Home Actualité Turquie et crise au Moyen-Orient : Gaza, Syrie et stabilité régionale

Turquie et crise au Moyen-Orient : Gaza, Syrie et stabilité régionale

by Sara
Turquie et crise au Moyen-Orient : Gaza, Syrie et stabilité régionale
Turquie, Syrie, Israël, Palestine, Arabie Saoudite, États-Unis

Le vice-président turc, Fuat Oktay, a déclaré que le gouvernement israélien dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu cherche à créer une zone d’instabilité dans la région, tandis que le véritable devoir consiste à bâtir un environnement stable au Moyen-Orient. Il a souligné que cette administration ne reconnaît aucune limite morale ni juridique dans son agression.

Dans une interview exclusive avec Al Jazeera Net, Fuat Oktay a qualifié la situation actuelle dans la bande de Gaza d’inhumaine, rappelant que les crimes commis par Israël se déroulent sous les yeux du monde entier. Concernant la Syrie, il a indiqué que le peuple syrien a payé un lourd tribut aux conflits et mérite désormais un environnement stable et sûr, objectif pour lequel la Turquie déploie tous ses efforts.

Relations turco-syriennes et enjeux régionaux

Lors de l’entretien, Fuat Oktay a indiqué que la Syrie est un pays d’une importance capitale pour la Turquie, en raison de leur frontière commune de plus de 900 kilomètres. Tout événement, positif ou négatif, y affecte directement la Turquie. La révolution syrienne a mis fin à plus de 60 ans de dictature, et le pays entre désormais dans une nouvelle phase. La Turquie mise sur la confiance, la stabilité, l’unité territoriale et la protection de la souveraineté syrienne dans cette période cruciale.

Pour assurer la stabilité, la Turquie insiste sur l’instauration d’un gouvernement inclusif représentant toutes les composantes de la société syrienne. Elle souligne également la nécessité d’une reconstruction complète du pays, englobant à la fois les infrastructures physiques et les institutions, ainsi que la réforme des cadres légaux et économiques. La Turquie a exprimé sa solidarité et sa volonté de partager son expertise pour accompagner ce processus.

« La stabilité et la prospérité retrouvées en Syrie bénéficieraient non seulement au peuple syrien, mais aussi à toute la région, y compris à la Turquie », a insisté le vice-président.

Conflits d’influence : Turquie et Israël en Syrie

Tandis que la Turquie soutient la réunification et l’intégrité de la Syrie, elle dénonce l’attitude d’Israël, qu’elle accuse de violer les frontières en perturbant la stabilité et en entravant les efforts de reconstruction. Ces actions, selon Fuat Oktay, représentent une violation du droit international et des droits du peuple syrien.

La Turquie déplore également que le gouvernement Netanyahu exploite le chaos pour ses propres intérêts, créant volontairement un environnement instable dans la région. Elle appelle à l’arrêt de ces agressions et à la promotion d’un climat de paix, s’appuyant sur un engagement continu avec la communauté internationale pour mettre fin à ces pratiques.

L’avenir des Unités de protection du peuple (YPG) en Syrie

Fuat Oktay a rappelé l’existence d’un accord entre le gouvernement syrien à Damas et les Forces démocratiques syriennes (FDS), et a insisté sur la nécessité pour toutes les régions, y compris celles contrôlées par les FDS, de revenir sous l’autorité centrale syrienne, regroupant toutes les composantes ethniques et confessionnelles dans un cadre de citoyenneté égalitaire.

Il a précisé que la nouvelle Syrie devra intégrer Tuts sunnites, alaouites, musulmans, chrétiens, druzes, kurdes, turkmènes et arabes dans une gouvernance unifiée et inclusive. Toute autre voie risquerait de menacer l’unité du pays et d’ouvrir la porte à des ingérences extérieures.

Le processus de rédaction d’une nouvelle constitution est une étape cruciale, devant s’effectuer dans un esprit participatif et aboutir à la consolidation du pouvoir central et des institutions.

Rôle d’Israël dans la persistance des divisions syriennes

Le vice-président turc n’exclut pas que certaines forces, notamment Israël, profitent du maintien des divisions internes en Syrie pour justifier leurs interventions. Toutefois, il souligne que cette stratégie nuit à tous, y compris au peuple syrien et aux différentes communautés ethniques.

La Turquie privilégie une approche fondée sur les besoins réels et les aspirations légitimes du peuple syrien, convaincue que celui-ci saura surmonter les obstacles grâce à sa cohésion.

Rencontre quadripartite à Riyad entre Turquie, Arabie Saoudite, États-Unis et Syrie

Le récent sommet à Riyad, qui a réuni le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le président syrien Ahmed Charqi (en visite surprise en Turquie), le président américain Donald Trump, et le président turc Recep Tayyip Erdogan (via visioconférence), a suscité un vif intérêt.

Fuat Oktay a évoqué une collaboration solide entre Trump et Erdogan, avec un dialogue constructif visant à améliorer les relations bilatérales et régionales. Le sommet a inclus une revue collective de la situation au Moyen-Orient, notamment sur la levée des sanctions contre la Syrie, recommandée par Erdogan et soutenue par l’Arabie Saoudite.

Cette rencontre illustre un exemple important de coopération entre la Turquie et l’Arabie Saoudite, soulignant leur volonté commune d’œuvrer pour la stabilité régionale.

