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Dans sa première interview depuis son départ de la Maison-Blanche, l’ancien président américain Joe Biden a accusé son successeur, Donald Trump, d’avoir cédé aux exigences du président russe Vladimir Poutine en exerçant des pressions sur l’Ukraine pour qu’elle cède des territoires à la Russie.
Des accusations d’« apaisement » envers Poutine
Lors d’un entretien exclusif avec la BBC depuis son domicile dans le Delaware, Joe Biden a qualifié la pression exercée par l’administration Trump sur Kiev pour céder des terres à Moscou d’« apaisement moderne ». Il a souligné que Vladimir Poutine considère l’Ukraine comme une partie intégrante de la Russie et que croire que ce dernier s’arrêtera si l’Ukraine fait des concessions territoriales est, selon lui, « simplement stupide ».
« Ceux qui pensent que céder une partie du territoire ukrainien pourra calmer Poutine sont dans l’erreur », a-t-il insisté, faisant référence à une politique comparable à celle du Premier ministre britannique Neville Chamberlain avant la Seconde Guerre mondiale.
Une relation transatlantique mise à mal sous Trump
Joe Biden a exprimé son inquiétude face à la détérioration des relations entre les États-Unis et l’Europe durant la présidence de Donald Trump, estimant que cela pourrait « changer l’histoire moderne du monde ». Il a également critiqué les propositions de Trump, telles que la reprise du contrôle du canal de Panama, l’acquisition du Groenland, ou encore la transformation du Canada en 51e État américain, qualifiant ces idées de non-conformes à la tradition américaine de défense de la liberté et de la démocratie.
« Quelle folie que de parler ainsi ! Ce n’est pas notre nature. Nous défendons la liberté, la démocratie et les opportunités, pas la confiscation des terres. »
Le soutien américain à l’Ukraine et les défis militaires
Interrogé sur le soutien apporté à l’Ukraine, Biden a assuré que son administration avait fourni à Kiev tout ce dont elle avait besoin pour garantir son indépendance, et s’était préparée à répondre avec encore plus de vigueur en cas d’une nouvelle offensive russe. Il a toutefois reconnu que l’administration Trump avait, à un moment, encouragé l’idée que l’Ukraine devait céder une partie de son territoire afin de parvenir à un accord de paix.
Le vice-président américain, J.D. Vance, avait récemment proposé un plan de paix gelant les frontières proches de leur situation actuelle, ce que Biden a critiqué, insistant sur le fait que cette position revenait à « un apaisement du 21e siècle ».
Polémique sur la Crimée et les territoires occupés
Donald Trump a suggéré que la Russie pourrait conserver la péninsule de Crimée, annexée illégalement en 2014, ce que le président ukrainien Volodymyr Zelensky a refusé, estimant que cette position nuisait aux négociations de paix. Des rapports indiquent que certaines propositions américaines récentes incluraient une reconnaissance tacite du contrôle russe sur la Crimée et d’autres territoires ukrainiens, bien que la Maison-Blanche n’ait pas confirmé ces informations.
Trump a déclaré ne pas favoriser un pays plutôt qu’un autre, cherchant uniquement à conclure un accord. Son vice-président a estimé que continuer à perdre des milliers de soldats américains pour quelques kilomètres carrés de territoire était insoutenable.
Des tensions entre Washington et Kiev
Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a également évoqué la possibilité pour l’Ukraine de devoir temporairement céder des territoires. Joe Biden, quant à lui, s’est dit perplexe devant l’idée que permettre à un « dictateur » et « brute » de s’approprier des terres qui ne lui appartiennent pas puisse le satisfaire.
Il a exprimé sa crainte que certains pays de l’OTAN, frontaliers de la Russie, finissent par considérer nécessaire de faire des concessions à Poutine si l’Ukraine devait, à terme, renoncer à certains territoires.
Biden a également rappelé que Trump s’était opposé au maintien du niveau de soutien militaire américain à l’Ukraine instauré sous son administration, affirmant que le président ukrainien Zelensky avait « manipulé Biden à outrance ».
Critiques sur la gestion de la défense européenne
Joe Biden a pointé du doigt la critique récurrente de Trump et de ses principaux conseillers envers les pays européens, leur reprochant de ne pas assez investir dans leur défense et de dépendre excessivement du soutien américain. Pourtant, selon l’institut de recherche de Kiel en Allemagne, bien que les États-Unis restent le principal donateur individuel à l’Ukraine, les pays européens ont collectivement dépensé davantage pour apporter leur aide à Kiev.
« Je ne comprends pas comment ils peuvent ignorer la force des alliances. Elles nous apportent beaucoup d’avantages, notamment financiers. »
Un regard sur le bilan de Trump et ses cent premiers jours
Interrogé sur les cent premiers jours de la présidence Trump, marqués par de nombreuses mesures exécutives et des réductions significatives dans les dépenses fédérales, Biden a opposé cette période à son propre mandat, soulignant que lorsque lui-même quittait la Maison-Blanche en janvier, l’économie américaine était en croissance, le marché boursier en forte hausse, et les États-Unis étendaient leur influence mondiale de manière positive.
De son côté, Trump affirme mener une réforme nécessaire des relations internationales des États-Unis, axée sur un rééquilibrage commercial, le contrôle de l’immigration illégale et l’amélioration de l’efficacité gouvernementale. Lorsqu’on lui a demandé son avis sur un éventuel second mandat de Trump, Biden a répondu : « Je laisserai l’Histoire en juger. Je ne vois aucun signe de victoire pour l’instant. »