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Se lancer dans la fabrication de vélos ? De nombreuses start-up françaises ont fait ce choix ces dernières années, notamment en raison de l’engouement croissant des Français pour la bicyclette depuis la pandémie de Covid. Parmi elles, les Ateliers Gonnel, basés à La Rochelle, se distinguent par leur audace : ils fabriquent des vélos en bois. Un défi technologique qui semble porter ses fruits, même si les prix sont relativement élevés. Nous avons interrogé Guillaume Bolzec, l’un des trois ingénieurs à l’origine de ce projet.
Comment sont nés les Ateliers Gonnel ?
Nous sommes trois ingénieurs : Benjamin (Boissier), Bruno (Merelle) et moi-même. Benjamin, le fondateur, possède une expérience dans les industries horlogères suisses, ainsi que dans la fabrication de trimarans de plaisance. C’est dans ce contexte qu’il a découvert l’art de combiner différents matériaux à travers diverses techniques industrielles, comme pour des skis ou des arcs qui utilisent une association de bois et de fibre de carbone.
Le bois sur un vélo, c’est vraiment nouveau ?
Bien que le bois ait déjà été utilisé dans la conception de vélos, l’association avec le carbone est une innovation. Nous avons déposé un brevet pour des cadres monoblocs, multimatériaux, sans usinage post-démoulage. Ce processus implique de la découpe numérique, un positionnement manuel et un moulage. Chaque vélo est une pièce unique, car les nervures du bois varient d’un modèle à l’autre.
Quel bois utilisez-vous ?
Pour nos vélos de route, nous utilisons du peuplier bio sourcé et français, qui est léger, mais qui nécessite le renforcement du carbone pour plus de rigidité. Nos vélos gravel, destinés à des surfaces mixtes, sont fabriqués en frêne français, un bois plus dense et résistant, idéal pour résister aux impacts de gravillons.
Il est également intéressant de noter que les lignes noires sur le cadre, souvent perçues comme des nervures de bois, sont en réalité de la fibre de carbone intégrée entre les couches de bois, suivant le principe du lamellé-collé.
Quel est l’avantage du bois sur un vélo ?
En tant qu’ingénieurs, notre choix d’utiliser le bois ne repose pas sur l’esthétique, mais sur ses propriétés techniques. Contrairement au carbone, qui est léger et réactif, le bois a la capacité d’absorber les vibrations, ce qui est très apprécié par les cyclistes. En effet, le carbone, bien qu’efficace, ne possède aucune capacité d’absorption des chocs.
Qui sont vos clients ?
Nos clients ne sont pas nécessairement des professionnels de la performance, comme les coureurs de haut niveau, mais plutôt des passionnés qui recherchent une expérience de conduite plus agréable. Environ 50 % de nos clients aiment le vélo sans être des athlètes. Ils sont attirés par le côté bois, l’aspect écologique et le design unique de nos modèles.
Que proposez-vous comme équipement autour de vos cadres ?
Nous personnalisons nos vélos en fonction des demandes, quel que soit le type de composants. Les clients peuvent même choisir une teinte différente pour le cadre ou demander des gravures personnalisées. Nous avons eu un client qui a souhaité faire graver « Hakuna Matata » en hommage à son voilier, ce qui montre la diversité des personnalisations possibles.
Nos prix varient de 5.000 à 13.000 euros, selon les options de personnalisation et d’équipement, les cadres de base étant disponibles à partir de 3.600 euros.
Pourquoi la fourche n’est-elle pas en bois ?
Physiquement, il y a des limites à l’utilisation du bois, notamment pour la fourche, qui est en carbone pour des raisons de résistance. Une éventuelle évolution pourrait inclure un cintre en bois, mais notre priorité est de garantir l’efficacité de nos vélos.
Et sont-ils fragiles ?
Au contraire, nos vélos sont robustes. En cas de chute, ils sont moins susceptibles de se briser qu’un cadre en carbone traditionnel. C’est comparable à la différence entre du parquet et du carrelage : le bois peut se marquer mais reste intact, alors que le carbone peut se fissurer. De plus, nos cadres ont été homologués par un laboratoire de tests, offrant ainsi une garantie de 5 ans aux clients.
Comment voyez-vous l’avenir des Ateliers Gonnel ?
Nous avons déjà vendu une cinquantaine de vélos, conforme à nos prévisions initiales. Nous espérons doubler nos ventes chaque année et atteindre l’objectif de 500 vélos sur cinq ans. Nous prévoyons également de lancer une nouvelle gamme de « randonneuses » pour l’été 2026, avec des modèles plus accessibles aux alentours de 3.500 euros, suivis d’une version électrique.