Coordination régionale pour la reconstruction de la Syrie

La levée progressive des sanctions ouvre la voie à une accélération de la reconstruction syrienne. La Turquie entretient un dialogue actif avec plusieurs pays de la région pour promouvoir un climat d’investissement favorable, essentiel à la reprise économique et à la sécurité durable.

L’investissement doit être coordonné au niveau logistique, financier et opérationnel, pour lever les obstacles créés par les sanctions, et permettre aux entreprises, locales et étrangères, d’œuvrer pleinement sur le terrain.

La diaspora syrienne, notamment en Turquie et dans les pays voisins, est également un acteur clé dans ce processus, avec son esprit d’initiative et son dynamisme entrepreneurial. Les soutiens européens et américains à la levée des sanctions sont perçus comme positifs pour l’amélioration des conditions économiques et sécuritaires.

Projet « Turquie sans terrorisme » : un levier régional

Le projet « Turquie sans terrorisme » est capital pour la sécurité nationale et la stabilité du Moyen-Orient, touchant directement la Syrie, l’Irak et l’Iran. Il vise le démantèlement du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), la cessation de son activité armée et la réduction de l’agenda terroriste.

Cette démarche est également porteuse d’espoir pour le développement démocratique et civique, en ouvrant l’espace politique aux moyens pacifiques et démocratiques, substituant aux violences une culture de dialogue et de coopération.

Une telle approche témoigne de la capacité régionale à résoudre ses propres conflits sans ingérence extérieure, et présente un espoir pour la paix durable dans la région.

Mise en œuvre de la fin du conflit armé

Suite à l’annonce par le PKK de son auto-dissolution et de la remise des armes, la Turquie met en place des mécanismes de suivi, avec la participation des services de renseignement et des forces de sécurité, pour contrôler le processus de manière rigoureuse.

Les missions diplomatiques et institutions concernées surveillent étroitement l’application de cette décision historique, en attendant des avancées tangibles sur le terrain pour ouvrir un nouveau chapitre.

Situation économique et perspectives en Turquie

Malgré des défis ponctuels liés à des investigations sur des affaires de corruption et une conjoncture internationale incertaine, notamment avec les tensions commerciales mondiales, la Turquie reste déterminée à poursuivre son programme économique moyen terme.

Le programme repose sur quatre piliers :

  • La stabilité des prix avec la lutte contre l’inflation
  • Une croissance équilibrée et durable assurant l’emploi
  • Un bien-être social permanent grâce à des politiques protectrices
  • La reconstruction des zones sinistrées par le récent séisme

La Turquie consacre un budget annuel moyen de 35 milliards de dollars à la reconstruction, visant à livrer 450 000 logements d’ici la fin de l’année. Elle investit également dans les infrastructures routières, sanitaires et éducatives pour bâtir des villes plus sûres et résilientes.

Relations commerciales et diplomatiques régionales

La Turquie a renforcé ses relations politiques et économiques avec de nombreux pays du Moyen-Orient, notamment avec l’Arabie Saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis. Ces relations solides favorisent une augmentation des investissements, soutenue par les nouvelles politiques économiques turques.

La relation turco-qatari est particulièrement étroite, marquée par un sentiment profond de solidarité et d’intérêts stratégiques communs, notamment lors de la solidarité exprimée après le séisme.

Relations Turquie-États-Unis et coopération avec la Russie

Malgré certaines tensions historiques, la Turquie espère progresser dans la levée des sanctions grâce au climat positif instauré avec la nouvelle administration américaine. Les liens forts au sein de l’OTAN et les intérêts économiques mutuels ouvrent la voie à un partenariat renforcé.

Un objectif commun a été fixé pour porter le volume des échanges commerciaux à 100 milliards de dollars, objectif réaliste selon Fuat Oktay. La diplomatie continue de jouer un rôle clé dans la gestion des différends et l’approfondissement des relations bilatérales. Par ailleurs, la coopération avec la Russie reste un axe important dans la nouvelle configuration géopolitique régionale.

Crise à Gaza : appel à la solidarité internationale

Le vice-président turc a dénoncé les crimes contre l’humanité perpétrés par Israël dans la bande de Gaza, qualifiant la situation de tragédie humanitaire majeure. La Turquie se tient aux côtés du peuple palestinien, multipliant les actions diplomatiques et humanitaires.

Elle a suspendu tous les échanges commerciaux avec Israël et exerce une pression diplomatique multilatérale, notamment auprès des États-Unis, de l’Union européenne et des pays voisins, pour faire cesser les massacres.

Fuat Oktay a appelé les pays islamiques à adopter une position unie, un discours commun et des actions coordonnées, pour traduire leur unité et leur puissance afin d’arrêter la tragédie à Gaza au plus vite.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/5/26/%d8%ac%d9%88%d8%af%d8%aa-%d9%8a%d9%84%d9%85%d8%a7%d8%b2-%d9%86%d8%a7%d8%a6%d8%a8-%d8%a7%d9%84%d8%b1%d8%a6%d9%8a%d8%b3-%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%b1%d9%83%d9%8a-%d9%84%d9%84%d8%ac%d8%b2%d9%8a%d8%b1%d8%a9

You may also like

Leave a Comment

Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés