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La crise des maisons de retraite au Royaume-Uni s’aggrave avec une pénurie croissante d’aides-soignants étrangers, conséquence directe des nouvelles restrictions sur les visas qui limitent la venue de personnel qualifié indispensable au secteur des soins aux personnes âgées.
Un effondrement des demandes de visa pour les aides-soignants
Une politique gouvernementale récente a drastiquement réduit le nombre de demandes de visa pour les travailleurs de la santé et des soins au Royaume-Uni. Entre avril 2023 et mars 2024, 129 000 demandes avaient été enregistrées, mais ce chiffre est tombé à seulement 26 000 pour l’année suivant mars 2024, soit une chute de près de 80 %, selon des données officielles.
Cette chute est liée à une mesure interdisant aux aides-soignants étrangers d’amener leur conjoint et leurs enfants avec eux, dans le cadre d’une volonté de freiner la hausse de l’immigration. Cette restriction menace directement la capacité des maisons de retraite à recruter et à retenir un personnel suffisant.
Le personnel des maisons de retraite en sous-effectif critique
Avec plus de 100 000 postes vacants en Angleterre en 2024, soit un taux de vacance de 8 %, trois fois supérieur à la moyenne nationale, le secteur des soins aux personnes âgées est en crise. Age UK, une association caritative, souligne que les aides-soignants étrangers « maintiennent à flot de nombreux services », avertissant que certaines maisons de retraite pourraient fermer faute de personnel, ce qui exercerait une pression accrue sur le NHS (le système de santé public britannique).
La situation devrait s’aggraver encore avec l’entrée en vigueur de nouvelles règles imposées par le gouvernement travailliste en mars, qui exigent désormais un salaire minimum annuel de 29 000 € (équivalent à £25 000) pour les aides-soignants étrangers, une catégorie dont 13 % des effectifs sont issus de l’étranger.
Critiques et appels à la réforme
Vicky Haines, directrice générale du fournisseur de maisons de retraite Kingsway Care, critique vivement la politique gouvernementale, estimant que les décisions prises en matière de recrutement sont inadaptées et prises sans expertise suffisante. Elle met en garde contre un secteur qui « continuera de ployer sous la pression » sans réformes majeures.
Selon elle, compter uniquement sur les travailleurs internationaux déplacés déjà présents au Royaume-Uni, et dont le parrainage employeur a été annulé, est une vision trop étroite. Elle dénonce aussi un processus de demande de visa mal conçu, sans contrôles suffisants, responsable du nombre élevé de travailleurs déplacés.
De son côté, Caroline Abrahams, directrice de l’association Age UK, insiste sur l’importance capitale des recrues étrangères pour maintenir les services sociaux. Elle alerte sur les risques de fermeture de services et la détérioration de la santé des personnes âgées si le recrutement et la rétention du personnel ne s’améliorent pas.
Conséquences directes sur le NHS et la prise en charge
Saffron Cordery, directrice générale par intérim de NHS Providers, explique que les restrictions sur les visas compliquent le recrutement alors que la demande dans le secteur des soins ne cesse de croître. Après des années de pénurie sévère, avec plus de 100 000 postes vacants en Angleterre, elle considère ces mesures comme inquiétantes.
Un rapport de Skills for Care indique qu’entre avril et juin 2024, environ 8 000 recrues internationales ont rejoint le secteur indépendant en Angleterre, contre une moyenne trimestrielle de 26 000 l’année précédente.
Nina Hemmings, chercheuse au Nuffield Trust, souligne que mars 2025 a enregistré le plus bas nombre de candidatures mensuelles au programme de travailleurs de la santé et des soins depuis la publication des données, avec une baisse de 70 % par rapport à mars 2024.
Elle déplore l’absence d’évaluation sérieuse par le gouvernement de l’impact des changements soudains de la réglementation sur l’immigration, qui pourraient déstabiliser les services et pénaliser les personnes dépendantes des soins.
Réactions politiques et perspectives
Layla Moran, députée Libérale Démocrate et présidente du comité de la santé et des soins sociaux, exprime son inquiétude face à la baisse du nombre de demandes de visa qualifié qui aggrave les problèmes de recrutement et de rétention du personnel, menant à un taux de vacance supérieur à 8 %.
Martin Green, directeur général de Care England, représentant les maisons de retraite au Royaume-Uni, affirme que les changements gouvernementaux affectent fortement le recrutement international, tout en dénonçant l’absence d’une stratégie cohérente pour développer la main-d’œuvre britannique.
Un porte-parole du Home Office reconnaît la contribution des aides-soignants étrangers au NHS et aux services sociaux, tout en insistant sur la nécessité de réduire l’immigration nette.
Il rappelle que de nouvelles règles, entrées en vigueur ce mois-ci, obligent les prestataires de soins à prioriser les travailleurs internationaux déjà présents en Angleterre, afin de relancer rapidement l’emploi, de réduire la dépendance à l’égard du recrutement étranger et d’assurer la disponibilité des professionnels nécessaires dans ce secteur.