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De nombreux élèves éprouvent une tension liée aux mathématiques, mais qu’en est-il lorsque cette anxiété concerne leurs parents ? Une étude récente réalisée par Kinga Morsanyi, de l’université de Loughborough, et Carlo Tomasetto, de l’université de Bologne, explore comment l’anxiété parentale en mathématiques peut influencer les performances scolaires des enfants, dès la maternelle.
Qu’est-ce que l’anxiété mathématique ?
L’anxiété mathématique se définit comme un sentiment de peur ou de tension face aux chiffres et au calcul. Ce phénomène est très répandu : selon un rapport de l’OCDE, environ 40 % des élèves ressentent nervosité ou impuissance lorsqu’ils doivent résoudre des problèmes ou effectuer des devoirs impliquant des mathématiques.
Cette anxiété peut s’observer dès les premières années de l’école primaire et impacte non seulement les résultats scolaires, mais aussi l’apprentissage global des mathématiques. Néanmoins, les causes profondes de cette peur restent encore peu comprises.
Le rôle des parents dans l’anxiété mathématique
Pour mieux comprendre l’influence parentale, les chercheurs ont suivi 126 enfants italiens de 3 à 8 ans, évaluant régulièrement leurs compétences en mathématiques ainsi que leur anxiété face à cette discipline. L’anxiété mathématique chez les parents a également été mesurée en début d’étude.
Il apparaît que la présence d’une forte anxiété mathématique chez les parents ne conduit pas directement à ce que l’enfant développe la même peur. Cette observation diffère des tendances générales liées à l’anxiété, où un parent anxieux augmente souvent le risque de troubles anxieux chez l’enfant.
Cependant, un constat majeur s’est imposé : plus les parents éprouvent de l’angoisse face aux mathématiques, plus leurs enfants présentent des résultats scolaires inférieurs dans cette matière. Dès la maternelle, on observe que les enfants de parents anxieux ont des capacités élémentaires de calcul moins développées, un retard qui persiste jusqu’à l’âge de huit ans.
École versus influences parentales
Ces résultats sont surprenants, car on pourrait penser que l’impact de l’école prime largement sur celui des parents dans l’apprentissage des mathématiques. Pourtant, même après avoir pris en compte le niveau d’éducation des parents, la corrélation entre anxiété parentale et faibles compétences mathématiques chez l’enfant reste significative. Le faible niveau d’éducation générale ne suffit donc pas à expliquer ces performances plus modestes.
Ces données suggèrent que l’approche émotionnelle des parents vis-à-vis des mathématiques joue un rôle clé dans le développement des compétences de leurs enfants.
Implications pour l’apprentissage et l’accompagnement des enfants
Dans le domaine de l’apprentissage linguistique, il est avéré que l’implication parentale dans des activités comme la lecture ou la narration améliore nettement les résultats des enfants. En revanche, pour les mathématiques, les résultats sont plus nuancés.
Les activités partagées autour des chiffres, telles que compter, jouer à des jeux de société ou cuisiner, favorisent certes les progrès initiaux, mais cet effet reste limité et parfois contradictoire selon les études.
Dans certains cas, l’aide parentale peut même être préjudiciable. Une recherche américaine antérieure a montré que les enfants de parents anxieux en mathématiques, lorsqu’ils sont aidés pour leurs devoirs, progressent moins et deviennent plus anxieux eux-mêmes.
Surmonter l’anxiété mathématique parentale
Cette étude souligne que l’influence parentale peut avoir un impact négatif sur les compétences mathématiques des enfants avant même leur entrée à l’école. Toutefois, cette influence n’est qu’un élément parmi d’autres, notamment les différences entre frères et sœurs ou des troubles spécifiques comme la dyscalculie.
Pour les parents concernés par leur propre anxiété mathématique, il existe des solutions pour renforcer leur confiance et leurs compétences. Des cours pour adultes et de nombreuses ressources gratuites en ligne permettent d’améliorer le calcul et la numératie.
Adopter une « mentalité de croissance » (growth mindset) peut aussi aider : reconnaître que faire des erreurs en mathématiques n’est pas un échec mais une étape essentielle de l’apprentissage encourage un rapport plus sain à la discipline.
Enfin, parler des mathématiques de façon positive, témoigner d’intérêt et d’enthousiasme, ainsi que soutenir les efforts des enfants dès leurs premières découvertes, favorise un meilleur développement de leurs aptitudes.