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Le cancer du sein continue de se propager à l’échelle mondiale et demeure la première cause de cancer chez les femmes dans 157 pays sur 185, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2022. Cette année-là, on dénombrait 2,3 millions de nouveaux cas et 670 000 décès liés à cette maladie. Le Dr Joanne Kim, chercheuse au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), alertait récemment que « chaque minute, quatre femmes sont diagnostiquées avec un cancer du sein dans le monde et une femme décède de cette maladie », une tendance qui ne cesse de s’aggraver.
Parmi les facteurs de risque identifiés pour le développement du cancer du sein figurent notamment la contraception hormonale, la consommation d’alcool, la sédentarité ainsi que le surpoids. Une nouvelle étude publiée dans The Journal of Internal Medicine révèle que chez les survivantes du cancer du sein, la présence d’un syndrome métabolique accroît considérablement le risque de récidive et de mortalité.
Définition et impact du syndrome métabolique
Le syndrome métabolique, selon l’American Heart Association, se caractérise par un ensemble de troubles : un tour de taille important lié à un excès de tissu adipeux abdominal (plus de 89 cm chez les femmes), une hypertension artérielle, une glycémie à jeun anormale ou une résistance à l’insuline, des triglycérides élevés et un faible taux de lipoprotéines de haute densité (HDL), le « bon » cholestérol.
Ce syndrome contribue non seulement à augmenter les risques cardiovasculaires mais joue également un rôle majeur dans l’évolution du cancer du sein chez les patientes concernées.
Risque accru de récidive et de mortalité chez les survivantes
Les chercheurs ont analysé les données provenant de 42 135 survivantes du cancer du sein en appliquant une modélisation statistique avancée. Leurs résultats montrent que les femmes présentant un syndrome métabolique au moment de leur diagnostic ont un risque de récidive du cancer augmenté de 69 % ainsi qu’un risque de mortalité dépassant 83 %, comparativement aux survivantes sans ce syndrome.
De plus, ces patientes sont 57 % plus susceptibles de subir un événement lié au cancer du sein, qu’il s’agisse d’une récidive, d’un nouveau cancer ou d’un décès au cours du suivi médical.
Explications biologiques du lien entre syndrome métabolique et cancer du sein
Selon les chercheurs, plusieurs mécanismes peuvent expliquer cette association préoccupante :
- L’excès de graisse corporelle favorise une élévation des taux d’œstrogènes circulants, stimulant ainsi la prolifération des cellules cancéreuses du sein.
- L’adiposité modifie le microenvironnement tumoral, ce qui facilite la formation de métastases et la propagation du cancer.
- L’inflammation systémique chronique, caractéristique du syndrome métabolique, contribue à la progression tumorale en renforçant la survie des cellules cancéreuses et en affaiblissant la surveillance immunitaire naturelle.
Les auteurs précisent qu’il est probable que ces phénomènes complexes s’entremêlent, principalement sous l’effet des changements moléculaires induits par l’obésité et l’état inflammatoire chronique, ce qui aggrave les résultats cliniques chez les patientes.
Une alerte face à l’augmentation mondiale de l’obésité
Ces conclusions s’ajoutent à une inquiétude mondiale grandissante : l’obésité est en constante progression. Aujourd’hui, plus de 650 millions de personnes sont obèses, et 1,9 milliard en surpoids dans le monde selon l’OMS. Une étude récente publiée dans The Lancet estime qu’en l’absence de mesures gouvernementales efficaces, 60 % des adultes et un tiers des enfants et adolescents pourraient être concernés par cette maladie chronique d’ici 2050.
Les pronostics sur le cancer du sein sont également préoccupants. Si les tendances actuelles persistent, on prévoit d’ici 2050 une augmentation à 3,2 millions de nouveaux cas annuels et 1,1 million de décès liés, soit une hausse respective de 38 % et 68 % par rapport à aujourd’hui.