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EU et Tunisie : enjeux migratoires et droits humains en question

by Sara
EU et Tunisie : enjeux migratoires et droits humains en question
France

La politique migratoire de l’Union européenne (UE) vis-à-vis de la Tunisie soulève des interrogations majeures quant aux droits humains. L’UE a investi près de 100 millions d’euros pour limiter l’immigration en provenance de ce pays, une initiative qui semble porter ses fruits, mais qui, selon les critiques, se fait au détriment des droits fondamentaux.

Des camps de migrants évacués

Depuis le printemps, les autorités tunisiennes ont démantelé plusieurs camps improvisés près de la ville portuaire de Sfax, située à environ 200 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa. Ces camps abritaient auparavant des milliers de migrants originaires de pays d’Afrique subsaharienne, vivant dans des conditions précaires, sous des bâches en plastique, sans accès à des toilettes ni à de l’eau potable.

Parmi eux se trouvait Omar Cissé, un migrant malien, qui a déclaré : « Quand nous sommes en ville, nous rencontrons des problèmes, ici dans ce chaos, nous avons des problèmes. Où voulez-vous que nous allions ? Laissez-nous partir ! Notre destination est l’Italie. »

Atteindre l’Italie et, par extension, l’Europe, est devenu un rêve de plus en plus inaccessible pour de nombreux migrants, car la Tunisie est chargée de les empêcher de faire cette traversée dangereuse, agissant ainsi au nom de l’UE.

Migrants devant leurs abris à Sfax, Tunisie (avril 2024)

Les implications financières de l’accord

Actuellement, environ 11 000 réfugiés et demandeurs d’asile sont officiellement enregistrés en Tunisie selon l’UNHCR. Nombre d’entre eux sont originaires de pays tels que la Somalie, le Soudan ou le Cameroun. Cependant, il est probable que le nombre réel soit considérablement plus élevé, car beaucoup de migrants choisissent de ne pas s’enregistrer.

Il y a deux ans, le président tunisien Kais Saied a signé un accord migratoire avec l’UE, d’une valeur d’environ 100 millions d’euros, destiné à des contrôles frontaliers et à des expulsions.

Une position ferme sur l’immigration

Le président Saied a affirmé : « Cette immigration est une action de déplacement, et non une immigration ordinaire. Elle est surveillée par des réseaux criminels impliqués dans le trafic de personnes et d’organes. Nous sommes Africains et fiers de notre appartenance à l’Afrique. Mais nous refusons d’être un pays de transit ou de peuplement. »

Des voix critiques estiment que cet accord avec l’UE sert avant tout à détourner l’attention des problèmes intérieurs. Des déclarations comme celles-ci pourraient attiser les ressentiments racistes dans la société, selon le sociologue Zouheir Ben Jannet de l’Université de Sfax.

Les migrants, victimes des politiques

Ben Jannet a récemment publié une étude exhaustive réalisée par l’ONG FTDES sur la situation des réfugiés en Tunisie. Cette étude vise à s’éloigner des récits alarmistes qui évoquent un afflux massif, un changement démographique ou une conspiration internationale.

Il déclare : « Cela n’a rien à voir avec la réalité. La réalité est que les migrants sont victimes des politiques de leurs pays d’origine et d’une politique internationale qui méprise les droits des peuples, les droits humains et le droit à la libre circulation. »

Violations des droits humains

Selon la Commission européenne, environ 80 % de moins de personnes ont réussi à accéder à l’UE en provenance de Tunisie l’année dernière par rapport à l’année précédente. Dans ce sens, l’UE a réussi à atteindre ses objectifs.

Cependant, cette diminution a un revers : de nombreuses violations des droits humains ont été documentées, impliquant des forces sécuritaires tunisiennes, y compris la torture et l’abandon de migrants dans le désert. Cette situation est, selon l’étude actuelle, une conséquence de la politique migratoire européenne.

Appels à la cessation des financements

Yasmine Akrimi, politologue à Bruxelles et co-auteur de l’étude, affirme : « Ce que fait actuellement l’Europe, c’est non seulement délocaliser ses frontières, mais aussi transférer des pratiques inhumaines. » Une politique inhumaine est externalisée au bénéfice de l’Union européenne et de ses États membres, mais mise en œuvre par les gouvernements de l’Afrique du Nord.

En réponse, l’UE a indiqué que les futurs financements pour la gestion des migrations vers les pays du Maghreb comme la Tunisie ne seront octroyés que si les droits humains sont respectés. Certains exigent même l’arrêt de tous les paiements jusqu’à ce que la situation des droits humains s’améliore.

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