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Depuis le 17 juin, la présentation d’une carte Vitale — physique ou dématérialisée — est exigée pour bénéficier du tiers payant en pharmacie, une mesure qui suscite des inquiétudes chez des acteurs de santé quant à l’accès aux soins des publics les plus précaires.
Carte Vitale imposée en pharmacie : alertes des PASS et de la Fédération Addiction
Les coordinateurs des permanences d’accès aux soins de santé (PASS) et la Fédération Addiction ont exprimé leur préoccupation après la décision de l’Assurance‑maladie de rendre obligatoire la carte Vitale pour le tiers payant en officine, quel que soit le médicament. Dans une lettre adressée fin juillet à la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, ces acteurs préviennent d’un risque d’interruption des soins pour des patients qui pourraient être contraints d’avancer les frais avant le remboursement.
Selon les signataires de la lettre, la nécessité d’avancer le coût des traitements avant remboursement pourrait conduire certains patients à renoncer à leurs médicaments. La crainte est particulièrement vive pour les personnes atteintes de maladies chroniques nécessitant une administration régulière de traitements, notamment le VIH, le diabète et l’insuffisance cardiaque.
La Fédération Addiction se joint à ces alertes, soulignant que la nouvelle exigence risque d’accroître la vulnérabilité de publics déjà fragilisés et de compliquer l’accès aux soins de première nécessité.
Pression attendue sur les PASS et rôle des pharmacies hospitalières
Les PASS, initialement destinées à accompagner les personnes sans couverture ou en attente de droits, redoutent une forte hausse de fréquentation. Déjà très sollicitées, ces structures craignent de ne pas pouvoir absorber un afflux supplémentaire de patients privés de tiers payant.
En lien avec les pharmacies hospitalières, les PASS sont habilitées à délivrer des médicaments à des patients non suivis à l’hôpital ou sans droits ouverts. Les coordinateurs s’inquiètent que cette organisation soit mise à l’épreuve si des patients se présentent massivement après avoir été refusés en officine faute de carte Vitale.
La lettre adressée à la ministre Catherine Vautrin demande implicitement des clarifications ou des mesures d’accompagnement pour éviter une rupture d’accès aux traitements pour les personnes vulnérables. Les signataires insistent sur la nécessité de préserver des dispositifs permettant la continuité des soins pour les publics sans couverture ou en situation administrative fragile.
Conséquences pour les patients et contraintes pratiques
La suppression effective du tiers payant en l’absence de carte Vitale signifie que le patient doit avancer la totalité du coût du médicament puis attendre le remboursement par l’Assurance‑maladie. Pour des traitements indispensables et répétitifs, ce mécanisme représente un obstacle financier et organisationnel susceptible d’entraîner des interruptions de traitement.
Les PASS et la Fédération Addiction mettent en garde contre une double conséquence : d’une part, des patients renoncent aux soins pour des raisons financières ; d’autre part, la charge sur les structures d’aide augmente, sans qu’un renfort de moyens ne soit mentionné dans la correspondance transmise à la ministre.
Sur le terrain, pharmaciens, équipes hospitalières et associations devront gérer les situations de patients sans carte Vitale, en tenant compte des dispositions légales et des possibilités locales de dispensation via les PASS et pharmacies hospitalières.
Prochaines étapes évoquées par les signataires
Les coordinateurs des PASS ont formalisé leurs inquiétudes par écrit à la ministre fin juillet, appelant à des réponses pour garantir l’accès aux soins des personnes vulnérables. La lettre souligne la nécessité d’aménagements opérationnels afin d’éviter que l’exigence de carte Vitale ne devienne un facteur d’exclusion sanitaire.
Les signataires attendent des clarifications sur la mise en œuvre pratique de l’obligation et sur les solutions de substitution pour les patients dépourvus de droits ou de justificatif, sans que d’autres détails ou mesures n’aient été mentionnés dans le document rendu public.