Table of Contents
Artériopathie : une maladie fréquente et préoccupante
Selon une publication de La Presse médicale, plus de 200 millions de personnes dans le monde sont touchées par l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI). Cette prévalence a augmenté d’environ 25 % entre 2000 et 2010, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. En France, près d’un million de personnes seraient concernées, dont deux tiers sans présenter de symptômes.
Définition : qu’est-ce que l’artériopathie des membres inférieurs (AOMI) ?
L’artériopathie oblitérante est une maladie chronique caractérisée par le rétrécissement d’une ou plusieurs artères des jambes. Parfois encore appelée artérite, cette pathologie affecte les vaisseaux sanguins des membres inférieurs, limitant la circulation sanguine.
Le Pr Éric Steinmetz, chirurgien vasculaire, précise que ce terme « un peu vieillot » désigne toujours cette affection vasculaire.
Les causes principales de l’artériopathie
La cause la plus fréquente de l’artériopathie est l’athérosclérose, c’est-à-dire la formation de plaques d’athérome composées surtout de lipides, notamment du cholestérol, à l’intérieur des parois artérielles. Ces plaques grossissent progressivement et réduisent le diamètre des vaisseaux, gênant ainsi la circulation du sang.
Le Pr Steinmetz explique que ces plaques se développent souvent dans les artères coronaires (cœur), carotides (cou) et des membres inférieurs. Leur évolution est irrégulière et peut entraîner la formation de caillots, responsables d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) ou d’ischémies soudaines dans les jambes.
Près de 50 % des patients atteints d’AOMI présentent également une atteinte coronarienne, augmentant le risque d’infarctus, et 20 % une atteinte cérébrovasculaire, majorant le risque d’AVC.
Facteurs de risque favorisant l’artériopathie
Une prédisposition génétique joue un rôle important dans le développement de la maladie. Le Pr Steinmetz souligne que parmi les fumeurs et les hypertendus, tous ne développent pas cette pathologie, mais ceux génétiquement prédisposés voient la maladie s’aggraver en présence de certains facteurs.
Les principaux facteurs de risque sont :
- Le tabac
- L’hypertension artérielle
- L’hypercholestérolémie (excès de cholestérol dans le sang)
- Le diabète
- Le surpoids et l’obésité
Symptômes : reconnaître les signes de l’artériopathie
L’artériopathie oblitérante évolue en quatre stades, selon la classification de Leriche et Fontaine :
- Stade 1 : rétrécissement artériel sans symptôme.
- Stade 2 : apparition de douleurs lors de la marche, sous forme de crampes dans le mollet, la cuisse ou la fesse. Cette claudication oblige à s’arrêter, la distance parcourue avant douleur est appelée périmètre de marche.
- Stade 3 : douleurs permanentes, même au repos, soulagées uniquement en position assise ou jambes pendantes.
- Stade 4 : lésions cutanées telles que des ulcères, nécroses ou gangrène dans les cas graves.
Le Pr Steinmetz détaille que la claudication traduit un apport insuffisant en oxygène aux muscles lors de la marche, provoquant des crampes. Le périmètre de marche maximal est un indicateur clé de la gravité de la maladie, variant de quelques dizaines de mètres à plus d’un kilomètre.
Diagnostic : comment détecter une artériopathie oblitérante ?
Le diagnostic repose sur un examen clinique complété par la mesure de l’index de pression systolique (IPS), c’est-à-dire le rapport entre la pression artérielle systolique à la cheville et celle au bras. Un IPS inférieur à 0,9 suggère fortement une artériopathie des membres inférieurs et multiplie par 2,5 le risque de mortalité cardiovasculaire dans les dix ans.
Le Pr Steinmetz insiste sur le fait que cette atteinte n’est pas limitée aux jambes et est souvent associée à une maladie coronarienne et carotidienne, augmentant les risques d’infarctus et d’AVC.
Une consultation médicale est donc essentielle dès l’apparition de symptômes tels que des douleurs intermittentes aux jambes.
Si une intervention chirurgicale est envisagée, des examens d’imagerie complémentaires, comme un scanner ou une IRM, permettent de préciser le diagnostic et la localisation des lésions.
Traitements et prise en charge de l’artériopathie
La gestion de l’AOMI s’appuie principalement sur des mesures hygiéno-diététiques :
- Arrêt du tabac
- Alimentation équilibrée
- Activité physique régulière
- Contrôle des facteurs de risque (hypertension, cholestérol, diabète)
Le Pr Steinmetz conseille la marche régulière pour stimuler le développement d’un réseau collatéral sanguin, comparant ce phénomène à un détour pour éviter un bouchon sur l’autoroute.
Un traitement médicamenteux est également indispensable à vie et comprend notamment :
- Antiagrégants plaquettaires
- Statines
- Traitements adaptés des comorbidités (hypertension, diabète)
Ce traitement réduit le risque d’infarctus et d’AVC, principaux dangers liés à l’artériopathie des membres inférieurs.
Enfin, le traitement chirurgical, comme l’angioplastie avec pose de stent, est réservé aux formes les plus sévères de la maladie.
Le Pr Steinmetz rappelle que la crainte majeure des patients est la perte de la jambe, qui survient dans moins de 10 % des cas, alors que le véritable risque est la mortalité liée aux complications cardiovasculaires, atteignant 50 % dans les dix ans suivant le diagnostic.