtant, derrière ces boîtes standards et peu onéreuses, se cache un danger : la contamination au mercure, reconnu comme un puissant neurotoxique.
Selon les autorités sanitaires, une exposition brève au mercure peut entraîner :
- Irritation des voies respiratoires
- Troubles digestifs
- Pneumopathie
- Inflammation de la muqueuse buccale
- Lésions ou rougeurs cutanées
- Atteinte rénale
- Encéphalopathie, pouvant provoquer convulsions ou coma
En cas d’exposition prolongée, ces effets peuvent s’aggraver avec :
- Chute des dents
- Modification du comportement, telle que dépression ou hyper-excitation
- Stomatite, une inflammation de la bouche